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Le joli mois de mai

Dire qu’en décidant de quitter Brighton pour Bordeaux, on se disait qu’on pourrait ranger nos imperméables et vêtements chauds après le 15 avril. Erreur grossière, puisque le temps anglais nous poursuit. Il fait froid, il pleut, il y a du vent. On doit mettre du chauffage. Si ça continue comme ça, je vais demander un dédommagement financier auprès de l’office du tourisme de Bordeaux pour publicité mensongère.

Oui oui je sais, c’est partout pareil, mais merde quoi.

Bon sinon, la saison télévisuelle se termine et comme d’habitude, je me demande ce que je vais bien pouvoir regarder ou re-regarder cet été. Heureusement, il y a quelques bonnes séries en cours en ce moment même :

La saison 5 de Nurse Jackie, qui me surprend au fil des épisodes. La série avait pataugé en saison 3, pour reprendre son souffle en saison 4 et repartir sur de toutes nouvelles bases en saison 5. Sans oublier que Merritt Wever me fait mourir de rire dans chacune de ses apparitions.

La saison 2 de Veep ne propose pas de grands changements et je sais que cette comédie ne plaît pas beaucoup, mais Julia Louis-Dreyfus est géniale et le nombre d’obscénités et de méchancetés débitées à la seconde me fait beaucoup rigoler. Dernière réplique culte en date : « You’re Frankenstein’s monster, if his monster was made entirely of dead dicks. » (« Tu es la créature de Frankestein, si elle avait été fabriquée à partir de bites mortes. »)

Je trouve que cette saison de Mad Men s’étend un peu trop sur la vie intérieure de Don Draper, mais la série tient toujours le haut du pavé dans la production télévisuelle actuelle.

La saison 4 d’Arrested Development a commencé et si vous ne connaissez pas, ruez-vous sur les trois premières saisons de ce bijou, il s’agit de la meilleure comédie au monde. Non non, je n’exagère pas.

La série d’anticipation canadienne Orphan Black est une excellente surprise et je vous la conseille chaudement. C’est une série comme je les aime : bien rythmée, très bien écrite, avec des cliffhangers qui donnent envie de voir la suite et d’excellents acteurs.

Top of the Lake

Top of the Lake

Si vous avez envie de déprimer un peu, j’ai deux séries à vous conseiller également : Top of the Lake et Rectify. La première a été écrite et réalisée par Jane Campion et Gerard Lee. Elle se déroule en Nouvelle-Zélande, mais la beauté des paysages est à la hauteur des horreurs décrites par la série. Autant vous prévenir tout de suite, ce n’est pas drôle Top of the Lake. J’ai mis un certain temps à m’en remettre. Seb m’a même retrouvée en travers du canapé en train de pleurer de façon incontrôlée après une scène particulièrement atroce. Mais si vous aimez les polars, les enquêtes qui révèlent le pire de l’être humain, si vous aimez Twin Peaks,  Top of the Lake est pour vous, ne la ratez surtout pas.

Rectify est une autre série diffusée par Sundance Channel, comme Top of the Lake. Elle raconte l’histoire d’un homme qui sort de prison après avoir passé 20 ans dans le couloir de la mort, accusé du meurtre et du viol de sa petite amie de l’époque, mais libéré après de nouvelles preuves ADN. Pas non plus une série facile, mais une belle série, elle aussi très bien écrite, qui oscille entre les flashbacks en prison et le retour dans la vie « normale » dans une petite ville du sud des États-Unis, au sein d’une famille comme les autres, c’est-à-dire pleine de rancoeurs, de non-dits et de relations malsaines.

"Sitting in this tomb day after day, putting up with your pale white ass... What's whacked is - I still want to live. Every day."

« Sitting in this tomb day after day, putting up with your pale white ass… What’s whacked is – I still want to live. Every day. »

Et si vous n’avez pas envie de regarder de séries trop déprimantes, la saison 3 de Teen Wolf va bientôt commencer. Et oui, il me tarde. Une série avec des beaux gosses torses nus qui ne se prend pas au sérieux, c’est exactement ce qu’il me faut en ce moment après Top of the Lake et Rectify. Allez, pour la peine, je vous remets le générique, je l’aime trop :


Le jeu en vaut la chandelle

J’avais l’impression que ça faisait à peine deux semaines que je n’avais rien écrit sur ce blog, mais ça va faire un mois. Bien bien bien. Bon j’ai une excuse, je n’ai pas arrêté une seconde. Entre les visites familiales et amicales, les entraînements, les visionnages de matchs en préparation pour nos deux dernières rencontres de la saison, j’ai à peine eu le temps de me tenir à jour sur mes séries, c’est vous dire.

Alors, en l’espace d’un mois, j’ai eu l’occasion de jouer deux matchs, un contre les Pixies de Bruxelles et un dernier contre les Quedalles de Paris.

Et c’était génial. Pas juste « génial », génial à rester gravé en mémoire pour des années et des années.

Comme lors de mon premier mixed scrimmage, peu de temps après avoir passé mes MS, j’ai ressenti cette euphorie semblable à nulle autre, cette émotion qui vous submerge et qui vous donne l’impression que tout est possible.

J’ai douté de moi et pourtant, mes coéquipières m’ont fait confiance. Ça veut dire beaucoup, notamment que même avec de nombreux progrès à faire,  je ne suis pas un boulet qu’on se traîne en match, que l’on peut s’appuyer (littéralement) sur moi et je ne vous raconte pas à quel point je me sens capable de me dépasser.

