Archives mensuelles : février 2012

Sexisme ordinaire

Ça y est, c’est la fin de la case « Mademoiselle » dans les formulaires administratifs en France ! Ça fait juste deux siècles que le terme neutre « Ms » est utilisé partout en Angleterre et 40 ans que la case « Fräulein » a été supprimée des formulaires en Allemagne, mais bon, c’est la France, plus on a de trains de retard sur tout le monde et mieux c’est !

Personnellement je suis ravie de cette nouvelle, je pense qu’il est important de ne pas faire de différence administrative entre une femme mariée et célibataire puisqu’il s’agit là d’une donnée sur la vie privée qui ne regarde personne et qu’on ne demande pas aux hommes. Je ne veux pas interdire l’utilisation du mot « mademoiselle » dans le langage courant, je veux juste être libre de cocher « madame » sans qu’on me demande mon livret de famille pour prouver que je suis bien mariée (ce que je ne serai probablement jamais). D’ailleurs, cette différenciation est contraire à la loi. Tout comme le fait de prendre le nom de son époux en se mariant soit dit en passant… Eh oui, il s’agit d’une tradition (très très ancrée, jusque dans l’État civil) contraire à la loi du Code civil, qui stipule que personne n’a le droit de changer son nom : « aucun citoyen ne pourra porter de nom, ni de prénom autres que ceux exprimés dans son acte de naissance. Ceux qui les auraient quittés sont tenus de les reprendre ». Une femme mariée qui garderait son nom de famille ? Horreur malheur, je n’ose imager si on se battait pour faire appliquer cette loi-là ! Ou bien si on se mettait à encourager les hommes à prendre le nom de famille de leur épouse !

Non parce qu’à lire les réactions des gens sur Internet, en enlevant cette petite case de rien tout, c’est comme si le monde avait été mis sans dessus dessous, le nord au sud et les femmes vont se faire pousser des testicules, tout est perdu les féministes ont gagné et oh mon dieu la France court à sa perte. Non vraiment, ça fait peur.

Les gens sont d’une bêtise assez insondable. Je sais, ce n’est pas nouveau. Mais de les voir mélanger absolument tout et n’importe quoi dans ce débat me fait vraiment déprimer. Tout est très bien résumé ici d’ailleurs. Les gens ne réfléchissent pas, font des raccourcis, accusent les féministes de tous les maux et confondent égalité de traitement avec abolition des différences. J’ai l’impression de devoir le répéter tous les jours, mais en tant que féministe, je ne veux pas abolir les différences entre les êtres humains (il y a d’ailleurs, à mes yeux, autant de différences entre une femme et un homme qu’entre deux hommes ou deux femmes), je veux que les femmes soient traitées de façon égale avec les hommes. C’est pourtant pas compliqué à comprendre. Et oui, se débarrasser de cette case, c’est un pas de plus sur ce chemin. Chères amies, demandez-vous tous les jours : si j’étais un homme, me poserait-on cette question ? » « Si j’étais un homme, m’aurait-on fait cette réflexion ? » et vous verrez très rapidement que nous sommes loin d’être dans une société égalitaire. Mes amis peuvent faire la même chose d’ailleurs, parce que les hommes souffrent aussi des stéréotypes que cette société patriarcale impose. Quand les femmes autour de vous remettent en cause votre capacité à séparer le blanc de la couleur, à cuisiner, à changer des couches, à se souvenir d’une date de mariage, quand elles affirment que vous préférez travailler plutôt que de vous occuper de vos mômes et que de toute façon, vous êtes bien incapable de savoir si un bébé a faim ou pas, posez-vous la question : « si j’étais une femme, est-ce qu’on insinuerait que pour ce qui touche au foyer, je suis à peine plus évolué qu’une amibe et tout juste capable de fonctionner en tant qu’être humain ? ».

