Ça y est, c’est la fin de la case « Mademoiselle » dans les formulaires administratifs en France ! Ça fait juste deux siècles que le terme neutre « Ms » est utilisé partout en Angleterre et 40 ans que la case « Fräulein » a été supprimée des formulaires en Allemagne, mais bon, c’est la France, plus on a de trains de retard sur tout le monde et mieux c’est !
Personnellement je suis ravie de cette nouvelle, je pense qu’il est important de ne pas faire de différence administrative entre une femme mariée et célibataire puisqu’il s’agit là d’une donnée sur la vie privée qui ne regarde personne et qu’on ne demande pas aux hommes. Je ne veux pas interdire l’utilisation du mot « mademoiselle » dans le langage courant, je veux juste être libre de cocher « madame » sans qu’on me demande mon livret de famille pour prouver que je suis bien mariée (ce que je ne serai probablement jamais). D’ailleurs, cette différenciation est contraire à la loi. Tout comme le fait de prendre le nom de son époux en se mariant soit dit en passant… Eh oui, il s’agit d’une tradition (très très ancrée, jusque dans l’État civil) contraire à la loi du Code civil, qui stipule que personne n’a le droit de changer son nom : « aucun citoyen ne pourra porter de nom, ni de prénom autres que ceux exprimés dans son acte de naissance. Ceux qui les auraient quittés sont tenus de les reprendre ». Une femme mariée qui garderait son nom de famille ? Horreur malheur, je n’ose imager si on se battait pour faire appliquer cette loi-là ! Ou bien si on se mettait à encourager les hommes à prendre le nom de famille de leur épouse !
Non parce qu’à lire les réactions des gens sur Internet, en enlevant cette petite case de rien tout, c’est comme si le monde avait été mis sans dessus dessous, le nord au sud et les femmes vont se faire pousser des testicules, tout est perdu les féministes ont gagné et oh mon dieu la France court à sa perte. Non vraiment, ça fait peur.
Les gens sont d’une bêtise assez insondable. Je sais, ce n’est pas nouveau. Mais de les voir mélanger absolument tout et n’importe quoi dans ce débat me fait vraiment déprimer. Tout est très bien résumé ici d’ailleurs. Les gens ne réfléchissent pas, font des raccourcis, accusent les féministes de tous les maux et confondent égalité de traitement avec abolition des différences. J’ai l’impression de devoir le répéter tous les jours, mais en tant que féministe, je ne veux pas abolir les différences entre les êtres humains (il y a d’ailleurs, à mes yeux, autant de différences entre une femme et un homme qu’entre deux hommes ou deux femmes), je veux que les femmes soient traitées de façon égale avec les hommes. C’est pourtant pas compliqué à comprendre. Et oui, se débarrasser de cette case, c’est un pas de plus sur ce chemin. Chères amies, demandez-vous tous les jours : si j’étais un homme, me poserait-on cette question ? » « Si j’étais un homme, m’aurait-on fait cette réflexion ? » et vous verrez très rapidement que nous sommes loin d’être dans une société égalitaire. Mes amis peuvent faire la même chose d’ailleurs, parce que les hommes souffrent aussi des stéréotypes que cette société patriarcale impose. Quand les femmes autour de vous remettent en cause votre capacité à séparer le blanc de la couleur, à cuisiner, à changer des couches, à se souvenir d’une date de mariage, quand elles affirment que vous préférez travailler plutôt que de vous occuper de vos mômes et que de toute façon, vous êtes bien incapable de savoir si un bébé a faim ou pas, posez-vous la question : « si j’étais une femme, est-ce qu’on insinuerait que pour ce qui touche au foyer, je suis à peine plus évolué qu’une amibe et tout juste capable de fonctionner en tant qu’être humain ? ».
Il est long le chemin vers une égalité de traitement et vers la fin de ces stéréotypes qui nous bouffent la vie et empêchent 80% des gens de réfléchir deux minutes et de remettre en question les cases que la société leur impose, avec leur bénédiction en plus ! Car oui, le plus triste dans cette histoire, c’est que les plus fervents opposants à la disparition du « mademoiselle » semblent être… des femmes. Comme cette idiote de chez Elle. La Boétie appelait ça la Servitude volontaire…