Crédit photo : Chloé Hernandez

Crédit photo : Chloé Hernandez

C’est bien simple, en l’espace de quelques semaines, j’ai l’impression d’avoir fait plus de progrès que lors de ces trois derniers mois. L’expérience acquise en match est précieuse et irremplaçable. Savoir gérer son stress, se retrouver dans l’action et apprendre à réagir en une seconde, c’est comme ça qu’on apprend à jouer au derby.

J’en profite pour remercier les Rockers et les Petites Morts. Les Rockers d’abord, parce que c’est grâce à elles que j’ai pu apprendre les bases du roller derby et acquérir les compétences qui m’ont porté jusqu’à mes premiers matchs. Sans leur entraînement exigeant, je n’en serai pas là. Oui, c’était dur, parfois décourageant, mais elles m’ont obligée à ne pas me contenter du minimum, à chercher l’excellence et à ne jamais baisser les bras. Je pense à elles à chaque fois que je chausse des patins et que je mets mes protections.

Les Petites Morts, ensuite, parce qu’elles m’ont donné cette opportunité incroyable de jouer après seulement un an et demi sur des patins. Elles m’ont fait confiance et je ne pourrai jamais les remercier assez pour ça. Alors que je me demandais si je réussirais à m’intégrer, alors que je doutais d’être jamais à la hauteur, elles m’ont prouvé que tout ce qu’il me manquait, c’était une équipe derrière moi.
Alors, à toutes les filles qui viennent de commencer le roller derby, à toutes celles qui viennent de passer leurs MS, à celles qui se demandent si elles joueront un jour, je peux dire qu’il faut s’accrocher, qu’il faut venir aux entraînements, être humble, se soutenir les unes les autres, répéter les mêmes gestes encore et encore, regarder des matchs, avoir confiance en soi, ne pas se laisser décourager parce qu’on a l’impression de ne pas progresser ou de ne pas y arriver.

Et surtout, le jeu en vaut la chandelle. Les bleus, les doutes, l’égo blessé, les entraînements qui vous donnent l’impression d’être nulle, tout ça vaut le coup. Parce qu’un jour, vous vous retrouvez à jouer dans une équipe et vous ressentirez une telle fierté d’en faire partie que tout le reste vous paraîtra accessoire et secondaire.

Jamais je n’aurais pensé qu’un sport puisse m’apporter autant. Alors, je remercie aussi mon amie Amanda, qui m’a emmenée en octobre 2011 voir un match de roller derby à Austin, au Texas : Amanda, thank you for telling me I was NOT too old to try out for roller derby. It truly changed my life and I feel more confident and happier than ever. That’s all because of you.

Crédit photo : Chloé Hernandez

Crédit photo : Chloé Hernandez


Premier match

Le samedi 6 avril dernier, je suis allée à Montpellier participer à mon premier match officiel de roller derby avec l’équipe des Petites Morts.

Mais avant que je vous raconte mon expérience, revenons quelques semaines en arrière, le mardi 19 mars. Je suis au bord de la mer depuis plusieurs jours et  je me connecte au wifi de l’hôtel pour la première fois depuis mon arrivée au Panama et je fais un tour sur Facebook. C’est là que je lis un message laconique de ma coach m’annonçant que j’avais été sélectionnée pour jouer contre les HDG le 06 avril. Plan rapproché sur mon visage décomposé et ma bouche bée. QUOI LE FUCK ? Non, ce n’est pas une blague, oui oui, c’est très sérieux.

Si vous vous demandez si on peut être super fière et super paniquée en même temps, je vous le confirme, c’est tout à fait possible. Surtout quand je me suis mise à calculer que compte tenu des plans prévus pour la fin de mes vacances et un rendez-vous professionnel à Paris, j’allais louper tous les entraînements de la semaine précédant le match. Ça n’aide pas trop la confiance en soi quand on a l’impression qu’on n’est pas tout à fait à la hauteur.

Qu’à cela ne tienne, sitôt rentrée à Bordeaux, sitôt en route chez le médecin pour faire faire une attestation qui me permette de jouer un match, puis pour un magasin spécialisé  afin de faire faire des t-shirts avec mon nom et mon numéro (In Seine – 24).

Mais je suis décidée à profiter de mes vacances au maximum et à ne pas stresser plus que de raison, après tout, ce n’est pas trop le but.

Dans un train à 07h15 depuis Paris pour Montpellier, je commence à imaginer tout ce qui pourrait mal se passer : je pourrais tomber pendant la présentation des équipes, bloquer ma propre jammeuse pendant un jam, me blesser, faire des conneries qui coûtent des points à l’équipe, bref, je panique un peu plus.

Pendant la réunion pré-match, je réalise soudain qu’au fond, je suis loin d’avoir le niveau de patinage et l’expérience des autres filles de l’équipe et que c’est peut-être une erreur de vouloir me faire jouer.

Mais une fois dans la salle, une fois l’échauffement terminé, mes patins et mes protections enfilés, je n’y pense plus. Je suis heureuse d’y être, malgré mon estomac noué et mon cerveau qui ne semble pas fonctionner normalement. Sébastien a fait le déplacement depuis Bordeaux pour venir me voir. Il a le sourire aux lèvres. Je ressens une immense fierté d’être appelée par mon nom et mon numéro pendant la présentation de l’équipe (et je ne tombe pas, ce qui est un plus).

