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Libération du corps

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Dans deux semaines, je serai sur une plage du Panama à me la couler douce. Je suis contente de dire que le fait de devoir me mettre en maillot de bain, tenue assez peu magnanime s’il en est et d’exhiber ma peau blafarde (pardon, d’albâtre) ne me pose plus autant de problèmes qu’il y a une dizaine d’années. Ce qui ne veut pas dire que je sois entièrement libérée du poids des regards et de la pression qui entoure l’image idéale de la femme, image complètement inatteignable.

La perspective de devoir se mettre en maillot de bain fait vendre des milliers de magazines féminins tous les ans aux alentours du printemps. Si vous les lisez, vous vous rendez rapidement compte que les vacances à la plage ne sont plus un plaisir, mais une véritable épreuve dont peu de femmes sortent indemnes.

Entre les exercices à faire trois mois avant pour raffermir des fesses, faire disparaître le bourrelet de trop, les gommages et les exfoliations pour « préparer au bronzage », l’auto-bronzant pour donner l’illusion qu’on n’a pas vécu dans une grotte pendant 9 mois, les maillots de bain flatteurs selon les silhouettes qu’il faut bien sûr acheter, les paréos, les sacs, les lunettes de soleil, les chapeaux, les huiles pour les cheveux indispensables pour toute femme qui se respecte, ces deux pauvres semaines de vacances se transforment en quête de perfection et en un allègement certain du porte-monnaie. N’oublions pas qu’il s’agit de vacances, le moment de l’année où on est censé se relaxer, oublier le train-train quotidien, mettre les doigts de pied en éventail et siffler des cocktails à 14h00 de l’après-midi, à l’ombre d’un parasol.

Mais rien n’est simple pour une femme. Il ne s’agit pas simplement de profiter du soleil et de la mer : il faut le faire avec un corps parfait, sans aucun poil, avec des cheveux bien nourris, une peau scintillante et une pédicure parfaite. Si vous ne répondez pas à ces critères, vous n’êtes pas une femme et vous vous soumettez au jugement des autres. Enfin, c’est ce qu’on veut nous faire croire. Ça m’a pris plusieurs années, je l’avoue, mais aujourd’hui je me fous bien de savoir si ma voisine de serviette est épilée, je me contrefous qu’elle soit ridée, que ses seins tombent ou que son ventre soit flasque. Je me fous même du moule-burnes de mon voisin de plage, de son ventre Heineken ou de ses trois poils sur le caillou. Leurs silhouettes « hors normes » (entendez, normales) ne m’agressent pas. Tant qu’eux ou leur progéniture ne hurlent pas dans mes oreilles, ils peuvent exhiber tout le gras et tous les poils qu’ils veulent, je m’en tape.

De la même façon, je me fous que mes pieds soient dans un sale état à cause du roller derby. Je me fous d’avoir des bleus aux cuisses, aux tibias, des rougeurs sur des jambes d’un blanc quasi fluorescent. Je refuse de complexer parce que je ne me suis pas épilée le maillot ou que j’ai du ventre et je ne m’affamerai pas pour avoir un « corps prêt pour le bikini ». Mon corps est prêt pour le bikini à partir du moment où j’en enfile un, de bikini.

Je ne dis pas que je ne vais pas me regarder dans la glace en soupirant quand je serai en maillot de bain, ni que je n’aurais pas envie de cacher mes pieds dans le sable. Je vais même sûrement un peu obséder sur ma cellulite. Ce n’est pas facile de se libérer de cette idée de corps lisse et jeune, quand il s’agit de la seule référence acceptée. Mais je sais que la seule chose qui m’inquiète réellement à l’approche de ces vacances, ce sont les coups de soleil et les piqûres de moustiques. Tout le reste est accessoire.


Adieu veau, vache, cochon (et tous les autres) !

Eat-No-MeatÇa faisait plusieurs mois que l’idée me trottait dans la tête, plusieurs semaines que j’y pensais sérieusement à chaque fois que je préparais à manger, plusieurs jours que j’ai pris la décision sans vraiment oser le dire à voix haute, voilà enfin que je l’écris : j’ai décidé de ne plus manger de viande ni de poisson. Je suis devenue végétarienne.

Pourquoi ?

