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Pourquoi j’irai manifester samedi

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Je suis hétéro, le mariage n’a jamais été une priorité pour moi, je n’en ai jamais rêvé. Je ne me suis jamais vue en robe blanche, encore moins avec un bouquet de fleurs, dire « oui » à Sébastien alors que ça fait 18 ans qu’on est ensemble et qu’on s’est encore dit récemment qu’on avait hâte d’être des petits vieux ensemble. Ni lui ni moi ne voulons d’enfant. Nous n’avons pas de projet immédiatement d’achat d’un appartement ou d’une maison. Nous n’avons vraiment aucune raison objective de nous marier, notre situation actuelle nous convient parfaitement.

Pourtant, samedi, j’irai manifester à Bordeaux pour le mariage pour tous, pour l’égalité des droits et pour prouver aux gens qui pensent qu’ « un papa, une maman, y’a pas mieux pour un enfant » qu’ils ne sont pas majoritaires, loin de là.

Cet idéal de la famille hétérosexuelle a fait plus de dégâts qu’elle n’a apporté de réconfort et de sécurité au fil des générations. On ne peut pas toujours savoir à quoi notre vie va ressembler. On ne peut pas tous suivre les voies toutes tracées de ces couples qui se marient à 20 ans, qui font deux enfants avant de souffler leurs 30 bougies, ont de préférence un garçon et une fille, et qui restent ensemble jusqu’à la mort, comblés d’amour.

Ces familles, j’ai presque envie de dire qu’elles n’existent pas. À la télé, peut-être, mais pas dans la vraie vie ! Dans la vraie vie, il y a des couples qui se marient par amour, d’autres par convention, des couples qui ne s’aiment qu’un temps seulement, des couples qui restent ensemble « pour les enfants », mais qui ne se parlent plus ou se détestent en silence et font au final plus de dégâts qu’un divorce. Il y a des couples que la mort sépare. Il y a des pères et des mères qui prennent la poudre d’escampette. Il y a des couples en apparence bien sous tous rapports qui cachent violences verbales, violences physiques et inceste. Il y a des familles unies dont les enfants sont profondément malheureux, prennent de la drogue et finiront en taule ou à la morgue. Il y a des enfants à qui l’on ment depuis qu’ils sont nés « pour les protéger » et qui, découvrant la vérité, doivent se reconstruire. Il n’y a pas de famille idéale, il n’y a que des familles qui font ce qu’elles peuvent.

Le fait d’être élevé par un papa et une maman ne garantit pas d’être équilibré et bien dans ses baskets. Ça se saurait si c’était le cas. L’être humain est bien trop complexe pour être réduit à une équation « papa+maman=tout va bien ».

Il me semble qu’un enfant ne se construit pas seulement grâce à ses parents, il se construit avec et contre eux (surtout à l’adolescence), il se construit avec l’entourage des parents, leurs amis, leurs familles, les autres enfants autour d’eux, l’école. Un enfant se construit aussi tout seul, mais ça, de nombreux parents ne sont pas prêts à l’accepter… Avoir peur qu’un enfant connaisse le manque de « l’amour maternel » en étant élevé par deux hommes ou dire que l’absence de « figure paternelle » est un danger, c’est se tromper complètement sur ce qui permet à un enfant de grandir sereinement. Un enfant a surtout besoin d’être aimé et respecté.

Ils me font rire avec leurs histoires de « complémentarité » et « d’équilibre des pouvoirs » qui disparaîtraient si un couple de parents homosexuels élevaient des enfants. Ils veulent vraiment nous faire croire que deux papas ne peuvent pas apporter assez d’amour et que deux mamans en apporteraient trop ? Bonjour les clichés sexistes. Dans leur esprit bien à l’étroit, il existe tellement de différences entre un homme et une femme qu’il leur est tout simplement impensable qu’un homme puisse être aussi aimant qu’une femme ou qu’une femme puisse faire preuve d’autorité sur un enfant. Je trouve ça d’une tristesse absolue. Pour moi, il y a autant de différences entre un homme et une femme qu’entre deux hommes ou deux femmes. Nous sommes tous des individus uniques, avec nos différences propres. Arrêtons un peu de penser que les hommes et les femmes viennent de deux planètes différentes, le monde s’en portera mieux… Et sera plus en phase avec la réalité.