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Le match commence et l’ambiance sur les bancs est électrique. Si les filles de l’équipe étaient détendues jusque-là, au coup de sifflet du premier jam, tout change. En gros, c’est le bordel et il faut quelques jams pour que tout le monde reprenne ses esprits. J’observe ça depuis le banc de touche avec un mélange de terreur et de soulagement, terrifiée à l’idée de me retrouver dans le pack, soulagée à l’idée de ne pas avoir été appelée à jouer. Mon premier jam arrive enfin et je m’élance sur la piste, le cerveau complètement vide. Je ne me souviens même pas avec qui j’ai joué, simplement de l’euphorie d’avoir survécu à ce jam en empêchant la jammeuse adverse de passer en premier et d’avoir permis à notre jammeuse de marquer 4 points. Je rejoins le banc de touche avec la banane. J’en veux plus !

À la fin de la première mi-temps, les filles de Bordeaux dominent le match et ma peur s’est envolée, je n’ai plus qu’une envie : jouer jouer jouer. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Alors j’observe les jams, j’encourage, j’essaye de me convaincre que c’est normal pour un premier match. Quand la victoire est annoncée, je suis ravie pour l’équipe, mais j’aurais presque envie de rejoindre les spectateurs dans la ligne pour les féliciter, de l’extérieur. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir été pour quoi que ce soit dans cette victoire ! Mais c’est mon manque de confiance qui parle à ma place. Après tout, pour une fille qui a validé ses minimum skills il y a un an seulement, qui ne savait pas patiner avant ça, jouer un vrai match, c’est déjà pas dégueu. Oui, j’ai encore des progrès à faire, oui, je manque d’expérience, mais bon sang  j’y étais ! J’ai été sélectionnée ! Je fais partie de l’équipe, que je le veuille ou non, que je me sente à la hauteur ou non, et ça je ne dois pas l’oublier.

Dans deux semaines, nous affrontons l’équipe de Bruxelles à domicile et je compte bien en profiter au maximum.

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography


Best of Panama

Je suis repartie du Panama avec quelques couleurs discrètes, aucun coup de soleil (miracle) et quelques piqûres de moustique. J’ai vécu onze délicieux jours en tongs, en débardeur et en maillot de bain. Le bonheur. J’ai profité du soleil, de la mer, j’ai pris un cours de surf, fait du cheval, lu trois excellents bouquins, visité des musées, erré dans la ville, goûté à des bières locales, très bien mangé, râlé contre les conducteurs fous furieux et beaucoup ri. J’ai donc passé d’excellentes vacances.

Dès le lendemain de mon arrivée, Itza et moi avons pris la route pour nous rendre dans la péninsule d’Azuero, au sud du Panama. Nous n’avions rien réservé et avons fait le tour des hôtels, auberges de jeunesse et camping du coin, pour finalement opter pour l’hôtel chic. Partager des toilettes et des douches avec des surfeurs nous faisait moyennement kiffer. Et puis la gérante de l’hôtel nous a fait un prix vraiment avantageux… Sans oublier que l’hôtel n’était pas encore officiellement ouvert et que nous étions donc quasiment seules pour ces trois nuits. Je peux vous dire qu’on en a profité un maximum.

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Playa Venao étant un plage réputée pour le surf, j’ai pris mon premier cours sur place et je suis assez fière de dire que j’ai réussi à me tenir debout sur ma planche à plusieurs reprises pour me laisser porter par la vague jusqu’à la plage. Bon, j’ai aussi glissé comme une conne, bu la tasse, raté des vagues parfaites en tombant bêtement et arrêté au bout de 3/4 d’heure de leçon parce que j’étais épuisée. Mais c’était vraiment très sympa.

J’ai également fait une balade à cheval près de l’hôtel, à Eco Venao. Il s’agit d’un site de camping écolo qui mène un projet de reforestation dans les collines alentour. J’avais la possibilité de faire la balade seule, sans guide, mais vu l’aversion des Panaméens pour les panneaux et tout ce qui indique une direction, je me suis dit que c’était un coup à me perdre. Mon guide, qui ne parlait pas un mot d’anglais, m’a donc surtout servi à ne pas prendre à gauche au mauvais endroit. La balade était géniale, mais éprouvante : la route était très (très) escarpée et même en ayant un cheval relativement petit et agile qui en connaissait les moindres recoins, je me suis retrouvée plusieurs fois à me dire qu’il ne fallait mieux pas que je regarde en bas.

Nous avons repris la route pour rejoindre la maison secondaire du père d’Itza à San Carlos, dans la province de Coclé, après trois jours passés à Playa Venao. Il s’agit d’une toute petite maison pleine de charme dans un village de campagne qui s’active en semaine dès 06h30 le matin, comme nous l’avons appris lors de nos deux nuits sur place. Il n’y a d’eau chaude nulle part dans le village, il faut donc aimer prendre des douches froides. Quand les températures tournent aux alentours de 30°C, ça ne pose pas trop de problème.

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On en a profité pour acheter de quoi se faire un petit déjeuner typiquement panaméen : tortillas frites, oeufs, hojaldres cuites dans l’huile. Oui, vous l’aurez compris, la gastronomie panaméenne consiste à tout mettre dans de l’huile. C’est une cuisine monochrome, tout a la couleur de pâte frite, c’est fascinant, c’est bon, mais pas très diététique. Cependant, j’ai adoré les tortillas. ADORÉ. Heureusement que je ne vis pas sur place, je risquerais la crise cardiaque à 45 ans.

Nous avons un saut à Playa Blanca, non loin de là, pour découvrir que les méduses étaient arrivées avant nous et qu’il n’était pas très prudent de se baigner. Itza a sauvé quelques méduses (ou « agua mala » en espagnol, ce qui signifie « eau mauvaise ») en les remettant à l’eau et j’ai décidé qu’elle était la fille la plus courageuse que je connaisse.

