Archives mensuelles : août 2012

Prise de risque

Je crois que je commence à vraiment me rendre compte à quel point le roller derby est un sport dangereux. Ce n’est pas comme j’avais été prévenue : lors du taster day (journée d’initiation), Betsy nous avait bien dit que nous nous blesserions sûrement à un moment ou à un autre au cours de la prochaine année, que si nous faisions un métier nécessitant d’être en relatif bon état, il valait mieux y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans le roller derby. Les filles de l’équipe se sont toutes blessées à un moment ou à un autre depuis les deux ans et demi qu’elles pratiquent ce sport. Côtes cassées, genoux en vrac, coccyx fêlés, poignets et chevilles fracturés : la liste est longue.

Hier, à l’entraînement, une très bonne joueuse de l’équipe A s’est blessée à la cheville pendant le scrimmage. C’est une excellente patineuse, elle est en forme physiquement, musclée, bref, c’était la dernière personne que je m’attendais à voir se blesser.

J’ai moi-même évité la catastrophe d’un petit centimètre : je ne sais pas exactement comment c’est arrivé, mais je me suis retrouvée à foncer vers un mur à grande vitesse (pour dire vrai j’ai bien une petite idée sur la façon dont c’est arrivé). Je me suis protégée en repoussant le mur de ma main gauche et cette dernière, malgré la coque en plastique de mon protège-poignet, est endolorie aujourd’hui. Un arbitre pas loin m’a confié qu’il a bien cru que j’allais m’y mettre. Ouais, moi aussi.

Qu’est-ce que ça signifie, concrètement, de faire un sport où les blessures sont quand même assez courantes ? Avoir peur de se retrouver soi-même dans un plâtre pour une période indéterminée. Imaginer être incapable de faire ses activités habituelles. Devoir aller chez un kiné. Se ramollir de partout.

J’avoue, j’y pense de plus en plus. Je sais que c’est un peu étrange pour quelqu’un dont l’autre activité sportive consiste à monter des animaux imprévisibles d’où il est très aisé de tomber, mais voilà, avec du recul, je me dis que tout ça est un peu fou. Je me dis que si je me blesse, je ne pourrais m’en vouloir qu’à moi-même, que je ferais mieux de mettre à un sport moins dangereux, comme le cha-cha-cha. C’est très bien le cha-cha-cha.

Ou le tricot. Finalement c’est bien le tricot.

Mais je me dis qu’il y a aussi beaucoup de blessures au foot, au rugby, au ski, au squash et que je ne conseillerai à personne d’arrêter de pratiquer un de ces sports si c’est sa passion. Pourquoi m’en voudrais-je de faire du roller derby ? Pourquoi penser que les gens ne comprendraient pas que je puisse vouloir continuer malgré les risques ? Je fais ce que je veux de mon corps, y compris le lancer sur des skates au milieu d’une piste remplie de filles qui veulent lui rentrer dedans. Pour la première fois depuis des années, j’ai l’impression d’en être en pleine possession, justement, de ce corps, et je suis enfin fière de ce qu’il est capable de faire. Je ne le vois plus comme un ennemi à combattre mais un allié.

Non, le roller derby n’est pas un sport sans risque, mais je crois que je préfère encore risquer de me blesser plutôt que d’abandonner.

Je sais aussi qu’on en reparlera si je me fais vraiment mal un jour…


À la défense de Teen Wolf

« Comment se fait-il que tu écoutes de la si bonne musique et que tu regardes de si mauvaises séries ? » m’a-t-on demandé l’autre jour, alors que je défendais la série Teen Wolf envers et contre tous. Mes goûts musicaux sont impeccables,  c’est vrai, mais je m’offusque ! Mes goûts télévisuels sont tout aussi parfaits (ou presque). Quand je dis que Teen Wolf est une excellente série, je ne précise pas « pour un teen show » ou « comme guilty pleasure ». Teen Wolf est une excellente série comme l’était Buffy, ou comme l’est Vampire Diaries. Mais voilà, parce qu’elle s’appelle Teen Wolf et qu’elle passe sur MTV, la série est critiquée alors que personne ne la regarde. On me répond avec véhémence qu’elle ne peut pas être à la hauteur de Buffy, sans en avoir vu un seul épisode.