Je me suis dit que je n’emmerdais pas assez les gens avec mon féminisme, il fallait que je passe à la vitesse supérieure que je les fasse chier aussi avec mon végétarisme. Deux causes mal vues en société valent mieux qu’une, non ? Hiihihihi.

En réalité, c’est le résultat d’un processus de réflexion qui a commencé l’année dernière, en Angleterre, quand je me suis rendu compte que nombre de mes copines de roller derby étaient soit végétariennes, soit carrément végétaliennes. Ma première réaction a été celle de beaucoup de gens, je crois : « Quoi, me passer de viande et de charcuterie ? Impossible, j’aime trop ça, vas-y, ressers-moi de cette délicieuse cottage pie ! »

Mais je me disais souvent que quand même, la viande c’est peut-être bon, mais qu’on en surconsommait et qu’en plus, elle était issue d’animaux maltraités et tués dans des conditions effroyables. Pourtant, je faisais déjà comme beaucoup d’autres personnes : je ne consommais que de la viande « bio », plus chère, mais issue d’élevages « éthiques », me disait-on, où les animaux voient la lumière du jour et mangent de la bonne herbe. Sauf que je savais pertinemment que toutes ces étiquettes « free range », « organic » n’étaient que des mensonges. La viande est peut-être moins bourrée de saloperies, mais le fait qu’il n’existe pas de manière « éthique » d’élever à la chaîne des animaux et de les tuer, aussi écolo que l’on veuille bien être.
Alors, j’ai commencé à en manger beaucoup moins et je me disais que ça suffisait, que je faisais ma part pour l’écologie et le bien-être des animaux. Un peu.

Le truc avec la consommation de viande, c’est qu’on oublie facilement qu’on mange des animaux qui ont été vivants à un moment donné. On se déconnecte complètement de ce qu’on a dans nos assiettes : quand on mange une escalope de veau, on ne voit pas le petit de la vache en train de téter sa mère, on ne voit que ce morceau de viande « délicieux » que l’on va manger avec des tagliatelles aux poivrons. C’est un mécanisme normal, très répandu et très difficile à combattre. On mange de la viande, on ne mange pas de cadavre.

S’il avait fallu que je tue moi-même les animaux dont je me suis nourrie depuis toutes ces années, que je fasse comme s’ils n’avaient pas peur, je serais devenue végétarienne depuis longtemps, je pense.

Mais je n’étais pas encore tout à fait prête à franchir le pas. Je me trouvais des excuses (j’achète de la viande chez des petits producteurs locaux ! je n’en consomme vraiment pas beaucoup !), je me disais que ce serait trop compliqué à expliquer à tous ceux qui me connaissent ; en fait, j’avais l’impression de trahir ce côté « bon vivant » qui me caractérise bien je crois, celui de la fille qui a toujours bon appétit, qui aime manger, déguster, parler de nourriture. Comme si les deux étaient incompatibles ! Parce que c’est comme ça que l’on présente les végétariens en France, comme des gens qui ne savent pas apprécier les petits plaisirs de la vie, des rabat-joies des agapes. Je continuais cependant à penser sérieusement au végétarisme.

Et puis quelque chose de surprenant m’est arrivé, something has changed within me, something is not the same… La viande et le poisson ne m’ont plus fait autant plaisir qu’avant. Alors, quand je me suis forcée à manger une demi-saucisse, le week-end dernier, quand mes beaux-parents sont venus nous rendre visite et que la mère de Sébastien avait apporté des produits du terroir auvergnat avec elle, j’ai compris que j’avais franchi le pas. J’ai compris que j’étais devenue végétarienne sans même m’en apercevoir.

Quelques jours plus tard, j’ai demandé à Sébastien ce qu’il penserait si je devenais végétarienne et il n’a pas été étonné du tout, il savait que j’y pensais depuis longtemps. Il a très bien pris la nouvelle, mais ça ne devrait pas me surprendre : c’est mon mec et il est génial. Dès que j’ai besoin qu’il me soutienne, il est là. Il se dit juste que nos choix de restaurants vont être un peu limités à Bordeaux et qu’il faudra penser à prévenir les gens qui nous inviteront à manger chez eux, mais il est avec moi à 100 %. Il se fiche bien de manger des plats sans viande le soir et le week-end, même si bien entendu je ne vais pas bannir la viande de notre appartement.