Il est long le chemin vers une égalité de traitement et vers la fin de ces stéréotypes qui nous bouffent la vie et empêchent 80% des gens de réfléchir deux minutes et de remettre en question les cases que la société leur impose, avec leur bénédiction en plus ! Car oui, le plus triste dans cette histoire, c’est que les plus fervents opposants à la disparition du « mademoiselle » semblent être… des femmes. Comme cette idiote de chez Elle. La Boétie appelait ça la Servitude volontaire…


Endolorie

Je crois bien n’avoir jamais fait autant de sport de ma vie. Entre le roller derby qui me prend en moyenne 4h par semaine, le cheval qui m’en prend 1h30 et l’entraînement de fond que le Sergent instructeur Seb me fait subir le week-end (pour éviter les blessures, me dit-il, et il a raison), je tourne à 6 heures de sport relativement intensif par semaine. Et ceux qui pensent que l’équitation n’est pas fatigante se trompent lourdement : on travaille autant que le cheval (plus même parfois, quand le canasson est un peu fainéant), et on travaille avec le corps tout entier, pas juste les jambes et les mains. Quant au roller derby, je crois avoir déjà parlé de l’intensité de l’entraînement : on n’est pas là pour se remettre de l’eye-liner et du rouge à lèvres entre deux tours de piste. On sue, on tombe, on se fait des bleus et on se relève pour retourner au contact : une séance sans avoir les cuisses en feu n’est pas une bonne séance.

Les bleus me font très plaisir, il faut l’avouer, comme du temps où je faisais du karaté ou du kickboxing. Ce n’est pas du masochisme (ou peut-être que si, allez savoir), mais plutôt une façon de me prouver que je suis bien une « warrior ». Même si, il faut l’avouer aussi, les lendemains d’entraînement intensif, je fais moins la maligne.

Après un mois de « vrai » sport, de sport où on se dépasse vraiment, où l’on va au-delà de ses limites (le contraire des petites séances gentillettes de natation ou de vélo que je pouvais faire en comparaison avant), je sens mon corps se transformer, mes jambes se renforcer, mon dos être plus costaud, mon agilité s’améliorer aussi. C’est un vrai plaisir, contrairement à ce que je pouvais penser du temps où le seul sport que je pratiquais consistait à vider des pichets de margarita.

D’ailleurs je m’en vais me faire un peu plus mal ce soir… Sixième séance d’entraînement de Fresh Meat !


The Descendants

Nous avons donc profité de notre week-end à Bath pour aller au cinéma, chose que nous ne faisons plus vraiment à Brighton. Le cinéma du centre ville que j’avais repéré avait deux films à l’affiche : The Descendants, avec George Clooney et The Woman in Black, avec Harry Potter. Je n’ai rien contre Daniel Radcliffe, mais bon, comme dirait Han Solo à Luke : « Prends ta pelle et ton seau p’tit gars, et va jouer ».

J’étais un peu anxieuse à l’idée de voir ce film : Alexander Payne, le réalisateur, a la fâcheuse tendance d’écrire des personnages masculins imbuvables entourés de personnages féminins hystériques à la limite de la caricature (j’ai vraiment détesté Monsieur Schmidt, j’ai trouvé Sideways sympathique, sans plus). Heureusement, il se rattrape avec The Descendants. Les personnages féminins sont très soignés et très riches et le personnage principal, joué par George, n’est pas un de ces losers qui se croient plus intelligents qu’ils ne le sont. C’est juste un père qui ne s’est pas rendu compte qu’il s’était éloigné de sa famille (« je suis le parent de secours », dit-il au début du film, en opposition au « parent principal », sa femme, dans le coma après un accident de ski nautique). Il réapprend à communiquer avec ses filles, 17 et 10 ans, il comprend qu’il s’est trop consacré à son travail. Ça peut paraître un peu léger comme point de départ, pourtant Alexander Payne arrive à en faire un beau film, profond, touchant, dans lequel aucune scène ne semble artificielle ni contrainte par les besoins du scénario. Sa fille de 17 ans se révèle être un véritable pilier et sa fille de 10 ans, une pré-ado excentrique. Les décors n’ont rien de paradisiaque, les maisons ont toutes des airs vieillot, elles sont mal entretenues, les intérieurs sont mal rangés et les gens s’habillent tous comme s’ils sortaient d’un épisode de l’Île fantastique. J’ai beaucoup apprécié cette touche de réalisme, en particulier dans les scènes à l’hôpital.