De retour à Panama City, j’ai visité les lieux touristiques classiques : Casco Viejo et Panama Viejo, j’ai visité un musée, fait un peu de shopping pour ramener des souvenirs divers et variés comme des bijoux traditionnels indiens et une gravure précolombienne. L’arrêt par le canal de Panama étant obligatoire, j’ai aimé voir les écluses à l’oeuvre, même si nous avons raté le passage des bateaux les plus gros. Nous sommes allées à Gamboa, dans la jungle, avons fait coucou à Noriega en passant devant la prison où il est enfermé, avons visité un village traditionnel peuplé d’indiens Emberá-Wounaan et marché dans la jungle. En bonne occidentale, j’ai vu pour la première fois de ma vie un arbre à ananas :

Ananas

Je n’ai eu aucun problème à manger ni viande ni poisson, j’ai fait une cure de fruits exotiques, mais pas de mangues : elles n’étaient pas encore mûres, sniif. Ce sera pour la prochaine fois.

Panama City est une ville étrange. On a l’impression d’être aux États-Unis, il y a des gratte-ciels partout, les gens conduisent des gros 4×4, on trouve des KFC et des Tacos Bells à tous les coins de rue. Mais il reste des quartiers très populaires, voire des bidonvilles, un peu partout dans la ville. Il se construit de nouvelles routes partout, les immeubles et les centres commerciaux poussent comme des champignons et un métro devrait bientôt voir le jour. La ville se métamorphose, ça se voit et ça s’entend.

En tout cas, après ces onze jours passés au Panama, je me demande bien pourquoi j’ai choisi de prendre Allemand en LV2. Sincèrement. J’ai adoré la Patagonie du côté Chili, j’ai beaucoup aimé le Panama et j’aimerais bien visiter l’Équateur ou le Pérou un de ces quatre. Et surtout, il est peu probable que je parte en vacances en Allemagne un jour. Si mon neveu un jour me demande conseil pour savoir quelle langue choisir en LV2, si d’ici là on n’a pas inventé de traducteur universel, je lui dirai de choisir la langue parlée dans les pays qu’il a envie de visiter. Juste parce que j’aurais bien aimé avoir un peu plus de conversation que « gracias » et « por favor » !


Libération du corps

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Dans deux semaines, je serai sur une plage du Panama à me la couler douce. Je suis contente de dire que le fait de devoir me mettre en maillot de bain, tenue assez peu magnanime s’il en est et d’exhiber ma peau blafarde (pardon, d’albâtre) ne me pose plus autant de problèmes qu’il y a une dizaine d’années. Ce qui ne veut pas dire que je sois entièrement libérée du poids des regards et de la pression qui entoure l’image idéale de la femme, image complètement inatteignable.

La perspective de devoir se mettre en maillot de bain fait vendre des milliers de magazines féminins tous les ans aux alentours du printemps. Si vous les lisez, vous vous rendez rapidement compte que les vacances à la plage ne sont plus un plaisir, mais une véritable épreuve dont peu de femmes sortent indemnes.

Entre les exercices à faire trois mois avant pour raffermir des fesses, faire disparaître le bourrelet de trop, les gommages et les exfoliations pour « préparer au bronzage », l’auto-bronzant pour donner l’illusion qu’on n’a pas vécu dans une grotte pendant 9 mois, les maillots de bain flatteurs selon les silhouettes qu’il faut bien sûr acheter, les paréos, les sacs, les lunettes de soleil, les chapeaux, les huiles pour les cheveux indispensables pour toute femme qui se respecte, ces deux pauvres semaines de vacances se transforment en quête de perfection et en un allègement certain du porte-monnaie. N’oublions pas qu’il s’agit de vacances, le moment de l’année où on est censé se relaxer, oublier le train-train quotidien, mettre les doigts de pied en éventail et siffler des cocktails à 14h00 de l’après-midi, à l’ombre d’un parasol.

Mais rien n’est simple pour une femme. Il ne s’agit pas simplement de profiter du soleil et de la mer : il faut le faire avec un corps parfait, sans aucun poil, avec des cheveux bien nourris, une peau scintillante et une pédicure parfaite. Si vous ne répondez pas à ces critères, vous n’êtes pas une femme et vous vous soumettez au jugement des autres. Enfin, c’est ce qu’on veut nous faire croire. Ça m’a pris plusieurs années, je l’avoue, mais aujourd’hui je me fous bien de savoir si ma voisine de serviette est épilée, je me contrefous qu’elle soit ridée, que ses seins tombent ou que son ventre soit flasque. Je me fous même du moule-burnes de mon voisin de plage, de son ventre Heineken ou de ses trois poils sur le caillou. Leurs silhouettes « hors normes » (entendez, normales) ne m’agressent pas. Tant qu’eux ou leur progéniture ne hurlent pas dans mes oreilles, ils peuvent exhiber tout le gras et tous les poils qu’ils veulent, je m’en tape.

De la même façon, je me fous que mes pieds soient dans un sale état à cause du roller derby. Je me fous d’avoir des bleus aux cuisses, aux tibias, des rougeurs sur des jambes d’un blanc quasi fluorescent. Je refuse de complexer parce que je ne me suis pas épilée le maillot ou que j’ai du ventre et je ne m’affamerai pas pour avoir un « corps prêt pour le bikini ». Mon corps est prêt pour le bikini à partir du moment où j’en enfile un, de bikini.