Samedi, à 14h, je serai donc Place de la Comédie à Bordeaux pour manifester. Et j’espère que nous serons nombreux dans ce cas-là.


À nous deux, 2013

Je ne peux pas vraiment utiliser l’adverbe « bien » pour décrire la façon dont 2013 a commencé. J’ai trop bu à la Saint Sylvestre, me suis écroulée à 00h30 pour me réveiller à 2h30 en ayant loupé de nombreuses parties de 7 Wonders, ce qui a de quoi énerver, vous en conviendrez. Le lendemain matin, j’avais un train à 10h50 pour Brive, qui devait ensuite me conduire à Bordeaux en 5h30, un temps relativement raisonnable, sauf quand on a la gueule de bois et qu’on a qu’une seule envie : rentrer chez soi se coucher et geindre. Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.

Je peux, en revanche, taper un peu sur la SNCF, qui avait décidé ce jour-là de supprimer le seul train faisant Brive-Bordeaux de la journée, au prétexte hautement douteux de mouvements syndicaux. Les mecs qui font grève le 1er janvier, j’imagine très bien leur tête, elle devait probablement ressembler à la mienne. Mais soit.

Le monsieur de l’accueil à la gare de Brive a quand même très gentil et m’a imprimé mon nouveau trajet : Brive-Limoges, Limoges-Périgueux, Périgueux-Bordeaux. Chouette. Bon, je râle, mais ça aurait pu être pire ; les trains auraient pu être bondés, ce n’était pas le cas. À part entre Limoges et Périgueux, où j’ai hérité d’une place à côté d’un môme de 3 ans qui hurlait à la mort parce qu’il voulait jouer à la console de son frère, le reste du voyage a été calme et j’ai pu dessaouler roupiller en paix.

Si mon premier jour de 2013 aurait pu mieux se passer, mes vacances de fin d’années, elles, se sont très bien déroulées. Elles ont manqué de neige et beau temps, mais pas de fous rires, ni de bonnes bouffes. J’ai rencontré la copine de mon frère, ses parents, ait visité le futur appartement des amoureux, vu une très bonne amie pour essayer de lui remonter le moral, passé du temps avec le neveu le plus adorable de la terre, fait des feux dans le poële de notre chambre à Salers, lu un excellent policier, La Rivière noire, d’Arnaldur Indriðason (définitivement un de mes chouchous dans le genre), vu des vieux amis qui n’ont pas changé d’un poil malgré les ans qui passent, joué à Lords of Waterdeep, un excellent jeu de plateau, et bien entendu j’ai trop mangé, j’ai trop bu, mais que des bonnes choses, donc ça compense.

Je sais que ce n’est plus à la mode d’avoir des résolutions pour le début d’année et je sais aussi que je vais sûrement échouer à les tenir, mais voilà ce que j’ai envie de faire cette année :

– Cuisiner plus de plats végétariens.

– Écrire davantage.

– Faire du bénévolat pour le planning familial.

– Être plus patiente.

Et je crois que c’est déjà pas mal. Je vous souhaite une excellente année 2013, à vous et à tous ceux qui comptent pour vous. Paix, bonheur, santé, tout ça !

Vue depuis ma chambre à Salers

Vue depuis ma chambre à Salers

Ze neveu and ze bouille

Ze neveu and ze bouille

Les adultes aussi ont eu leurs jouets

Les adultes aussi ont eu leurs jouets

Un chat curieux plein de poussière chez une caviste du Puy-en-Velay

Un chat curieux plein de poussière chez une caviste du Puy-en-Velay

Orchestre de Noël au Puy-en-Velay

Orchestre de Noël au Puy-en-Velay

La mise au tombeau grandeur nature de l'église de Salers

La mise au tombeau grandeur nature de l’église de Salers


Bilan 2012

Bye 2012

L’année 2012 aura été plutôt positive pour moi, espérons que 2013 poursuive dans la même voie.