Pourtant, Teen Wolf est un vrai petit bijou, une surprise comme l’avait été Vampire Diaries pour moi à l’époque. D’ailleurs, je me souviens avoir dû défendre Vampire Diaries de la même façon auprès de certains amis qui avaient eu tôt fait de la ranger dans la catégorie « série merdique qui passe sur la CW avec des beaux gosses ».

Alors j’avoue, quand la série a fait son apparition l’année dernière, je n’ai même pas regardé son pilote : j’avais moi aussi des a priori négatifs à son encontre. Mais Jéjé a réussi à me convaincre de donner sa chance à la série MTV cet été.

Mais puisque je vous dis que c’est bien bordel !

J’ai regardé les deux premières saisons en l’espace d’une semaine et je peux déjà dire, sans rien dévoiler, que ce fut un véritable plaisir. La série, comme Vampire Diaries, est extrêmement bien construite, il y a très peu de temps mort, beaucoup de rebondissements et des personnages solides servis par de très bons acteurs. Alors oui, le budget effets spéciaux n’est pas énorme, mais à ce que je sache ça n’a jamais empêché personne d’aimer Dr Who ou Torchwood, et dieu sait que ces séries ne sont vraiment pas très belles visuellement (aïe, je sens que je vais énerver certains fans invétérés du Docteur). Teen Wolf reprend tous les codes des séries d’ado (le lycée hostile, l’apprentissage de l’amour, du désir, le rapport conflictuel aux parents, aux professeurs) et tous les codes des séries surnaturelles du genre, l’exacerbation des désirs, la perte du contrôle, la peur d’être différent… Elle n’invente rien, c’est vrai, et elle n’a pas le mordant (ah ah) de Buffy, mais Teen Wolf utilise parfaitement ces codes sans jamais sombrer dans le cliché. Les personnages ont tous, sans exception, des personnalités développées et intéressantes. Il ne s’agit pas de nous sortir « le geek », « la bitch », « l’ingénue », « le roi du lycée » : rapidement les traits de caractère s’affinent pour former des personnages attachants.

La série est très convaincante en grande partie grâce à ses deux acteurs principaux, Tyler Posey (le teen wolf) et Dylan O’Brien (le meilleur ami du teen wolf). Tyler Posey réussit à donner à la fois une certaine fragilité et une certaine force à son personnage, tandis que le talent comique de Dylan O’Brien fait de Stiles le coeur de la série à mon avis, derrière tous les loups-garous et les chasseurs de loups-garous réunis.
J’étais partie pour détester le personnage de la fille amoureuse, mais loin de la cantonner dans le rôle d’une victime sans défense, les scénaristes en font une ado qui prend en main sa peur et décide de se battre. J’en aurais presque eu la larme à l’oeil.

Je trouve ça dommage que malgré le succès critique et populaire de Buffy, après The OC, Vampire Diaries, Awkward, il soit toujours difficile de défendre des séries « pour ado » comme Teen Wolf. Je suis pour ma part persuadée que Joss Whedon aimerait beaucoup Teen Wolf pour toutes les raisons indiquées ci-dessus. D’ailleurs, l’actrice qui jouait « Kendraaaa, the vumpire slayer », a rejoint le casting de la saison deux de Teen Wolf. Si c’est pas une preuve qu’il faut regarder !

Ah oui et puis il y a un chouette générique en saison 2 ! Qui n’aime pas les génériques franchement ?


Mythes et réalité du viol

Vous avez sûrement tous entendu parler de la déclaration, un peu plus tôt cette semaine, d’un politicien conservateur américain appelé Todd Akin. Il explique avec le plus grand sérieux possible qu’en cas de « viol véritable » (legitimate rape), le corps d’une femme « a les moyens de faire barrière ». Ben tiens. J’en connais un qui n’a pas bien suivi ses cours de SVT de 4ème.

Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre et les condamnations ont été nombreuses.

J’aimerais en profiter pour parler des statistiques sur viol et toutes les fausses idées répandues à son sujet, parce que le viol est une des nombreuses injustices qui frappent les femmes uniquement parce qu’elles sont des femmes.