Je ne dis pas que je ne vais pas me regarder dans la glace en soupirant quand je serai en maillot de bain, ni que je n’aurais pas envie de cacher mes pieds dans le sable. Je vais même sûrement un peu obséder sur ma cellulite. Ce n’est pas facile de se libérer de cette idée de corps lisse et jeune, quand il s’agit de la seule référence acceptée. Mais je sais que la seule chose qui m’inquiète réellement à l’approche de ces vacances, ce sont les coups de soleil et les piqûres de moustiques. Tout le reste est accessoire.


Adieu veau, vache, cochon (et tous les autres) !

Eat-No-MeatÇa faisait plusieurs mois que l’idée me trottait dans la tête, plusieurs semaines que j’y pensais sérieusement à chaque fois que je préparais à manger, plusieurs jours que j’ai pris la décision sans vraiment oser le dire à voix haute, voilà enfin que je l’écris : j’ai décidé de ne plus manger de viande ni de poisson. Je suis devenue végétarienne.

Pourquoi ?

Je me suis dit que je n’emmerdais pas assez les gens avec mon féminisme, il fallait que je passe à la vitesse supérieure que je les fasse chier aussi avec mon végétarisme. Deux causes mal vues en société valent mieux qu’une, non ? Hiihihihi.

En réalité, c’est le résultat d’un processus de réflexion qui a commencé l’année dernière, en Angleterre, quand je me suis rendu compte que nombre de mes copines de roller derby étaient soit végétariennes, soit carrément végétaliennes. Ma première réaction a été celle de beaucoup de gens, je crois : « Quoi, me passer de viande et de charcuterie ? Impossible, j’aime trop ça, vas-y, ressers-moi de cette délicieuse cottage pie ! »

Mais je me disais souvent que quand même, la viande c’est peut-être bon, mais qu’on en surconsommait et qu’en plus, elle était issue d’animaux maltraités et tués dans des conditions effroyables. Pourtant, je faisais déjà comme beaucoup d’autres personnes : je ne consommais que de la viande « bio », plus chère, mais issue d’élevages « éthiques », me disait-on, où les animaux voient la lumière du jour et mangent de la bonne herbe. Sauf que je savais pertinemment que toutes ces étiquettes « free range », « organic » n’étaient que des mensonges. La viande est peut-être moins bourrée de saloperies, mais le fait qu’il n’existe pas de manière « éthique » d’élever à la chaîne des animaux et de les tuer, aussi écolo que l’on veuille bien être.
Alors, j’ai commencé à en manger beaucoup moins et je me disais que ça suffisait, que je faisais ma part pour l’écologie et le bien-être des animaux. Un peu.

Le truc avec la consommation de viande, c’est qu’on oublie facilement qu’on mange des animaux qui ont été vivants à un moment donné. On se déconnecte complètement de ce qu’on a dans nos assiettes : quand on mange une escalope de veau, on ne voit pas le petit de la vache en train de téter sa mère, on ne voit que ce morceau de viande « délicieux » que l’on va manger avec des tagliatelles aux poivrons. C’est un mécanisme normal, très répandu et très difficile à combattre. On mange de la viande, on ne mange pas de cadavre.

S’il avait fallu que je tue moi-même les animaux dont je me suis nourrie depuis toutes ces années, que je fasse comme s’ils n’avaient pas peur, je serais devenue végétarienne depuis longtemps, je pense.

Mais je n’étais pas encore tout à fait prête à franchir le pas. Je me trouvais des excuses (j’achète de la viande chez des petits producteurs locaux ! je n’en consomme vraiment pas beaucoup !), je me disais que ce serait trop compliqué à expliquer à tous ceux qui me connaissent ; en fait, j’avais l’impression de trahir ce côté « bon vivant » qui me caractérise bien je crois, celui de la fille qui a toujours bon appétit, qui aime manger, déguster, parler de nourriture. Comme si les deux étaient incompatibles ! Parce que c’est comme ça que l’on présente les végétariens en France, comme des gens qui ne savent pas apprécier les petits plaisirs de la vie, des rabat-joies des agapes. Je continuais cependant à penser sérieusement au végétarisme.

Et puis quelque chose de surprenant m’est arrivé, something has changed within me, something is not the same… La viande et le poisson ne m’ont plus fait autant plaisir qu’avant. Alors, quand je me suis forcée à manger une demi-saucisse, le week-end dernier, quand mes beaux-parents sont venus nous rendre visite et que la mère de Sébastien avait apporté des produits du terroir auvergnat avec elle, j’ai compris que j’avais franchi le pas. J’ai compris que j’étais devenue végétarienne sans même m’en apercevoir.

Quelques jours plus tard, j’ai demandé à Sébastien ce qu’il penserait si je devenais végétarienne et il n’a pas été étonné du tout, il savait que j’y pensais depuis longtemps. Il a très bien pris la nouvelle, mais ça ne devrait pas me surprendre : c’est mon mec et il est génial. Dès que j’ai besoin qu’il me soutienne, il est là. Il se dit juste que nos choix de restaurants vont être un peu limités à Bordeaux et qu’il faudra penser à prévenir les gens qui nous inviteront à manger chez eux, mais il est avec moi à 100 %. Il se fiche bien de manger des plats sans viande le soir et le week-end, même si bien entendu je ne vais pas bannir la viande de notre appartement.

Depuis que j’ai pris ma décision, je me sens vraiment bien, c’est fou. J’ai rempli les placards de la cuisine de légumineux, de riz, de céréales diverses et variées, j’ai fait le plein d’épices, d’houmous. Je vais apprendre de nouvelles recettes, prendre de nouvelles habitudes. Non, la viande ne me manque pas. Non, je ne me sens pas plus fatiguée, au contraire, j’ai l’impression d’avoir plus d’énergie. Je ne considère pas cette décision comme une privation, c’est pour cela que ça se passe bien pour le moment.