Année 2012 sous le signe du roller derby : j‘ai commencé mon entraînement le 17 janvier 2012 et le 13 avril, je validais mes minimum skills. Ce fut une expérience mémorable qui m’a appris que je n’étais pas trop vieille pour partir à l’aventure (manquerait plus que ça) et que j’étais plus persévérante que je ne l’imaginais. J’ai fait la connaissance de filles géniales qui me manquent aujourd’hui énormément (surtout quand j’ai envie de me faire un pub et de descendre quelques pintes sans avoir peur d’être regardée de travers). Mais la vie est faite de rencontres et même si elles n’aboutissent pas toujours à des amitiés durables, ces rencontres vous changent, vous marquent et, j’en suis convaincue, permettent de mieux vous connaître.

J’ai appris que malgré des années à avoir regardé le sport de travers, je répondais positivement aux effets de ce dernier. Je me sens mieux dans ma peau, j’ai davantage confiance en moi et je suis particulièrement fière de mes cuisses en béton armé et du niveau de patinage que j’ai atteint aujourd’hui.

En 2012 j’ai regardé l’intégrale d’Urgences, j’ai découvert Avatar: the last airbender, Teen Wolf et Treme : que du bonheur. Même si mon enthousiasme pour les séries diminue un peu avec les années, je ne pourrais pas me passer de mes sitcoms, dramas, comédies, feuilletons au quotidien. Je suis contente d’avoir résisté à la tentation de brancher la télé à notre box Numéricable ou à une quelconque prise d’antenne. Deux minutes de pub sur TF1 Replay et j’ai des envies de meurtre. Mais privez-moi de mes rires enregistrés, de mes génériques préférés et de mes « previously on… », et je risque de sombrer dans la dépression.

En 2012, je ne suis pas beaucoup allée au cinéma et je ne le regrette pas. En revanche, j’aimerais bien assister plus souvent à des concerts ou aller plus au théâtre en 2013. Il  va falloir que je regarde de plus près la programmation bordelaise en la matière.

En 2012, j’ai arrêté de me teindre les cheveux pour laisser mes nombreux cheveux blancs pousser en liberté. Ma dernière couleur remonte à mai et aujourd’hui il me reste encore quelques mois à patienter avoir de la voir entièrement disparaître. Je n’ai pas eu  droit à des réflexions désagréables et les deux coiffeurs à qui j’ai fait couper mes cheveux m’ont carrément encouragé dans cette voie, alors que je m’attendais à les voir essayer de me convaincre de faire « au moins des balayages ». Je suis très contente de cette décision, j’économise à la fois du temps et de l’argent.

Je n’ai pas beaucoup voyagé en 2012. Le fait d’avoir seulement pris douze petits jours de vacances en avril n’a pas beaucoup aidé, mais je compte me rattraper en 2013. Pas de destination exotique au programme, j’ai décidé de rester dans l’hexagone et de limiter au maximum mes déplacements en avion. Ce n’est pas une question écologique (même si ça rentre en compte), c’est surtout que les aéroports me tapent sur le système et que je suis plus heureuse à bouquiner dans un train, même bondé, que dans une salle d’embarquement à faire la queue. Le seul problème c’est que Sébastien risque de ne pas pouvoir prendre des vacances avant un moment, donc il faut que je me trouve des endroits sympas à visiter toute seule. J’ai bien envie d’aller voir une vieille amie en Bretagne, mais pour cela il faudra que j’aie une voiture : j’aime le train, mais pas au point de vouloir faire Bordeaux-Paris puis Paris-Brest. Non monsieur.
J’espère pouvoir aller faire du ski du fond dans les Pyrénées, me la couler douce en Corse,  manger de la truffade à Salers et faire de la voile dans le Finistère. Et aussi, prendre du temps pour accueillir comme il le se doit tous les amis qui voudront bien venir nous rendre visite à Bordeaux.

En 2012 j’ai lu plus de livres qu’en 2011 et j’espère bien, moins qu’en 2013. Mon livre préféré cette année : Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? de Jeanette Winterson.

L’année 2012 fut l’année du changement, pour moi comme pour mon frangin et pas mal de gens autour de moi. Il y a eu des déménagements, des bébés (j’ai un neveu !), mais aussi malheureusement des décès et des séparations… J’espère que 2013 sera l’année de la reconstruction pour eux.

Mes valises sont faites, les cadeaux n’attendent plus qu’à être emballés, demain je me lance dans un périple famille-famille-amis qui va sans aucun doute me donner envie de prendre d’autres vacances dès le 2 janvier, mais je compte en profiter autant que possible, et je ne parle pas uniquement de la NOURRITURE (bordel ça fait du bien d’être de retour en France quand même).