– En France, on estime que 198 000 femmes chaque année sont victimes de viol ou de tentative de viol. On estime à 75 000 le nombre d’entre elles qui sont violées. Pourquoi des estimations ? Parce que tous les viols ne sont pas reportés à la police. Parce que les victimes ont peur, honte, veulent oublier, une majorité d’entre elles ne porte pas plainte. L’organisme américain RAINN (Rape, Abuse & Incest National Network) estime que seuls 54 % des viols sont reportés à la police. En France comme aux États-Unis, moins de 3 % des procès pour viols se terminent par une condamnation du violeur. 3 %. Ce chiffre me fait déprimer.

– 74 % des viols sont commis par une personne connue de la victime. Quand on pense au viol typique, on pense au parking sombre ou à des allées mal éclairées, on pense à un être pervers qui a suivi sa victime pour la violer sauvagement à l’aide d’une arme. La réalité, c’est que le viol est surtout commis par une personne connue de la victime. Un ami, un ex, le copain d’un copain, un membre de sa famille. Le viol, ça se passe aussi dans la chambre conjugale. Vous savez qu’il a fallu attendre 1990 pour que le viol conjugal soit enfin reconnu par un arrêt de la cour de cassation en France ? 1990. Encore un chiffre qui fait déprimer.

J’ai l’impression qu’il va falloir que je répète ça jusqu’à la tombe, mais peu importe qu’une femme porte une mini-jupe, peu importe qu’elle ait bu, qu’elle ait « joué aux allumeuses », RIEN ne donne le droit à un homme de la violer. Je me fous que vous ayez la gaule, je me fous que vous ayez capté « des signaux », je me fous que vous pensiez le « mériter » : le corps d’une femme n’est pas à votre disposition. Il y a une différence entre avoir envie de quelqu’un et avoir envie de pénétrer une femme contre sa volonté, alors qu’elle est inconsciente, qu’elle se débat, qu’elle pleure ou qu’elle est paralysée par la peur. Arrêtons un peu de perpétuer l’idée que les hommes ont des envies irrépressibles ou même des « besoins » qui les poussent à pénétrer contre leur volonté des femmes. De mon point de vue, le viol est surtout une histoire de domination et de pouvoir, mais en même temps, j’ai envie de dire : arrêtons déjà de rejeter la faute sur les victimes et on réfléchira aux causes ensuite.

Car dans toutes les affaires de viol, j’ai toujours l’impression qu’on se focalise plus sur la victime, sur ce qu’elle portait, sur la quantité d’alcool qu’elle avait bu, sur ce qu’elle faisait seule à tel endroit ou sur ses prétendus motifs plutôt que sur le responsable. Parlons plutôt des violeurs, crions haut et fort qu’ils sont les seuls et uniques responsables. Ne leur trouvons pas d’excuse. Je rêve d’un jour où la première chose à laquelle les gens penseront quand ils liront une histoire de viol dans les journaux ou sur Internet, c’est « Ce pervers doit aller en prison » et pas « Quelle idée aussi de rentrer chez soi à 2h00 en ayant bu ! » ou « Les filles se servent du viol pour se venger, c’est bien connu », ou encore « Elle avait une tenue aguicheuse enfin, elle n’a pas qu’à porter une burka aussi, elle cherche les emmerdes ! ». Ce jour-là, je saurais que la société aura un peu évolué. En attendant, je continuerai à me battre pour qu’elle aille dans le bon sens.

Pour signer la pétition La honte doit changer de camp, c’est par ici.


Premier match d’entraînement

J’ai participé hier après-midi à mon premier match d’entraînement, appelé « scrimmage ». Des débutantes des équipes de Portsmouth et d’Eastbourne ont fait le déplacement jusqu’à Brighton pour jouer avec nous.

Autant dire que l’adjectif « nerveuse » n’est pas assez fort pour décrire l’état dans lequel j’étais dimanche matin en me levant. « À deux doigts de l’apoplexie » serait plus juste. J’avais beau me dire que ces 8 mois d’entraînement intense m’avaient préparé pour ce jour, que je m’étais mise au roller derby très exactement pour pouvoir jouer des matchs comme celui-là, que j’allais apprendre énormément, le fait est que mon cerveau était en mode « Tu vas te péter une jambe et ce sera bien fait pour ta gueule ». Arrivée à notre warehouse chérie, j’étais prête à lacer mes patins pour repartir à Brighton illico presto. Impossible de manger quoique ce soit à midi, j’étais tétanisée par la peur. Non je n’exagère pas.