Je me rends que je n’ai pas choisi le bon pays pour devenir végétarienne : à Brighton, les restaurants végétariens étaient nombreux et délicieux, et tous les restaurants proposaient au moins une entrée et un plat végétariens dans leurs menus. Sans oublier le magasin Infinity Food, véritable temple de l’alimentation végétarienne et végétalienne. Et puis soyons honnêtes, si j’avais décidé de devenir végétarienne en Angleterre, où 20 % de la population ne consomme déjà plus de viande ni de poisson, ça n’aurait surpris personne. Alors que je pense que je vais avoir droit à quelques « mais enfin ça ne va pas, tu vas avoir des CARENCES de ouf sans toutes ces protéines ! », « et la carotte, tu y penses à la carotte quand tu l’arraches du sol, elle ne souffre pas la carotte elle ? » et à d’autres réflexions qui me donneront l’impression de devoir me justifier. Mais je suis prête, ce n’est pas la première fois qu’on essaiera de me prouver que j’ai tort !

 


Boring life de tous les jours

Nous avons eu de très belles journées à Bordeaux, j’ai mangé deux fois en terrasse le midi et j’ai savouré chaque minute passée à lire mon bouquin au soleil avec une simple veste de printemps sur le dos. Il va de nouveau faire froid dans les prochains jours, mais je suis prête. J’ai fait le plein de chaleur.

De toute façon, je m’en fous, dans un mois je serai au Panama à me la couler douce avec ma copine Itza. J’ai acheté deux maillots de bain, j’ai fait le tri dans mes affaires d’été pour ne sélectionner que les vêtements les plus légers et rien que ça, ça me fait du bien, je me vois déjà en vacances. Sur la plage, un mojito à la main, en train de manger des mangues. Des mangues putain. Je ne crois pas avoir jamais plus envie de mangues qu’en ce moment.

J’ai lu le Bonheur conjugal, de Tahar Ben Jelloun et j’ai enchaîné avec Désolations, de David Vann. Deux livres qui parlent de couples qui se déchirent, d’histoires d’amour qui se désintègrent, de malentendus et de tromperies insupportables. Le week-end dernier j’ai vu Amour, de Michael Haneke. Il va absolument falloir que je lise un truc léger,  une histoire d’amour qui finisse bien, sans personne qui tombe malade, qui meurt, ou qui se suicide. Parce que là, c’est plus possible.

Côté séries, la saison 5 de Southland vient de reprendre et c’est toujours le meilleur copshow à l’antenne. Les nouveautés de la mi-saison ne font pas très envie. Do no harm n’a aucun intérêt, Zero Hour est tout bonnement ridicule, je me suis endormie au bout de 10 minutes de Cult et j’ai détesté The Following, même si apparemment ça s’améliore un peu par la suite. Si j’ai une nouvelle série à conseiller, c’est Banshee. Bon, c’est pas très fin. C’est même carrément brutal et primaire. Y’a de la violence et du sexe en proportion inquiétante et très graphique, mais c’est extrêmement jouissif, en tout cas de mon point de vue. Et il se pourrait que j’aie un problème.

Il reste des valeurs sûres : Enlightened et Girls. Je n’aurais jamais cru pouvoir aimer Girls un jour, mais cette deuxième saison est bien meilleure que la première, plus maîtrisée. Spartacus se débrouille plutôt pas mal avec l’arrivée de César et le nouveau grand méchant Crésus. Bon, comme c’est Spartacus, Crésus est un dieu du krav maga et César ressemble à Jax de Sons of Anarchy, mais bon… Je ne vais pas me plaindre.

Côté roller derby, ça envoie du steak. J’ai des bleus partout, je ne peux dormir ni sur le côté droit, ni sur le côté gauche en raison d’hématomes douloureux sous les hanches. Mais c’est cool, je m’amuse toujours autant.

Le dimanche matin, quand il fait beau, Seb et moi allons patiner au bord de la Garonne et je crois que rien ne me fait plus plaisir.

Un dimanche matin sur patins

Dimanche matin, c’est patins


Le contenu de nos assiettes

J’ai l’impression d’entendre parler de viande de cheval matin, midi et soir aux informations en ce moment. J’écoute Radio France toute la journée et dans tous les flashs info depuis huit jours, on me raconte la même histoire de viande de cheval qui s’est retrouvée, à notre insu, dans des plats préparés.

Le fait que notre système économique de libre échange favorise les pratiques frauduleuses en matière d’alimentation et qu’on se retrouve à manger des plats dont on ignore absolument tout de la composition devrait quand même nous faire réfléchir. Le scandale de la vache folle n’est pas très loin et pourtant, voilà qu’on autorise l’utilisation de farine animale pour les poissons. Seriously. Le nombre de cancers est en augmentation constante depuis des années, en particulier chez les enfants, les hommes sont de plus en plus infertiles et personne ne se demande s’il n’y aurait pas un rapport avec ce que l’on mange tous les jours ?

Pour en revenir à l’hippophagie, il est intéressant de dire qu’en Angleterre, manger du cheval (ou du lapin d’ailleurs) est tabou. D’ailleurs, seuls mes amis français sur Facebook ont fait des blagues sur le fait que le cheval, c’était le meilleur ami de l’homme, surtout dans son assiette, ah ah. Ça montre bien que manger du cheval, ce n’est pas si grave que ça pour un Français. En revanche, faites-lui manger de la viande hallal sans qu’il le sache et il descend dans la rue. Chacun ses priorités.