No more clopes

no more clopes

La cigarette et moi, c’est une longue histoire d’amour et de haine. J’ai arrêté autant de fois que j’ai recommencé. Mais là ça y est, j’ai dépassé le cap des 35 ans, je prends une pilule combinée, ce qui est fortement contre-indiqué et comme je n’ai ni envie d’avoir un AVC, ni de tomber enceinte, j’ai préféré dire adieu à la cigarette, au plus grand bonheur de Sébastien qui me mène une guerre sans relâche depuis que j’ai repris après 3 ans d’arrêt.

Comme d’habitude, c’est dur, mais comme d’habitude aussi, je suis contente d’arrêter. Je me répète que c’est bon pour ma santé, je visualise mes petits vaisseaux se débouchant, mes petits poumons se décrasser, et mine de rien ça fait du bien.

Je ne fumais pas beaucoup, 5-6 cigarettes par jour (plus en soirées), mais ça suffit pour augmenter considérablement le risque d’AVC et je ne tiens pas à me retrouver morte ou handicapée à vie. Je savais déjà tout ça il y a 18 ans quand j’ai commencé, je le savais quand j’ai repris après chaque arrêt plus ou moins long, mais là ça y est, je crois que j’ai passé le cap. Je sais qu’il existerait des solutions contraceptives plus adaptées à ma situation de fumeuse, mais j’ai eu tellement de mal à trouver une pilule qui me convienne parfaitement (c’est-à-dire qui ne provoque ni poussée d’acné, ni saignements intempestifs en cours de prise) que je ne tiens pas à faire d’autres essais. Je suis très contente de ma pilule oestro-progestative et on verra plus tard pour changer de méthode, quand j’aurais enfin trouvé un généraliste compétent en matière de contraception ou un gynéco qui ne tente pas de me dissuader de changer de méthode ou « d’arrêter la pilule, juste pour voir si tout marche bien » (véridique, ça m’est arrivé).

Voilà, j’en suis à 3 jours sans fumer. Je ne me suis pas ruée vers le chocolat, je ne déprime pas, je ne suis pas irascible, j’ai juste mal à la tête. J’ai malheureusement l’habitude de m’arrêter de fumer et le moment du sevrage n’est jamais le plus dur pour moi : le plus dur c’est de résister à la tentation quand elle viendra, invariablement, dans 6 mois, un an ou trois, quand j’aurais oublié pourquoi j’ai arrêté. On verra bien à ce moment-là si la peur de l’AVC fonctionne toujours.

Heureusement, il me reste d’autres vices… L’alcool, le fromage, le saucisson… Le roller derby…


Mariage pour tous et intégristes au pilori

Illustration empruntée sur FB à Jennifer (Viper Fusion)

À une époque lointaine, je me demandais pourquoi les homosexuels tenaient tant à se marier, moi qui ai toujours regardé cette institution d’un oeil parfois méfiant, souvent indifférent. Mais quand je vois les réactions que la simple mention d’un droit au mariage pour tous provoque, j’ai envie de dire à tous les gays et à toutes les lesbiennes de France d’envahir en masse les mairies et demander à être unis pour tous les emmerder, ces cathos intégristes, ces religieux qui veulent imposer leur idée très réduite de la famille à toute une société, mais aussi ces athées qui « s’inquiètent pour les enfants », ces agnostiques qui « ne sont pas homophobes, mais quand même, c’est contre nature ces pratiques, faudrait pas trop qu’ils la ramènent, les pédés et les gouines ». Y’en a marre de laisser l’ignorance prendre la parole.