Depuis que j’ai pris ma décision, je me sens vraiment bien, c’est fou. J’ai rempli les placards de la cuisine de légumineux, de riz, de céréales diverses et variées, j’ai fait le plein d’épices, d’houmous. Je vais apprendre de nouvelles recettes, prendre de nouvelles habitudes. Non, la viande ne me manque pas. Non, je ne me sens pas plus fatiguée, au contraire, j’ai l’impression d’avoir plus d’énergie. Je ne considère pas cette décision comme une privation, c’est pour cela que ça se passe bien pour le moment.

Je me rends que je n’ai pas choisi le bon pays pour devenir végétarienne : à Brighton, les restaurants végétariens étaient nombreux et délicieux, et tous les restaurants proposaient au moins une entrée et un plat végétariens dans leurs menus. Sans oublier le magasin Infinity Food, véritable temple de l’alimentation végétarienne et végétalienne. Et puis soyons honnêtes, si j’avais décidé de devenir végétarienne en Angleterre, où 20 % de la population ne consomme déjà plus de viande ni de poisson, ça n’aurait surpris personne. Alors que je pense que je vais avoir droit à quelques « mais enfin ça ne va pas, tu vas avoir des CARENCES de ouf sans toutes ces protéines ! », « et la carotte, tu y penses à la carotte quand tu l’arraches du sol, elle ne souffre pas la carotte elle ? » et à d’autres réflexions qui me donneront l’impression de devoir me justifier. Mais je suis prête, ce n’est pas la première fois qu’on essaiera de me prouver que j’ai tort !

 


Boring life de tous les jours

Nous avons eu de très belles journées à Bordeaux, j’ai mangé deux fois en terrasse le midi et j’ai savouré chaque minute passée à lire mon bouquin au soleil avec une simple veste de printemps sur le dos. Il va de nouveau faire froid dans les prochains jours, mais je suis prête. J’ai fait le plein de chaleur.

De toute façon, je m’en fous, dans un mois je serai au Panama à me la couler douce avec ma copine Itza. J’ai acheté deux maillots de bain, j’ai fait le tri dans mes affaires d’été pour ne sélectionner que les vêtements les plus légers et rien que ça, ça me fait du bien, je me vois déjà en vacances. Sur la plage, un mojito à la main, en train de manger des mangues. Des mangues putain. Je ne crois pas avoir jamais plus envie de mangues qu’en ce moment.

J’ai lu le Bonheur conjugal, de Tahar Ben Jelloun et j’ai enchaîné avec Désolations, de David Vann. Deux livres qui parlent de couples qui se déchirent, d’histoires d’amour qui se désintègrent, de malentendus et de tromperies insupportables. Le week-end dernier j’ai vu Amour, de Michael Haneke. Il va absolument falloir que je lise un truc léger,  une histoire d’amour qui finisse bien, sans personne qui tombe malade, qui meurt, ou qui se suicide. Parce que là, c’est plus possible.

Côté séries, la saison 5 de Southland vient de reprendre et c’est toujours le meilleur copshow à l’antenne. Les nouveautés de la mi-saison ne font pas très envie. Do no harm n’a aucun intérêt, Zero Hour est tout bonnement ridicule, je me suis endormie au bout de 10 minutes de Cult et j’ai détesté The Following, même si apparemment ça s’améliore un peu par la suite. Si j’ai une nouvelle série à conseiller, c’est Banshee. Bon, c’est pas très fin. C’est même carrément brutal et primaire. Y’a de la violence et du sexe en proportion inquiétante et très graphique, mais c’est extrêmement jouissif, en tout cas de mon point de vue. Et il se pourrait que j’aie un problème.

Il reste des valeurs sûres : Enlightened et Girls. Je n’aurais jamais cru pouvoir aimer Girls un jour, mais cette deuxième saison est bien meilleure que la première, plus maîtrisée. Spartacus se débrouille plutôt pas mal avec l’arrivée de César et le nouveau grand méchant Crésus. Bon, comme c’est Spartacus, Crésus est un dieu du krav maga et César ressemble à Jax de Sons of Anarchy, mais bon… Je ne vais pas me plaindre.

Côté roller derby, ça envoie du steak. J’ai des bleus partout, je ne peux dormir ni sur le côté droit, ni sur le côté gauche en raison d’hématomes douloureux sous les hanches. Mais c’est cool, je m’amuse toujours autant.