J’ai appris que la consommation de viande de cheval avait été populaire en France pendant un siècle environ, de 1880 à 1980. Avant cela, le cheval servait à beaucoup de choses, mais pas à nourir les gens. Un pape (Grégoire III)  en avait interdit sa consommation pour différencier les bons catholiques des mauvais. Et puis un peu de marketing aidant, elle s’est redéveloppée à la fin du 19e siècle jusque dans les années 80. Je me souviens avoir mangé du steak de cheval tous les mercredis pendant des années, quand j’étais enfant. Ça me paraissait normal et j’aimais même beaucoup ça. J’ai arrêté de le faire quand j’ai commencé à prendre des cours d’équitation et que mon regard sur les chevaux a changé. Partagez un galop dans la nature avec un cheval qui s’éclate et vous aussi vous n’aurez plus envie d’en manger, je peux vous l’assurer.

Mais qui voudrait manger Super Ted ?

Mais qui voudrait manger Super Ted ?

Attention, je ne prête pas de sentiments aux chevaux, ni même aux autres animaux domestiques et je sais parfaitement qu’une vache ou un cochon ne sera pas mieux traité qu’un cheval à l’abattoir. Je suis consciente de mon hypocrisie en la matière et ça m’embête beaucoup d’ailleurs, c’est pourquoi je cherche à diminuer considérablement ma consommation de viande, voire à l’arrêter peut-être entièrement un jour. Ce n’est pas facile, mais j’y travaille.

Je pense vraiment qu’on mange beaucoup trop de viande par rapport à notre réel besoin en protéines et que la production de viande est extrêmement polluante. Je pense aussi que cet excès de consommation entraîne la maltraitance inutile d’animaux pour le profit. Bien sûr, entre se faire découper dans un abattoir ou dévoré dans la nature par des prédateurs, c’est un peu kif-kif bourricot si je puis me permettre, mais alors que nous avons les moyens de tuer les animaux que nous mangeons sans douleur et sans peur, nous ne le faisons pas à l’heure actuelle. Du coup, on se retrouve avec du cheval et dieu sait quoi dans nos assiettes.

Je me dis parfois que Soleil Vert n’est pas très loin.


Sukkwan Island

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J’ai fait une pause dans la saga Bellefleur de Joyce Carol Oates pour lire Sukkwan Island de David Vann, recommandé par un certain Mr T. qui m’avait prévenue de la noirceur de cette lecture !

Comme je suis un peu masochiste, je me suis lancée et je l’ai quasiment lu d’une traite. Maintenant, il me faudra quelques jours pour m’en remettre.

Il est difficile d’en parler sans trop en révéler et ceux qui voudront le lire s’arrêteront tout de suite, mais j’ai envie de dire que j’ai été tellement choquée par l’événement clé de ce roman (p. 113) que j’ai dû relire le paragraphe qui le décrit une bonne dizaine de fois. Je n’arrivais pas comprendre, mon esprit refusait d’accepter ce qui était arrivé.

Sukkwan Island raconte l’histoire d’un père qui décide de se rapprocher de son fils de 13 ans en partant s’installer avec lui un an sur une petite île isolée de l’Alaska. L’ambiance est très étouffante dès les premières pages, parce que la nature y est hostile et qu’on se demande ce qui va bien pouvoir leur arriver, mais très vite on se rend compte que le pire des dangers réside dans l’âme tourmentée du père qui n’est pas à la hauteur et qui le sait.

Cet homme a gâché sa vie en se mariant à une femme qu’il n’aimait pas et qui ne l’aimait pas, qu’il a trompée, puis en se remariant à une autre femme qui n’aura pas réussi à le sauver de lui-même non plus. Son narcissisme et son obsession pour les conquêtes féminines l’ont empêché d’être un bon père et un bon mari, et en ont fait un homme dépressif et malade.

C’est sur les épaules de son fils de 13 ans que retombe la responsabilité du « mieux aller » de son père, responsabilité qu’il comprend très vite, comme beaucoup d’enfants je le pense. C’est lui qui porte son père, symboliquement et littéralement.

On a envie de lui dire de partir, vite, loin et de ne jamais repenser à son père, mais quand il décide de rester de peur de l’abandonner à un suicide certain, on le comprend. C’est là tout le talent de l’auteur, réussir à nous faire entrer dans la tête de ces deux personnages et à nous faire comprendre ce qui les traverse, alors qu’eux-mêmes ont du mal à mettre un mot sur leurs états d’âme.

L’écriture rapide, vive et sans dialogue m’a énormément plu. La description de la nature hostile qui les entoure est très convaincante et cette plongée dans l’âme humaine est peut-être glaçante, mais elle m’a parlé. Je recommande à mon tour vivement cette lecture.


Semaine pourrie

Screen-Shot-2012-05-25-at-11.03.48-AMSi je ne peux pas râler sur mon blog, je me demande bien à quoi ça sert d’en avoir un. J’ai donc décidé de faire la liste de tout ce qui est allé de travers cette semaine et de tout ce qui m’a frustrée et rendue particulièrement irritable. Seb, de son côté, pourra râler où il veut d’avoir dû supporter mes humeurs toute la semaine. Ça fait partie des joies de vie de couple.

Avant même qu’elle ne commence, je savais que la semaine serait tendue côté boulot : un projet de trad est tombé vendredi soir qui allait bien m’occuper pour les trois premiers jours de la semaine. Si je n’avais rien eu d’autre à faire, j’aurais pu le terminer tranquillement mercredi midi, mais voilà, quand on doit à côté faire de la gestion de projets et de l’admin, ça devient vite fastidieux de traduire à un rythme normal, du coup j’ai pris du retard, ce qui a tendance à m’énerver, et j’ai dû mettre les bouchées doubles, ce qui a tendance à me stresser.

