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Jonathan Richman

J’ai découvert Jonathan Richman au détour d’une chanson étonnante passée sur FIP, « I was dancing in a lesbian bar » , et j’ai immédiatement eu le coup de foudre pour cet artiste. Difficile de faire autrement en même temps, je vous laisse juge :

Jonathan chante comme s’il avait dix ans, joue de la guitare comme s’il était Django Reinhardt et danse comme moi quand j’ai trop bu. Il émane de lui une joie de vivre contagieuse. Il me fait penser à Flight of the Conchords, à Boby Lapointe et aux Frères Jacques, tous ces artistes qui aiment la musique, la langue et préfèrent faire rire que pleurer (ce qui est une entreprise bien plus difficile de mon point de vue).

En faisant quelques recherches, c’est-à-dire en tapant « Jonathan Richman » dans Google, j’ai appris qu’en plus d’être mignon comme un coeur, il avait fait partie d’un groupe précurseur du mouvement punk, les Modern Lovers. Et en tapant « Modern Lovers » dans YouTube, j’ai découvert une des meilleures chansons jamais écrites, « I’m straight » (ce qui ne signifie pas « Je suis hétéro » , mais plutôt « Je ne suis pas foncedé » ) :

Je veux dire. Quand même. Cette chanson. Elle ne vous hypnotise pas ? Vous n’avez pas envie de prendre la place de hippie Johnny vous aussi ?

Jonathan est un romantique comme je les aime. Il trouve que sa femme n’est jamais aussi belle que quand elle porte des « plain old everyday clothes » , des vêtements de tous les jours :

Sans oublier qu’il a truc pour les vampires de sexe féminin :

A-t-on jamais écrit de plus belles rimes que « Does she cook beans? Does she cook rice? Does she do ritual sacrifice? » (Est-ce qu’elle faire cuire des haricots, du riz ou qu’elle participe à des sacrifices rituels ?)

J’aurais bien aimé le découvrir dans les années 90. Ce gars aurait probablement changé ma vie.


Sugar in my bowl

J’ai vu Camille la première fois il doit y avoir 5 ans, lors du festival de Brighton. Les organisateurs avaient installé une « Spiegeltent« , une tente façon cabaret-cirque qui accueillait de nombreux artistes. Je ne connaissais rien d’elle, c’était mon amie Amanda qui m’avait traînée là un peu par hasard. Je suis vite tombée sous le charme : non seulement Camille reprend des chansons de poètes que j’adore, Nick Cave, Bowie, Cohen ou Tom Waits, mais elle reprend aussi du Brel et du Barbara, parce que sa mère est française et qu’elle a grandi avec ces chansons. Forcément, quand elle a repris la Chanson des Vieux amants, j’ai décidé qu’elle serait ma nouvelle coqueluche.

Je suis retournée la voir au Brighton Dome l’année, où elle m’a donné des frissons comme jamais en reprenant ma chanson préférée de Bowie, Rock’n’Roll Suicide.

Quand j’ai vu qu’elle revenait à Brighton pour le Fringe festival de cette année, j’ai guetté la mise en vente des billets, mais finalement, c’est Sébastien qui m’a fait la surprise en en achetant deux pour sa première performance.

Pas de Spiegeltent cette année, mais à la place, un lieu encore plus exceptionnel : une église. Comme je connais bien Camille, je savais qu’on avait plutôt intérêt à être au premier rang, pour absorber ses expressions de visage et son intensité. Oui parce qu’elle ne se contente pas de faire des reprises, elle interprète toutes ces chansons à sa façon, elle les habite et leur donne une nouvelle vie. Elle raconte une histoire.

On est donc arrivé en avance et on était super bien placé, à deux mètres de la scène, bien au milieu.

Elle est arrivée par l’allée centrale, enveloppée d’une cape rouge scintillante, puis elle a commencé par chanter Wake up, d’Arcade Fire. Bon forcément, j’ai commencé à pleurer comme une madeleine. Surtout au moment où elle chante « I can see where I am goin’ to be, when the reaper he reaches and touches my hand’. Ah putain ces paroles me font chialer à tous les coups.

Elle a enchaîné par un autre grand classique, très approprié ici, God is in the house, de Nick Cave. Superbe, superbe chanson. Je ne vais pas vous faire toute la playlist, mais sachez qu’elle a chanté Amsterdam de Brel a capella, In these shoes de Kirsty MacColl (toujours un régal, tant elle s’amuse avec le public et la chanson), pour finir par The Ship Song, une autre perle de Nick Cave, qu’elle nous a fait chanter en coeur avec elle.

Sébastien s’est un peu inquiété par moments, vu que je passais du rire aux larmes comme une folle, mais voilà, cette chanteuse, elle me touche. Le concert a duré deux heures et j’aurais bien aimé qu’il en dure 5. Aussi, j’aimerais bien devenir son amie, à Camille, parce que je sais qu’on a les mêmes goûts en matière de musique et qu’elle a l’air bien atteinte comme j’aime, il n’y a qu’à la voir faire le lapin sur scène ou miauler plutôt que de parler. Meooow Camille, meeeow.