Le dimanche matin, quand il fait beau, Seb et moi allons patiner au bord de la Garonne et je crois que rien ne me fait plus plaisir.

Un dimanche matin sur patins

Dimanche matin, c’est patins


Le contenu de nos assiettes

J’ai l’impression d’entendre parler de viande de cheval matin, midi et soir aux informations en ce moment. J’écoute Radio France toute la journée et dans tous les flashs info depuis huit jours, on me raconte la même histoire de viande de cheval qui s’est retrouvée, à notre insu, dans des plats préparés.

Le fait que notre système économique de libre échange favorise les pratiques frauduleuses en matière d’alimentation et qu’on se retrouve à manger des plats dont on ignore absolument tout de la composition devrait quand même nous faire réfléchir. Le scandale de la vache folle n’est pas très loin et pourtant, voilà qu’on autorise l’utilisation de farine animale pour les poissons. Seriously. Le nombre de cancers est en augmentation constante depuis des années, en particulier chez les enfants, les hommes sont de plus en plus infertiles et personne ne se demande s’il n’y aurait pas un rapport avec ce que l’on mange tous les jours ?

Pour en revenir à l’hippophagie, il est intéressant de dire qu’en Angleterre, manger du cheval (ou du lapin d’ailleurs) est tabou. D’ailleurs, seuls mes amis français sur Facebook ont fait des blagues sur le fait que le cheval, c’était le meilleur ami de l’homme, surtout dans son assiette, ah ah. Ça montre bien que manger du cheval, ce n’est pas si grave que ça pour un Français. En revanche, faites-lui manger de la viande hallal sans qu’il le sache et il descend dans la rue. Chacun ses priorités.

J’ai appris que la consommation de viande de cheval avait été populaire en France pendant un siècle environ, de 1880 à 1980. Avant cela, le cheval servait à beaucoup de choses, mais pas à nourir les gens. Un pape (Grégoire III)  en avait interdit sa consommation pour différencier les bons catholiques des mauvais. Et puis un peu de marketing aidant, elle s’est redéveloppée à la fin du 19e siècle jusque dans les années 80. Je me souviens avoir mangé du steak de cheval tous les mercredis pendant des années, quand j’étais enfant. Ça me paraissait normal et j’aimais même beaucoup ça. J’ai arrêté de le faire quand j’ai commencé à prendre des cours d’équitation et que mon regard sur les chevaux a changé. Partagez un galop dans la nature avec un cheval qui s’éclate et vous aussi vous n’aurez plus envie d’en manger, je peux vous l’assurer.

Mais qui voudrait manger Super Ted ?

Mais qui voudrait manger Super Ted ?

Attention, je ne prête pas de sentiments aux chevaux, ni même aux autres animaux domestiques et je sais parfaitement qu’une vache ou un cochon ne sera pas mieux traité qu’un cheval à l’abattoir. Je suis consciente de mon hypocrisie en la matière et ça m’embête beaucoup d’ailleurs, c’est pourquoi je cherche à diminuer considérablement ma consommation de viande, voire à l’arrêter peut-être entièrement un jour. Ce n’est pas facile, mais j’y travaille.

Je pense vraiment qu’on mange beaucoup trop de viande par rapport à notre réel besoin en protéines et que la production de viande est extrêmement polluante. Je pense aussi que cet excès de consommation entraîne la maltraitance inutile d’animaux pour le profit. Bien sûr, entre se faire découper dans un abattoir ou dévoré dans la nature par des prédateurs, c’est un peu kif-kif bourricot si je puis me permettre, mais alors que nous avons les moyens de tuer les animaux que nous mangeons sans douleur et sans peur, nous ne le faisons pas à l’heure actuelle. Du coup, on se retrouve avec du cheval et dieu sait quoi dans nos assiettes.

Je me dis parfois que Soleil Vert n’est pas très loin.


Semaine pourrie

Screen-Shot-2012-05-25-at-11.03.48-AMSi je ne peux pas râler sur mon blog, je me demande bien à quoi ça sert d’en avoir un. J’ai donc décidé de faire la liste de tout ce qui est allé de travers cette semaine et de tout ce qui m’a frustrée et rendue particulièrement irritable. Seb, de son côté, pourra râler où il veut d’avoir dû supporter mes humeurs toute la semaine. Ça fait partie des joies de vie de couple.