L’échauffement ne m’a pas vraiment donné confiance en moi : on a fait pas mal d’exercices que je ne maîtrise pas du tout, comme les transitions sur une jambe ou les demi-tours en sautant (et en patinant). J’avais vraiment l’impression d’être archinulle.

La répartition des premières équipes s’est faite au hasard : d’un côté les carnivores, de l’autre les herbivores. Nous nous sommes retrouvées moins nombreuses du côté des carnivores que du côté des herbivores, Brighton oblige.

Sham (Shambolic) est notre line-up manager, ce qui signifie qu’elle nous donne notre rôle à chaque jam. Georgia est notre bench manager, c’est elle qui crie des tactiques et qui donne des consignes à notre lead jammeuse. Nous sommes en noir, les autres en blanc.

Je suis tellement nerveuse avant de m’élancer sur la piste que je pourrais pleurer. Je répète même des excuses dans ma tête « J’ai peur de me blesser », « Pitié laissez-moi partir, j’ai 30£ sur moi, prenez tout », « Finalement le roller derby c’est encore plus fun quand on est spectateur, je vais aller m’assoir sur une chaise là-bas », mais rien ne sort. Les coups de sifflet du premier jam retentissent, je suis assise sur le banc en attendant le second jam, qui arrive beaucoup trop vite. Le reste est très flou : je sais que je hurle « Inside! » quand la jammeuse de l’autre équipe tente de passer sur la courbe intérieure. Les trois bloqueuses et moi faisons un assez bon boulot et elle ne passe pas. Notre jammeuse, excellente, marque de nombreux points.

Je me rappelle alors qu’il faut que je respire.

S’en suivent de nombreux jams où nos murs, redoutables, réussissent à retenir la jammeuse adverse suffisamment longtemps pour permettre à la nôtre de gagner le statut de lead jammeuse et de marquer des points. L’autre équipe fait de nombreuses fautes et nous nous retrouvons souvent dans une situation de power jam : seule sur la piste, notre jammeuse est libre de marquer un grand nombre de points (25 est une bonne moyenne). Je me suis moi-même retrouvée dans cette position quand est venu mon tour. Je n’en suis toujours pas revenue d’ailleurs. Même si je déteste la pression qui accompagne la position de jammeuse, il se trouve que j’ai été lead jammeuse à chaque fois que j’avais des étoiles sur le casque et que j’ai marqué des points. De quoi remettre mes capacités en question.

Pour de nombreuses filles de l’autre équipe, ce scrimmage est le tout premier. Le score est sans appel : nous les battons 210 à 60. Il faut quand même que je lise le score sur le tableau pour y croire, parce que « two hundred ten to sixty », bizarrement, ne fait s’imprimer aucun chiffre dans mon cerveau.

Les équipes sont ensuite mélangées pour rééquilibrer un peu tout ça. Par chance, je suis toujours dans l’équipe noire (la meilleure couleur qui soit, c’est bien connu). La première mi-temps n’est pas facile pour nous : on ne se connaît pas très bien et il y a de bien meilleures jammeuses dans l’autre équipe, rapides et impossibles à faire tomber. À la fin de la première mi-temps, nous sommes menées de 30 points. Sham nous dit de ne pas penser au score et de nous concentrer sur la défense. Nous commençons à jouer davantage en équipe, à mieux communiquer : le résultat est spectaculaire. Nous ne les laissons quasiment plus marquer.

Avant de lire le score final, je pense qu’on a perdu, mais je me répète « si on a gagné, je vais péter un câble » ou, en anglais à ce moment-là dans mon cerveau parce que j’ai passé l’après-midi à penser et à parler en anglais, « if we’ve won again, I’m gonna lose my shit ». Et pourtant. 76 à 68. Nous gagnons 76 à 68. 8 petits points de rien du tout.