Non mais franchement, on est en 2012, vous êtes sûrs ? On est bien en France ? J’ai un peu honte. Je suis effarée par les propos de Hollande à propos d’une « liberté de conscience » sortie de son cul et dont je me méfie comme de la peste : je vois bien certains pharmaciens refuser de donner la pilule du lendemain à des femmes sous prétexte de la même « liberté de conscience », ou des médecins refuser de pratiquer des IVG avec cette excuse toute faite. Alors qu’on leur demande juste d’appliquer une loi…

J’ai honte, oui, que les gens ne soient pas capables de voir en quoi ces défilés sont homophobes. Parce qu’il faut les écouter, les manifestants. Ils n’ont rien contre les gays, non non, enfin, ils ont même des amis homosexuels, si ça c’est pas une preuve ! Ils ont rien contre eux, ils sont tolérants, mais oui ! Les homos font ce qu’ils veulent chez eux, ça ne leur pose pas de problème. Mais juste, il faut que ça reste entre quatre murs, et chut, faut pas trop en parler. Et surtout, par pitié, ne les laissez pas se marier !! Parce que le Mariage, c’est sacré, oui madame, le Mariage c’est un papa qui rapporte de l’argent à la maison et qui donne des ordres, et une maman qui ne travaille pas et qui s’occupe des enfants et de la maison, qui prépare à manger et qui ne la ramène pas trop quand papa rentre tous les mardis à 03h00 du mat’. Le Mariage, c’est chacun à sa place, vous comprenez. Comment ? Le divorce ? Les violences conjugales ? Les deuils ? Les pères qui se barrent ? Les mères qui prennent la poudre d’escampette ? Les tribunaux remplis de drames familiaux ? Meuh non. Ça n’existe pas enfin. C’est très exagéré tout ça.

D’après ces gens bien pensants, un enfant, pour être heureux, il lui faut un papa et une maman, ET PUIS C’EST TOUT. C’est bon à savoir pour les gens comme moi qui ont perdu leur père jeune. Ça parle aussi sûrement beaucoup à tous ceux qui ont eu des parents absents ou abusifs. C’est surtout complètement arriéré et emprunt d’une vision judéo-chrétienne bien puante et bien dépassée par son temps. Non, la famille ce n’est plus « un papa, une maman », ça ne l’a jamais été et ça ne le sera jamais. Ça ne l’était déjà pas du temps où les bourgeois confiaient leurs gamins à la nourrice et où les pauvres les confiaient aux grands-parents, ça ne l’est pas plus maintenant, même dans l’esprit retors de ces intégristes qui pensent pouvoir imposer cette vision à tout le monde et juger ceux qui ne la suivent pas. La famille, je vais vous dire ce qu’elle est : NONE OF YOUR FUCKING BUSINESS. Eh ouais, ça vous emmerde de ne pas pouvoir mettre votre nez là partout, de ne pas vous mêler de ce qui ne vous regarde pas, ben remettez-vous. Moi j’aimerais bien qu’une loi passe pour empêcher les idiots comme vous de se reproduire, mais ça n’est pas près d’arriver, et vous ne me voyez pas descendre dans la rue pour manifester.

Je n’ai même pas envie de parler d’amour et de droit à s’aimer, pour moi ce droit au mariage pour tous est avant tout politique, l’amour n’a pas grand chose à faire là-dedans. On connaît tous des gens qui se marient sans vraiment s’aimer, d’autres qui font des gosses alors qu’ils ne s’aiment plus, mais comme ils sont hétérosexuels ben personne n’y retrouve rien à redire. Donc j’ai surtout envie que les homosexuels et les lesbiennes puissent eux aussi se marier pour toutes les mauvaises raisons, faire des enfants ou en adopter pour des raisons encore pires et faire exactement ce que les hétéros font depuis des générations : inventer leur propre famille, parce qu’ils en ont le droit, parce qu’ils ont les mêmes droits que tout le monde.


Les joies du déménagement, suite et fin

Les déménageurs sont arrivés lundi pour tout emballer. Avant ça, j’ai passé mon dimanche à faire des allers-retours à la benne, à faire des dons aux charity shops du coin, à me débarrasser des dvds et des jeux qui me restaient. Les chats ont sérieusement commencé à se douter que quelque chose ne tournait pas rond quand j’ai débranché la télé, la PS3 et le lecteur de dvd dimanche soir. Lundi, quand je les ai enfermés dans mon bureau en attendant que la dame de PetAir vienne les récupérer, et que les déménageurs ont débarqué, j’ai lu la peur dans leur regard. Nabu a essayé de creuser une tranchée sous la porte. Toutes les friandises du monde n’ont rien pu y faire, c’était la panique à bord. Miaulements de désespoirs pour Nabu, recroquivellement à l’extrême pour Cléo, qui me fixait, horrifiée.