Avant même qu’elle ne commence, je savais que la semaine serait tendue côté boulot : un projet de trad est tombé vendredi soir qui allait bien m’occuper pour les trois premiers jours de la semaine. Si je n’avais rien eu d’autre à faire, j’aurais pu le terminer tranquillement mercredi midi, mais voilà, quand on doit à côté faire de la gestion de projets et de l’admin, ça devient vite fastidieux de traduire à un rythme normal, du coup j’ai pris du retard, ce qui a tendance à m’énerver, et j’ai dû mettre les bouchées doubles, ce qui a tendance à me stresser.

Mardi soir, le frigo a commencé à montrer des signes de faiblesse, que j’ai d’abord mis sur le compte d’une suractivité dûe à la présence de roller derby girls chez moi pour une réunion au sommet, mais lorsque j’ai augmenté le thermostat mercredi matin et que la température n’avait pas bougé mercredi soir, j’ai su qu’on avait un gros problème. Le réparateur de Darty, contacté jeudi matin, n’a pas pu venir avant vendredi et son verdict a été sans appel : notre frigo, vieux de 3 mois, doit partir en atelier pour être réparé pour cause de grosse fuite. Ô joie. Bien entendu, ils ne peuvent pas venir le récupérer avant mardi. Bien entendu, la veille du début de la panne, j’avais fait le plein chez Picard. J’ai eu un pincement au coeur en jetant les trois litres de glace rhum raisin et de glace menthe-chocolat.

BREF. Toute la semaine, j’ai essayé de joindre le Centre National des Firmes Étrangères, département de l’URSAFF chargé des entreprises non domiciliées en France qui emploient des salariés habitant dans notre cher Hexagone. Toute la semaine, je suis tombée sur un répondeur me donnant les heures de permanence (de 09h à 11h30 et de 14h à 16h) en français, en allemand et en anglais, ainsi que leur adresse email (cnfe.strasbourg@ursaff.fr), ÉPELLÉE, oui, ÉPELLÉE dans les trois langues. Au bout de cinq minutes de ce délicieux message lu à une vitesse qui vous rendrait neurasthénique, le répondeur explique que personne ne peut répondre et vous raccroche au nez. Nice.

J’ai donc appelé l’URSAFF à Bordeaux, qui ignorait absolument tout de l’existence du CNFE, ce qui m’a fait beaucoup rire, et qui m’a conseillé après cinq minutes de recherche d’appeler l’URSAFF d’Alsace dont dépend le CNFE, ce que j’ai fait. Après avoir patienté un long moment que quelqu’un décroche ce putain de téléphone, je suis tombée sur une dame très sympa qui m’a expliqué, un peu désolée, qu’il n’y avait qu’une seule personne pour la permanence téléphonique du CNFE et que je ferais mieux d’envoyer un email. Quand je lui ai expliqué que j’en avais envoyé 5 en l’espace de deux semaines pour obtenir des réponses et que personne n’avait daigné me répondre, elle a été encore plus désolée. Mais pas autant que moi.

Je n’ai donc pas encore pu me payer de salaire et je sens bien que l’URSAFF va réclamer des thunes à la boîte rapidement. Parce que pour ça, quelque chose me dit qu’ils sont super efficaces. Je sais pas, une intuition.

BREF. J’appelle la CPAM d’Aquitaine pour voir si je peux enfin mettre à jour ma carte vitale maintenant que j’ai une déclaration d’embauche et un numéro de SIRET pour ma boîte,  mais je tombe sur quelqu’un qui me dit que je ne pourrais pas être couverte tant que je n’aurais pas envoyé ma première fiche de paye. Ah ouais mais je ne risque pas d’avoir de fiche de paye si l’URSAFF ne me répond jamais. C’est là que je découvre que ma carte européenne d’assurance maladie ne me couvre pas vraiment en fait, contrairement à ce que je croyais. « Ah mais non ma p’tite dame, il faut demander à l’organisme anglais de remplir un formulaire E104 », me dit-elle en substance. « Et ensuite on fera l’échange de vos droits avec l’Angleterre, sans ça marche pas. »

Ah tiens. Je ne suis donc pas couverte par la sécu. C’est con, j’ai dû aller voir le dentiste en urgence la semaine dernière et j’ai rendez-vous vendredi pour faire un devis des (nombreux) soins à faire, puisque les dentistes vus en Angleterre ont fait un très mauvais boulot. Ce qui est con aussi, c’est que dimanche c’est scrimmage  avec les filles du roller derby. Je me demande s’il est bien raisonnable d’aller faire un match amical…