Le film ne manque pas non plus de légèreté et de drôlerie, et Shailene Woodley, qui joue la fille aînée, m’a vraiment épatée. Difficile d’imaginer qu’elle puisse jouer dans cette  série  ultra réac qu’est La vie secrète d’une ado ordinaire (Secret life of the American teenager). Il faut vite vite vite qu’elle se trouve autre chose.

Quant à George, il s’en sort vraiment bien, mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’il mériterait un Oscar. Parfois j’ai l’impression que l’Académie adore tellement que ses stars « s’enlaidissent » qu’elle est un peu aveuglée…

Un film que je suis ravie d’avoir vu !


Cinquième session – où je crache mes poumons

Bon, ça fait 2 ans et demi que j’ai arrêté de fumer. Je pensais que mes poumons s’étaient remis des années de pollution que je leur avais fait subir. Apparemment, non. À la fin de cet entraînement, et encore aujourd’hui, je tousse comme une vieille asthmatique qui fait de l’emphysème et qui fume ses 20 clopes par jour.

 Nous avons donc commencé par 2 min de sprint, puis 2 min à patiner pliée en deux près du sol, prête à le toucher à chaque coup de sifflet, de démarrage sur les pointes, puis toujours la pace line. Pour enchaîner avec le fameux « 25 in 5 », « 25 tours en 5 min », une des épreuves à réussir pour avoir le droit de rejoindre la ligue. Vain dieu. J’ai réussi à en faire 23, ce qui est franchement miraculeux quand on sait qu’il y a encore deux semaines, j’avais du mal à faire des cross-overs dans les virages ! Avec un peu plus d’entraînement et de meilleures trajectoires (je suis sortie de la piste un peu trop souvent), je pense que je pourrais y arriver. Enfin si je ne fais d’arrêt cardiaque d’ici là… J’avais les poumons en feu.

On a continué à s’entraîner au slalom, au saut (gros gros blocage psychologique de ma part sur le saut), aux blocages, et j’ai pris une belle gamelle qui me vaut une fesse douloureuse aujourd’hui.

Je ne pouvais pas rêver meilleure façon de passer la St Valentin en fait.

Samedi, les Brighton Rockers affrontent les Batter C Power (de Londres) à Shoreham, j’ai vraiment hâte de pouvoir porter mon Tshirt de fan et de les voir jouer. Leur dernier match (ou bout) a eu lieu en octobre alors que j’étais en vacances à Sète. Go Brighton Rockers!!


Bath

Après 3h30 de trajet dans deux trains à la pointe de la technologie (sentez l’ironie dans mon ton), nous sommes arrivés hier après-midi à Bath, ville de Jane Austen, des bains romains et des abbayes gothiques. Il fait froid, comme partout dans l’Angleterre, et il a même neigé le matin de notre arrivée.

Nous allons à pied à l’hôtel, qui est à 1/2 mile de la gare et posons nos affaires dans le City Pad que nous avons réservé (un mini-appartement, à deux pas de l’hôtel principal, pour le même prix qu’une grande chambre double dans le même hôtel, qui était plein). Le plan, c’était d’aller directement au spa. Ca faisait un moment que j’en parlais à Seb, que je lui disais que j’avais hâte de me plonger dans les eaux thermales de Bath, qu’ils avaient le même système de bracelet électronique et de casier qu’au Blue Lagoon, en Islande, blabla, ça va être trop bien, blabla. Mais malgré tout cela, au moment d’arriver à l’hôtel, de poser nos affaires et de prendre de quoi aller au spa, Sébastien me fait remarquer, de façon très détendue, en sortant de la salle de bain : « Je pense à un truc. Pour aller au spa, il faut un maillot de bain, c’est ça hein ? »

Banco. Il avait oublié son maillot de bain. Je ne peux m’empêcher de partir dans un fou rire. Au moins il prend toutes ses responsabilités et ne m’accuse pas d’avoir oublié de lui dire qu’il fallait prendre son maillot, je lui en suis très reconnaissante. En sortant, je demande à l’hôtesse d’accueil où acheter des maillots de bain pour homme, et elle m’indique un BHS au coin du spa en question. Heureusement pour nous, on lui trouve un maillot de base et on file au spa. Il est 16h45.