Mais ils ont survécu au voyage en avion et à l’arrivée dans un nouvel appartement : aujourd’hui, ils n’ont plus la queue qui tremble et ils ne marchent plus le ventre collé au parquet. Ils ont décidé que le meilleur endroit pour dormir était sur nos fringues, dans le dressing de notre chambre. Ah oui, au fait, il y a un fucking dressing dans notre chambre. Un « walk-in closet« , comme l’appellent les Anglais. Ça peut paraître anodin, mais ça ne l’est pas. Après 8 ans passés en Angleterre, où les mots « placard », « rangement » et « dressing » sont tabous, ça change la vie.

Sébastien et moi avons été d’une efficacité redoutable : il ne reste plus que deux cartons dans l’appartement, tout a été rangé, trié, remis à sa place. En ayant reçu les meubles mercredi et en ayant bossé presque toute la journée jeudi et vendredi, je trouve que c’est pas mal.

Je redécouvre ces petits plaisirs dont on n’arrive jamais vraiment à se passer quand on vit à l’étranger et en particulier en Angleterre : plus de lumière (le soleil brille et chauffe avec une toute autre intensité), des distributeurs d’argent à tous les coins de rue, des boulangeries, des cafés, des boucheries… … Ce matin en revenant d’une balade à skate le long de la Garonne, j’ai fait des courses dans un marché, j’ai acheté du fromage, du pain de seigle, du raisin et un cake aux cranberries. Je crois que c’est ce qui me manquait le plus à Brighton, les marchés.

Dans les choses qui font plaisir, il y a des formules à 9,50€ (£7,50) avec un plat et un verre de vin dans les restaurants, des bouteilles de bon vin à 6€, des milliards de yaourts, de charcuterie et de jus de fruits dans les rayons des supermarchés.

J’ai encore du mal à réaliser que je suis en France, mais ce matin quand j’ai croisé des gens au marché et que le soleil brillait, je me suis dit que j’étais enfin revenue à la maison.


Les joies du déménagement, bis

Il y a les numéros en 08, ces numéros qu’on ne peut pas appeler depuis l’étranger, mais qu’on ne peut pas non plus appeler en France depuis un téléphone anglais. C’est très pratique.

Il y a ces gens qui vous disent qu’ils peuvent vous offrir le service pour lequel vous payez à une date précise, mais qui changent d’avis une semaine plus tard, foutant en l’air tout votre planning qui pourtant, rentrait au millimètre.

Il y a ces gens qui ne peuvent rien faire pour vous parce que vous n’avez pas de justificatif de domicile. Ils sont très nombreux ceux-là, et tout en haut de ma shit list.

Il y a aussi ces formulaires d’inscription qui nécessitent de saisir un numéro de téléphone exclusivement français. Je n’ai jamais eu ce problème en Angleterre, du temps où j’avais mon téléphone français.

Il y a la CPAM, qu’il est impossible de contacter par téléphone depuis l’étranger et impossible de contacter par email. J’ai bien essayé de me créer un compte pour pouvoir y indiquer ma nouvelle adresse, mais pour valider le compte il faut un code qui vous est envoyé… à la dernière adresse enregistrée, sans AUCUNE possibilité d’indiquer une autre adresse. Donc d’ici 10 jours, un postier de Gentilly va être bien emmerdé.

Il y a l’URSAFF, qui me répond quand ça lui chante, toujours un peu à côté de la plaque, et qui me complique encore plus les choses, alors que je suis suffisamment perdue comme ça.

Il y a la multitude de mutuelles complémentaires qui proposent toutes des remboursements différents, mais jamais vraiment ce que je recherche, à des prix qui varient tellement que je me demande s’il y a une méthode de calcul valide derrière tout ça.

Il y a surtout une grande fatigue à la fin de la journée, mais rien qu’un grand verre de vin ne puisse guérir.


Les joies du déménagement

Il faut avoir vécu à l’étranger pour se rendre compte à quel point la France est obsédée par les formulaires, les papiers de toute sorte, les preuves, les attestations, les garanties, les justificatifs de domicile.

C’est bien simple, pour trouver un appartement, j’ai bien cru que Seb et moi allions devoir nous reproduire pour offrir notre premier né à une agence immobilière.