Vendredi, j’explique ma situation au dentiste, qui compatit dès que je prononce le mot honni d’URSAFF et qui me propose de parer au plus urgent et de garder le plus coûteux (la pose d’une nouvelle couronne) pour la fin, en espérant que la sécu me couvre d’ici là et que je puisse trouver une mutuelle. Mais bon, j’ai quand même deux dents de sagesse à me faire arracher au plus vite… Ce qui va me coûter un certain prix.

BREF.

Pour terminer ce couinage qui fait du bien, ma nouvelle pilule progestative me donne des boutons, me fait mal aux seins, je suis gonflée de partout et comme elle n’arrête l’ovulation qu’au bout de quelques mois de prise (enfin normalement), j’ai eu le plaisir incommensurable de sentir mes ovaires faire leur boulot. Ça faisait bien 20 ans que ça ne m’était pas arrivé et ça ne me manquait pas du tout. Comme vous pouvez vous en douter, je me suis donc sentie au top de ma forme toute la semaine, super sexy, super sûre de moi, c’est bien simple, rien ne m’a fait trépigner d’énervement, rien ne m’a fait hurler toute seule dans mon bureau, rien ne m’a poussée à remplir un peu plus mon verre de vin du soir, j’ai été un modèle de sérénité.

Je me rends bien compte que rien de tout cela n’est grave, mais j’avais juste envie de l’écrire pour passer à autre chose et espérer que la semaine prochaine sera un tout petit peu moins merdique.


Où sont les andrologues ?

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À parler de pilules, de contraception et en lisant le dernier numéro de Causette sur les règles, je me suis demandé vers où les hommes se tournaient quand ils voulaient parler de leur système reproducteur à eux. Je crains malheureusement que la réponse soit : personne.

Si pardi, il y a l’urologue. Mais je pense que pour beaucoup d’hommes, urologue est synonyme de problèmes de prostate, donc de vieillesse. Je ne connais pas un seul homme qui m’ait dit, au détour d’une conversation, qu’il s’était rendu chez un urologue, alors que les femmes parlent de leur gynéco avec une relative aisance. Nous discutons facilement de nos règles, ovulations, pilules, DIU, implants, de notre dernier frottis.

Je pense vraiment que c’est une chance de pouvoir se confier sans tabou sur ces sujets-là. Ado, je me souviens très bien de la gêne de mes petits camarades masculins pour tout ce qui concernait les règles. On en a toutes connu : ils confondaient tampons et serviettes hygiéniques, lançaient des « elle a ses règles ! » moqueurs sans avoir la moindre idée de ce qui pouvait bien se cacher derrière ça.

Mais à moins d’être élevées par la mère de Carrie, nous, les filles, savons très tôt qu’il existe des médecins dont c’est la spécialité de nous conseiller sur notre système reproducteur. Nous apprenons à parler avec eux de nos rapports sexuels, de notre vie intime. Et les hommes, qu’est-ce qu’ils ont de leur côté ? Personne. On me rétorquera que l’éventail des problèmes gynécologiques de la femme est beaucoup plus large que l’éventail des problèmes sexuels des hommes et que nous avons besoin de consulter plus souvent. C’est vrai. Pourtant les hommes eux aussi des problèmes. Problèmes dont ils ont généralement honte de parler.

S’ils ont honte, c’est parce que la société veut nous faire croire que les hommes sont tous des loups de Tex Avery, obsédés par le sexe, tout juste capables de fidélité tant leur désir est incontrôlable, parce que même si l’on est en 2013 on trouve encore des articles dans les journaux sur des études bidons qui lient virilité et ménage… Parce qu’on nous explique que la sexualité des hommes se résume à trois grands E : excitation, érection, éjaculation. Qu’avoir des baisses de libido, c’est une affaire de femmes, après tout ce sont elles qui ne sont pas capables de séparer désir et envie, qui pensent au mariage et au bébé dès qu’elles couchent avec un homme… Et qu’être fertile n’est qu’une préoccupation féminine…

Sauf que dans la réalité, rien n’est aussi simple. Les hommes ne sont pas ces créatures primaires qu’on nous vend partout, intéressés uniquement par le sport, les voitures et le cul, qu’il est possible de manipuler avec la simple promesse d’une pipe et qui sont comme les scouts, toujours prêts, loin des interrogations sur la paternité et la reproduction.