Je n’ai jamais connu une euphorie pareille. Si un jour je n’ai pas le moral, si un jour je pense à arrêter le derby, je repenserai à ce moment-là, ce moment où on réalise qu’on a gagné parce qu’on s’est donnée à 100% et qu’on a joué en équipe, les unes avec les autres. C’est un moment inoubliable et c’est mon moment à moi. Merde, je l’ai mérité.


Jeux sociaux vs jeux de société

Mes cousines ont passé une semaine de vacances à Brighton et nous leur avons fait découvrir 7 Wonders, un excellent jeu de plateau. Nous avons passé un si bon moment à jouer tous ensemble que j’ai réfléchi à l’importance du jeu de société, à une époque où Farmville et tous ces jeux Facebook pullulent. Ces jeux-là ne sont pas « sociaux », contrairement à leurs noms. Le vrai jeu social, c’est le jeu de société : le jeu qui se joue autour d’une table avec des gens.

N’allez pas croire que je vais jeter l’opprobre sur les jeux vidéo, j’y joue trop pour ça, ce n’est pas mon but ici. Je veux simplement dire que le jeu de société, ou jeu de plateau comme on l’appelle aussi, est un jeu de lien social, à l’opposé des jeux dits de « réseau social ». C’est un jeu de partage qui permet d’apprendre à se connaître. Il permet de s’amuser tout en tissant des liens humains. Sans oublier qu’il y a un vrai plaisir à avoir des pions, des cartes, des dés, des objets physiques entre les mains, plutôt qu’une souris ou qu’un iPad.

J’ai joué à Magic et j’ai joué à des jeux de rôle : tous ont été le ciment d’amitiés solides qui dureront des années après avoir abandonné ces mêmes jeux. Je me souviens de soirées épiques passées à jouer au tarot au bar le Milk, à Aurillac, ou de soirées passées à regarder ma famille jouer aux cartes entre adultes quand j’étais petite.

Je n’aime rien de plus que de partager un jeu avec quelqu’un dont j’apprécie la compagnie. L’année dernière nous avons passé une semaine de vacances à Sète à jouer à 7 Wonders plusieurs heures par jour avec deux super amis, ce fut  pour moi des vacances parfaites. Un verre de vin blanc frais, des conneries à grignoter, des cartes à poser et des points à compter, je n’en demande pas plus.

Autour de nous il est difficile de rassembler des gens pour des soirées jeux de plateau, du coup il faut bien compenser avec des jeux vidéos, plus pratiques que les jeux de société à mettre en place. C’est là qu’entrent en scène les MMO. Même si je peux jouer aux jeux vidéo des heures toute seule avec beaucoup de bonheur, me connecter à Skype et rejoindre mes amis sur un MMO est un plaisir bien supérieur. Plus que le jeu en lui-même, j’aime ce qu’il permet : la proximité malgré la distance, le partage.

Et si vous voulez essayer un jeu facile d’accès et qui plaît à tout le monde (vraiment tout le monde, j’ai testé), je vous conseille vivement 7 Wonders. C’est un jeu extrêmement riche et bien conçu, dont je ne me lasse pas.


La question du ménage

Ma belle-soeur, qui a accouché il y a un peu plus d’un mois, nous a raconté l’autre jour lors de notre séjour en France qu’elle a ressenti les premières contractions annonçant la naissance imminente de son bébé alors qu’elle cirait les marches de sa (très grande) maison, enceinte de 8 mois et demi. Je me suis étonnée et ai immédiatement demandé pourquoi elle et mon beau-frère, qui en ont les moyens, n’avaient pas encore embauché de femme de ménage. Les femmes alors présentes autour de la table m’ont unanimement répondu qu’elles n’aimeraient pas avoir quelqu’un qu’elles ne connaissent pas chez elles, que bon, quand même, il n’y a qu’elles qui savent comment bien nettoyer leur maison et qu’il y a une certaine satisfaction à avoir un intérieur propre et bien rangé.

Ça m’a fait réfléchir. Les hommes de la même tablée, pourtant nombreux, n’ont évidemment pas participé à la discussion : le ménage est une affaire de femmes, que je le veuille ou non. On est très loin de la parité dans ce domaine : les femmes assument encore 80 % des tâches ménagères. Je suis prête à parier qu’une large majorité de femmes estime d’ailleurs qu’il s’agit là de leur « domaine » et que c’est à elles que revient implicitement la responsabilité de veiller à ce que tout soit parfait dans la maison (frigo rempli, linge lavé, lit fait).