On prend deux entrées pour 2 heures de spa, bam, £60 en tout, je trouve ça un peu reuch, mais après tout ça a l’air vraiment beau et luxueux. On décide de commencer par les steam rooms (hammam), au 3e étage, et je commence déjà à remarquer un truc qui cloche : il y a beaucoup trop de couples. Beaucoup, beaucoup trop. On hésite à aller sur la piscine chauffée du toit, mais vu le froid et ma tendance à chopper des angines (comme la dernière fois en Islande), on passe et on va directement dans le bain Minerva, au sous-sol. Et là, grosse déception. A cause du froid, les thermes ne peuvent pas être chauffées normalement et l’eau est juste tiède. En plus, les bains sont remplis de couples de 25 ans qui se bécotent amoureusement. On est clairement les plus vieux. Et franchement, on a passé l’âge de se rouler des palots en public dans une piscine. Quant à moi, la cynique que je suis ne peut s’empêcher de se sentir légèrement nauséeuse à cette démonstration gluante de faux « amour », l’amour de films romantiques, codifié, sans âme. Je me demande même combien de demandes en mariage auront lieu ce soir parce que c’est le week-end avant la Saint Valentin et qu’on se trouve dans une ville aux allures romantiques. Beurk.

Franchement, pour £15 par heure par personne, je trouve que le lieu manque un peu de tout : d’options et de place surtout. Nous n’avons pas accès à grand chose avec notre entrée normale. J’avais essayé de réserver des massages et des traitements, mais tout était déjà plein (c’est booké 6 semaines à l’avance, ma pauvre dame, m’avait-on dit en substance). Les douches ne sont pas ergonomiques, l’eau encore une fois était juste tiède, bref, l’expérience n’a pas été probante. Ce n’est pas de si tôt qu’on reviendra. Mais on se dit qu’un vrai spa à Brighton aurait énormément de succès, c’est étrange que personne n’ait essayé d’en ouvrir un.

On ressort à 18h00 et vu le froid, on court se réfugier au pub le Raven, près de notre hôtel, un très ancien pub recommandé par Amanda. Effectivement, il ne manque pas de charme et l’ambiance est vraiment sympa. La bière spécialement brassée pour le pub, la Raven’s gold, est délicieuse. On opte pour manger sur place, le menu comporte des pies (tourtes) préparées par Pieminister. Là, on discute avec un type d’une soixantaine d’années qui mange à côté de nous et qui se présente comme étant un troubadour. Il nous raconte qu’il écrit des poèmes et des chansons et qu’il les chante au Raven et dans d’autres pubs du coin. Il participe également aux soirées « storytelling » (« contes ») de la région. C’est un hippie un peu désabusé, mais gentil. Il nous demande de parler de Brighton, de la France et on essaye de lui expliquer pourquoi, contrairement à ce qu’il pense, l’Angleterre n’est pas si horrible que ça.

Puis à 20h00, on se rend au Little Theatre pour voir The Descendants, avec George Clooney. C’est un petit cinéma indépendant, avec deux salles uniquement, très chouette. Bien entendu, le public est plutôt dans la cinquantaine, chic et très blanc. Je me dis que plus bobo que ça, c’est difficile. Mais en même temps, c’est toujours mieux que les Multiplex… Le film nous plaît beaucoup à tous les deux, je suis ravie d’être allée le voir.