Les femmes savent tout ça (enfin, certaines j’imagine), mais c’est comme si les hommes l’ignoraient. Alors, vers qui se tournent-ils pour parler de leurs angoisses d’infertilité ou des douleurs qu’ils pourraient ressentir ? À personne.

Je pense que la société patriarcale, en plus d’opprimer les femmes, ne rend pas forcément les hommes plus heureux. Au contraire, en ne définissant la « virilité » que par quelques idées grossières, en faisant croire aux hommes que leur sexualité se doit d’être simple, elle entraîne le mal-être de tous ceux qui, à un moment donné, ne rentrent pas dans ce moule.


Bon ou pas bon ?

Dans la série « Feyrtys découvre la vie », j’ai réalisé il y a peu que je manquais cruellement d’expérience dans le domaine du « se fier à son odorat pour savoir si on peut manger un aliment sans date de péremption ».

Voyez-vous, le problème quand on a passé les 8 dernières années à remplir presque exclusivement son frigo de nourriture achetée en supermarché, c’est qu’on a pris l’habitude de se fier aux dates de consommation recommandée sur les emballages, généralement sous vide. Bien sûr, cela ne m’a jamais empêchée de manger des légumes bien après leur DRC, ou même de manger du pain avec un peu pénicilline, mais pour la viande, c’est une autre histoire. Parce que la viande, ça ne sent pas très bon à la base. Du coup, j’ai été bien emmerdée l’autre jour quand j’ai déballé mes 300 g de boeuf haché achetés quatre jours plus tôt sur le marché. La viande était oxydée et franchement, à l’odeur, j’aurais dit qu’elle était bonne à jeter. Mais quand même, me suis-je dit, quatre jours au frigo, même sans être sous vide, c’est pas la mort ! J’ai donc préparé ma sauce bolognaise et j’ai goûté la viande une fois cuite : elle était parfaitement consommable et même plutôt bonne.

En fait, je crois que je vais arrêter une bonne fois pour toutes de regarder les dates de péremption des aliments et me fier uniquement à mon odorat.

D’ailleurs, je vais le faire travailler, cet odorat. Pas seulement pour pouvoir éviter l’intoxication alimentaire, non, mais parce que je veux pouvoir reconnaître les arômes des vins que je bois (avec modération cela va sans dire). Non sans rire, j’ai acheté un excellent petit bouquin, Le vin pour ceux qui n’y connaissent rien, d’Ophélie Neiman et il semblerait que la seule façon de détecter des notes de citronnelle, de poire ou de cuir (oui oui), c’est de s’entraîner à reconnaître ces odeurs dans la vie de tous les jours. Duh. Alors je m’entraîne. Et je ne vous raconte pas comment j’étais fière d’avoir trouvé du cassis dans le Côte de Bourg bio (composé de Malbec, Merlot et Cabernet) que j’ai acheté l’autre jour sur le marché. Il faut savoir se satisfaire de petites victoires !

Sinon, à part ça, oui j’essaye de consommer moins de viande et non ce n’est pas facile, surtout en hiver où les légumes de saison sont quand même moins nombreux qu’en été. J’adore les poireaux, les choux et les pommes de terre hein, mais j’aurais bien envie d’une bonne ratatouille. Et même si Seb pourrait manger des pâtes au beurre tous les soirs, j’aime bien l’idée de varier notre alimentation un minimum.

J’ai découvert un mélange quinoa blond/boulgour pas mal du tout pour le midi. Ça peut sembler triste comme ça, mais le secret, c’est l’huile d’olive et les échalotes. Elles donnent du goût à tout. Rajoutez un peu de paprika et quelques feuilles de coriandre et le tour est joué.

Dans mes petits exploits culinaires, j’ai également réussi un beau St Genix (brioche avec des pralines) et moi qui suis généralement nulle pour faire lever mes pâtes, je n’étais pas peu fière. Ça vient peut-être du fait que j’ai utilisé de la levure fraîche de boulanger, peu importe, il y a une certaine satisfaction à voir sa boule de pâte gonfler et gonfler et gonfler… Je devrais en parler à un psy un jour.