Mardi soir, le frigo a commencé à montrer des signes de faiblesse, que j’ai d’abord mis sur le compte d’une suractivité dûe à la présence de roller derby girls chez moi pour une réunion au sommet, mais lorsque j’ai augmenté le thermostat mercredi matin et que la température n’avait pas bougé mercredi soir, j’ai su qu’on avait un gros problème. Le réparateur de Darty, contacté jeudi matin, n’a pas pu venir avant vendredi et son verdict a été sans appel : notre frigo, vieux de 3 mois, doit partir en atelier pour être réparé pour cause de grosse fuite. Ô joie. Bien entendu, ils ne peuvent pas venir le récupérer avant mardi. Bien entendu, la veille du début de la panne, j’avais fait le plein chez Picard. J’ai eu un pincement au coeur en jetant les trois litres de glace rhum raisin et de glace menthe-chocolat.

BREF. Toute la semaine, j’ai essayé de joindre le Centre National des Firmes Étrangères, département de l’URSAFF chargé des entreprises non domiciliées en France qui emploient des salariés habitant dans notre cher Hexagone. Toute la semaine, je suis tombée sur un répondeur me donnant les heures de permanence (de 09h à 11h30 et de 14h à 16h) en français, en allemand et en anglais, ainsi que leur adresse email (cnfe.strasbourg@ursaff.fr), ÉPELLÉE, oui, ÉPELLÉE dans les trois langues. Au bout de cinq minutes de ce délicieux message lu à une vitesse qui vous rendrait neurasthénique, le répondeur explique que personne ne peut répondre et vous raccroche au nez. Nice.

J’ai donc appelé l’URSAFF à Bordeaux, qui ignorait absolument tout de l’existence du CNFE, ce qui m’a fait beaucoup rire, et qui m’a conseillé après cinq minutes de recherche d’appeler l’URSAFF d’Alsace dont dépend le CNFE, ce que j’ai fait. Après avoir patienté un long moment que quelqu’un décroche ce putain de téléphone, je suis tombée sur une dame très sympa qui m’a expliqué, un peu désolée, qu’il n’y avait qu’une seule personne pour la permanence téléphonique du CNFE et que je ferais mieux d’envoyer un email. Quand je lui ai expliqué que j’en avais envoyé 5 en l’espace de deux semaines pour obtenir des réponses et que personne n’avait daigné me répondre, elle a été encore plus désolée. Mais pas autant que moi.

Je n’ai donc pas encore pu me payer de salaire et je sens bien que l’URSAFF va réclamer des thunes à la boîte rapidement. Parce que pour ça, quelque chose me dit qu’ils sont super efficaces. Je sais pas, une intuition.

BREF. J’appelle la CPAM d’Aquitaine pour voir si je peux enfin mettre à jour ma carte vitale maintenant que j’ai une déclaration d’embauche et un numéro de SIRET pour ma boîte,  mais je tombe sur quelqu’un qui me dit que je ne pourrais pas être couverte tant que je n’aurais pas envoyé ma première fiche de paye. Ah ouais mais je ne risque pas d’avoir de fiche de paye si l’URSAFF ne me répond jamais. C’est là que je découvre que ma carte européenne d’assurance maladie ne me couvre pas vraiment en fait, contrairement à ce que je croyais. « Ah mais non ma p’tite dame, il faut demander à l’organisme anglais de remplir un formulaire E104 », me dit-elle en substance. « Et ensuite on fera l’échange de vos droits avec l’Angleterre, sans ça marche pas. »

Ah tiens. Je ne suis donc pas couverte par la sécu. C’est con, j’ai dû aller voir le dentiste en urgence la semaine dernière et j’ai rendez-vous vendredi pour faire un devis des (nombreux) soins à faire, puisque les dentistes vus en Angleterre ont fait un très mauvais boulot. Ce qui est con aussi, c’est que dimanche c’est scrimmage  avec les filles du roller derby. Je me demande s’il est bien raisonnable d’aller faire un match amical…

Vendredi, j’explique ma situation au dentiste, qui compatit dès que je prononce le mot honni d’URSAFF et qui me propose de parer au plus urgent et de garder le plus coûteux (la pose d’une nouvelle couronne) pour la fin, en espérant que la sécu me couvre d’ici là et que je puisse trouver une mutuelle. Mais bon, j’ai quand même deux dents de sagesse à me faire arracher au plus vite… Ce qui va me coûter un certain prix.

BREF.

Pour terminer ce couinage qui fait du bien, ma nouvelle pilule progestative me donne des boutons, me fait mal aux seins, je suis gonflée de partout et comme elle n’arrête l’ovulation qu’au bout de quelques mois de prise (enfin normalement), j’ai eu le plaisir incommensurable de sentir mes ovaires faire leur boulot. Ça faisait bien 20 ans que ça ne m’était pas arrivé et ça ne me manquait pas du tout. Comme vous pouvez vous en douter, je me suis donc sentie au top de ma forme toute la semaine, super sexy, super sûre de moi, c’est bien simple, rien ne m’a fait trépigner d’énervement, rien ne m’a fait hurler toute seule dans mon bureau, rien ne m’a poussée à remplir un peu plus mon verre de vin du soir, j’ai été un modèle de sérénité.

Je me rends bien compte que rien de tout cela n’est grave, mais j’avais juste envie de l’écrire pour passer à autre chose et espérer que la semaine prochaine sera un tout petit peu moins merdique.