C’est là qu’à mon avis, on a un problème. Loin de moi l’idée de critiquer les femmes (et les hommes, rares) qui aiment faire le ménage, mais je pense que si nous sont tant attachées à la propreté de notre foyer, c’est parce que la société attend de nous que nous en prenions tacitement la responsabilité. Il suffit de jeter un oeil aux rayons des jouets pour filles, remplis de petites machines à laver roses, d’aspirateurs et de fours. Sans oublier qu’on a tendance aussi à nous glisser dans l’oreille dès l’enfance que pour « garder un homme », il faut s’assurer qu’il soit « bien » chez lui. Aïe.

Nous ne sommes pas des vestales, patientes et chastes, qui veillent devant l’antre en attendant que notre homme rentre à la maison en espérant secrètement que nos talents de cuisinière et de fée du logis l’empêchent d’aller voir ailleurs. Notre « domaine » n’est pas le foyer. Si vous apprenez à votre fille à se servir d’une machine à laver, faites la même chose avec votre fils. Le ménage n’est pas un « truc de filles ». Pour moi  ce sont des stéréotypes bien pratiques qui nous mettent dans des petites boîtes dans lesquelles nous rentrons avec le sourire parce que c’est rassurant. Bien sûr, chacun a le droit de s’épanouir dans le fait d’avoir un intérieur « parfait », qui reflète exactement qui ils sont et je comprends qu’on puisse trouver une certaine fierté à avoir un intérieur propre et bien rangé, mais je refuse de considérer que c’est là la seule responsabilité et l’une des rares fiertés des femmes, avec le fait de faire des mômes.


Séries de l’été

Parmi les séries diffusées en ce moment, voici celles que je regarde, dans le désordre le plus complet :

Louie, saison 3 : je la trouve encore meilleure que la saison 2, je suis épatée par la capacité de Louis CK à mélanger comique scato et mélancolie dans un même épisode de 30 minutes. Dans le dernier, on arrive à rigoler de la mort d’un type que tout le monde trouvait odieux, sauf les employées et habitués d’un bar de striptease miteux. Pour ensuite rigoler de dégoût à la vue d’un gamin appelé Never qui a la diarrhée dans une baignoire. C’est absolument prodigieux.

Awkward, saison 2 : la conseillère d’éducation devenue principale adjointe me fait toujours autant mourir de rire, mais la série peine un peu à sortir de son triangle amoureux. Ça reste quand même très plaisant, je ne suis pas prête d’arrêter.

Suits, saison 2 : cette série ne demande un gros investissement et se regarde plutôt bien (Gina Torres quand même), mais je trouve que la saison 2 pédale un peu dans la semoule depuis quelque temps.

Single Ladies, saison 2 : ah, Single Ladies. Mon vrai guilty pleasure. Une série mal écrite, mal jouée (tellement, tellement mal jouée), mais que je n’arrive pas à abandonner. Ça passe sur VH1 et ça raconte les aventures sexuelles amoureuses de trois femmes d’Atlanta. C’est vulgaire, souvent un peu sexiste (mais parfois aussi féministe, bizarrement), j’y découvre chaque semaine des acteurs toujours plus mauvais, mais également toujours plus musclés. Je suis bien faible.

Political animals, saison 1 : très bonne surprise, j’ai vraiment beaucoup accroché. Sigourney Weaver est géniale dedans.

True Blood, saison 5 : je me contenterais volontiers d’une série centrée sur Bill, Eric et Alcyde. Bill et Eric forment un duo qui marche vraiment très bien, comme Jason et Andy. Tout ce qui passe du côté des vampires est vraiment chouette.

Futurama, saison 7 : y’a du très bon, y’a du moins bon, mais ils font des références au roller derby alors je pardonne tout.

Dallas, saison 1 : je n’attendais rien de cette suite de la série culte, celle qui m’a vue scotchée devant l’écran dès mon plus jeune âge. Bobby et JR sont de retour, Sue Ellen est toujours aussi attachante et malgré quelques défauts de casting, la série est une excellente surprise. J’adore les soaps et celui-là est extrêmement bien construit. Je me découvre une passion soudaine pour le droit des affaires et les grands salauds.