Au programme d’aujourd’hui : m’acheter une doudoune (j’ai vraiment trop froid), acheter un pull à Seb, aller visiter l’Abbaye et les bains romains. Ce soir, j’ai réservé une table à l’Olive Tree…


Quatrième session – Artic style

Je ne crois pas avoir jamais eu aussi froid de ma vie mardi soir. À Roller Central, il devait faire à peine 10°C. Mais au bout de quelques minutes d’entraînement, on commence à avoir chaud, tout va bien, une deux, une deux, on s’active. C’est quand il faut repartir que c’est une autre histoire. Vous savez, quand vous avez transpiré et que la sueur refroidit plus vite que le reste du corps. À 22h05, quand j’ai franchi la porte de l’entrepôt pour aller rejoindre la gare de Shoreham et que le froid m’a piqué les yeux, je savais que j’allais attendre le train de 22h25 avec beaucoup, beaucoup d’impatience (et de sauts sur place). C’était la nuit la plus froide de la semaine, d’après BBC Weather. -5°C. J’avais l’impression qu’il faisait -10°C (c’est l’effet sueur froide ça). Avec d’autres fresh meat et des filles de l’équipe, on se retrouve sur le quai et on contemple l’idée d’aller au pub boire une bière en attendant le train pour Brighton, mais on renonce de peur de rater le dit train.

On réussit à ne pas mourir de froid pendant ces 20 minutes, mais une fois dans le train, on réalise avec horreur qu’il n’est pas chauffé. Je répète : PAS CHAUFFÉ. En hiver. Quand il fait des températures négatives. Forcément je me plains, en bonne française, et on me répond, en bonne anglaise, « c’est normal, c’est un vieux train ». Alors on serre de très près nos sacs de sport et on se réchauffe comme on peut. Pour les consoler, je leur dis qu’il fait -15°C en pleine journée chez mes beaux-parents en ce moment. Ça les calme. Je découvre aussi que les parents (anglais) de l’une des fresh meat habitent à Clermont-Ferrand, là où j’ai fait mes études… Ze world is small.

Même la douche bouillante de 10 minutes à la maison n’a pas suffit à me réchauffer entièrement. Sa mère.

Sinon, à part ça, l’entraînement s’est bien passé, on a bossé nos cross-over (croiser les patins dans les courbes), le slalom et le travail de pack (patiner les unes collées aux autres, combler les trous qu’il pourrait y avoir, éviter de trébucher sur les filles qui tombent, éviter de s’accrocher à quelqu’un quand on tombe), c’était très chouette, j’ai eu l’impression de faire du derby pour la première fois.

Mais je vais penser à investir dans une doudoune de ski pour l’hiver moi.


J’ai serré la main de Ron Howard

Hier soir Sébastien et moi sommes allés à Londres pour assister à un match de roller derby. J’avais pris des billets VIP pour l’occasion, c’était un peu mon cadeau de Noël : nous serions confortablement installés, avec une vue imprenable sur la piste et des serveuses en patins qui nous apporteraient nos boissons. Le pied.

On s’installe donc, je commande deux cidres et nous regardons le programme. Il y a beaucoup de monde déjà et l’ambiance est survoltée. Je me retourne, et là, au milieu de la section VIP, je vois une silhouette connue : un type roux avec une casquette. Oh bon sang. « C’est Richie ! » dis-je à Sébastien. « C’est le narrateur et producteur d’Arrested Development » ! Oui, sous le coup de l’émotion, je n’ai pas réussi à retrouver son nom tout de suite. « Meuh non, c’est pas lui, il n’a pas l’air vieux, il est vieux quand même Richie non ? » Alors je google « Ron Howard twitter » et qu’est-ce que je vois : Ron Howard est à Londres pour un tournage. « Mais qu’est-ce qu’il viendrait faire à un match de roller derby ? », me demande Seb, toujours aussi sceptique. « Mais j’en sais rien, il a bon goût, il a produit Arrested Development ! ». Plus je le regarde et plus j’en suis sûre, c’est lui, c’est bien lui.