Bunheads, saison 1 : la gentillette série d’ABC family a eu des débuts difficiles, mais je me suis accrochée pour Sutton Foster, qui est absolument magistrale. Cette actrice porte la série sur ses épaules et s’en sort encore mieux que Lauren Graham (la Lorelei de Gilmore Girls) dans le même genre de rôle. Elle a un génie comique indéniable. La série s’améliore d’épisode en épisode.

 


Une semaine à la campagne

C’est la première fois depuis que nous avons monté notre boîte que je m’en vais une semaine pour bosser depuis la France. Étant donné que je peux bosser depuis n’importe où à partir du moment où j’ai un ordinateur et une connexion Internet, j’aurais dû le faire depuis bien longtemps, mais voilà, j’ai toujours été un peu angoissée à l’idée de quitter le confort de mon bureau, de mes deux écrans, de mes petits répertoires bien classés et de ma chaise.

Mais il fallait bien que Seb et moi descendions dans le Cantal pour faire la connaissance de notre neveu. Ses parents ont décidé de passer le mois d’août dans la demeure familiale, à Salers, c’était l’occasion de voir l’avancée des travaux et de profiter du soleil généreux de la montagne en été.

Sébastien a acheté un PC pour l’occasion, qui servira également à ses parents et à quiconque viendra passer du temps dans le château. J’ai fait en sorte de ramener tous les logiciels dont j’ai besoin pour bosser et tous mes fichiers. Il ne me manquait plus qu’à prier que le dieu de l’informatique pour une installation sans ombrage et un Internet qui fonctionne normalement.

Eh bien pour toutes ces années où à chaque premier démarrage de Windows, il y avait quelque chose qui déconnait, des conflits entre la carte ethernet et la carte Wi-Fi, un disque dur que la carte mère ne reconnaissait pas, une carte graphique aux pilotes introuvables, il s’est enfin produit un miracle : tout a fonctionné du premier coup. Tout. Je n’en croyais pas mes yeux. J’ai même hésité à éteindre l’ordinateur de peur d’apporter la poisse. On sait jamais, une mise à jour Windows et on ne peut plus redémarrer.

Installée dans le grand salon, j’ai pu bosser tranquillement toute la semaine, même la venue du menuisier ne m’a pas dérangée. C’est le point positif avec les vieilles pierres : ça isole quand même pas mal le bruit. Même les cris du petit neveu au milieu de la nuit ne nous ont pas réveillés.

 

La semaine a été un peu chargée au niveau du boulot, mais j’ai survécu. J’ai même réussi à m’éloigner de mon ordinateur pour faire des pauses au soleil et prendre quelques couleurs (c’est-à-dire que je ne suis plus blanche comme un cul). Bon, j’ai aussi chopé un rhume, mais rien de bien grave et rien qui ne m’ait empêchée de profiter de la cuisine de ma belle-mère et des merveilles culinaires de cette région (à savoir, le pounti, la truffade, le Cantal vieux, le saucisson fait maison et la viande de Salers).

Comme tous ces plats ne sont pas absolument pas riches du tout, Seb et moi en avons profité pour courir dans la campagne alentour.  Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais ça fait un bien fou. Courir quand il ne fait pas encore trop chaud, dans l’herbe encore baignée de rosée, rencontrer quelques vaches sur le chemin et les faire détaler, cracher ses poumons dans les côtes, mais les finir quand même, reprendre son souffle sur le plat et repartir de plus belle, revenir en nage, manger un chausson aux pommes pour se remettre et se rafraîchir avec une bonne douche, il n’y a rien de tel pour commencer la journée.

J’avais oublié le bonheur de se détendre au soleil après une journée de boulot, sous un grand tilleul, un verre de Pimm’s à la main et un bon bouquin dans l’autre. J’avais oublié le plaisir de prendre un verre dans un bar le soir, de se balader sans se presser dans les rues désertées de la ville le soir après dîner. Même en ayant dû bosser, j’ai apprécié chaque moment de détente et je rentre gonflée à bloc, malgré la pluie et les 18°C qui nous ont accueillis hier soir à Brighton.