Ron Howard

Le match commence. J’essaye de ne pas me retourner toutes les 5 min pour vérifier qu’il est toujours là. C’est décidé, j’irai lui parler à la mi-temps ! Je commence à avoir chaud et ma pression artérielle augmente. Sébastien me conjure de respirer un bon coup, sous peine de me faire passer pour une fan un peu dérangée. La mi-temps arrive, Ron Howard et ses deux amis se lèvent pour aller faire un tour sur les stands. J’attends fébrilement qu’ils reviennent. Et puis les voilà. Je m’approche sans trop savoir ce que je vais dire, je suis rouge pivoine, mais je m’en fous. Voilà notre échange :

« Hi, I’m sorry to bother you, I just want to say I’m a huge fan, it’s really a pleasure to meet you.
(Là, il me serre la main)
– Oh, hi, thank you!
– Arrested Development is my favorite comedy.
– Thank you!
– Are you enjoying your evening? (dis-je en essayant de ne pas trop trembler)
– Very much yes, it’s good fun! Do you like roller derby?
– I’m in love with roller derby ever since I saw a bout in Texas last year!
– Where in Texas?
– Austin!
(Un de ses amis prend la parole) – Austin, wow, it must have been rock’n’roll!
-Yes it  was! Well I don’t want to bother any longer, have a great evening!
– Thank you! You too! »

Et voilà. Je n’ai pas osé lui demander de se faire prendre en photo avec moi, mais le coeur y était. Je ne voulais vraiment pas le déranger en fait. Je suis retournée à ma place et j’étais aux anges. J’ai serré la main de Ron Howard. Je lui ai dit qu’Arrested Development était ma comédie préférée (ce qui est le cas, je n’ai même pas eu besoin de mentir) et il m’a serré la main et m’a souri. Il était adorable, tout comme ses deux amis qui l’accompagnaient : aucun d’entre eux n’a eu l’air contrarié que je vienne les déranger. C’était magique.

Ultraviolent Femmes vs Tiger Bay Brawlers

Tiger Bay Brawlers

Bon sinon le match était à la hauteur de ma soirée ! Les Ultraviolent Femmes, Kamikaze Kitten en tête, ont prodigieusement bien joué et les Tiger Bay Brawlers se sont très bien défendues, le score était assez serré en première mi-temps. À la fin, Seb et moi nous avons même rejoint le public qui s’était mis en cercle autour de la piste pour serrer la main des joueuses. En plus d’avoir serré la main de Ron Howard, j’ai serré la main de Kamikaze Kitten !! On ne pouvait pas rêver soirée plus parfaite.


Troisième session d’entraînement

Ça y est, on a appris à faire des whip !! Qu’est-ce que c’est qu’un whip ? C’est une façon de donner de la vitesse à une coéquipière, tout simplement. Bon, c’était un peu bizarre au début, je ne savais pas si je devais pas attraper le bras de ma partenaire à deux mains, comment me placer, mais au bout d’un moment c’est devenu plus naturel et j’ai réussi à recevoir quelques bons whips et à en donner des corrects. Le seul problème c’est que ma partenaire (une ancienne joueuse de l’équipe de roller derby, aujourd’hui dissoute, d’Eastbourne), doit faire 45 kilos toute mouillée, du coup j’avais peur de lui déboiter l’épaule à chaque fois que je recevais un whip de sa part. Et en retour, je lui ai fait couvrir de belles distances.

L’échauffement a été moins intense que la semaine dernière et on a passé plus de temps sur nos skates, en particulier dans la « pace line ». On a fait du sprint, je me suis mise dans le groupe des « fast » (ouais bon l’autre groupe c’était « faster » et le dernier, « fastest ») parce que je ne suis pas encore très à l’aise quand je vais vite, surtout dans les virages. Je m’en suis plutôt pas mal sortie, j’ai fini par croiser mes patins en fin de virage, j’ai pris un peu d’assurance. Bien sûr, dans le groupe des « fastest », il y avait une super jammeuse de l’équipe, Rose Bleed, et bon sang elle a mis un tour d’avance à tout le monde dans le groupe, facilement, sans forcer. C’était impressionnant.

Pas mal de Fresh Meat manquaient à l’appel, peut-être à cause du froid, peut-être à cause des courbatures de la semaine dernière. Ça me rassure un peu, on ne sera sûrement pas 40 à essayer de rentrer dans l’équipe à la fin des 12 semaines d’entraînement…

Demain, on va à Londres pour assister à deux matchs (ou bouts, comme on dit en roller derby), les Tiger Bay Brawlers contre les Ultraviolent Femmes et les  Harbour Grudges contre les Suffra Jets. Je tâcherais de faire quelques photos potables !