Tout est fastidieux, les demandes de renseignements, les démarches, tout nécessite des pages et des pages de brochures à lire, de formulaires au vocabulaire obscur à remplir et d’emails qui apparemment partent dans le vide… Je sais pourquoi les déménagements sont aussi stressants au fond. Ce n’est pas juste parce qu’il faut faire des cartons ou de jeter des affaires, c’est surtout parce qu’il faut passer des heures à choisir des options sur des répondeurs téléphoniques insupportables et à écouter des gens prendre vos noms, prénoms, adresse, n° de téléphone, date de naissance, code de sécurité, nom de jeune fille de sa mère, avant même de pouvoir expliquer pourquoi on appelle. C’est fatigant. Ça me rappelle cette scène de Cuisine et dépendances dans laquelle le personnage d’Agnès Jaoui essaye de réserver un taxi.

Je râle, mais tout se déroule à peu près bien pour l’instant.

J’essaye de ne pas trop penser au déménagement en lui-même, ni même aux au revoir, et je me concentre sur le positif : un nouvel appartement à arranger, de nouvelles rues à mémoriser, de nouvelles habitudes à prendre. Je me demande si je trouverais la même poudre de curry Madras que j’aime, les huiles d’olive aromatisées dont je me sers pour faire revenir des légumes au wok, le même cheddar que je mets dans mes pâtes… Et où vais-je trouver de la worcestershire sauce ? Où vais-je boire de la bière tiède et sans bulle ? Qui va m’appeler « love »?

Oui je sais, ça fait trop longtemps que je suis partie, je vais sûrement trouver tout ça sans aucun problème. Mais c’est une aventure au fond. J’ai beau avoir vécu 27 ans en France, j’ai l’impression qu’il s’agit maintenant d’un pays étranger. J’ai du mal à écrire des mails en français. Je n’arrive pas à utiliser le « Cordialement » de fin de mail, je trouve que tout ce que je dis en français est ampoulé et vieillot. En anglais, il suffit de dire « Cheers » et hop, emballé c’est pesé ! On ne perd pas son temps à taper « Veuillez recevoir, madame, monsieur, l’expression de cordiales salutations ».

Bon et puis il faut dire ce qui est, j’ai oublié ce que c’est, de vivre en France. La course au bon généraliste, au bon spécialiste, au bon garagiste. En Angleterre, ils sont tous tellement je-m’en-foutistes qu’on est content quand on tombe sur quelqu’un qui fait à peu près son boulot. Ça soulage d’une certaine pression quelque part.

Mais plus les attaches se défont en Angleterre et plus j’ai le coeur gros. Plus exactement, depuis quelques jours, je suis tour à tour triste, irritée, angoissée, impatiente et heureuse. C’est un mélange bizarre qui me fait envier la vie de mes chats encore plus que d’habitude.


Bye bye Brighton

Bon, c’est officiel, Brighton et nous vivons nos derniers jours ensemble. Le mois prochain à cette date, nous serons installés dans notre appartement à Bordeaux. Une autre ville qui commence par B, mais qui n’a pas du tout la même résonnance. Brighton est aussi bohème que Bordeaux est bourgeoise. Le choc va être à la hauteur des différences.

On ne part pas par lassitude, mais parce que Sébastien a l’occasion de concrétiser un projet qui lui tient à coeur depuis longtemps. Il se trouve que ce projet nous conduit à Bordeaux, en France, ce qui nous arrange quand même bien, surtout par rapport à la latitude. Je suis triste de quitter Brighton, mais heureuse de me dire qu’on va enfin avoir des printemps et des étés pendant lesquels le soleil sortira plus de deux heures par semaine.

Bordeaux n’est qu’à 4 heures de voiture de Salers, 3 heures de train de Paris, tout à côté de Toulouse, de la Bretagne et des Pyrénées. On y mange des cannelés et on y boit du vin. Il y a même une équipe de roller derby. Alors oui, je sais que je vais trouver mes marques rapidement, mais ça n’empêche que Brighton va me manquer.

Brighton et ses magasins de toutes les couleurs, ses pubs déjantés, ses restaurants de tous les horizons, cette auto-dérision qui manque beaucoup aux Français, ce goût prononcé pour la bière, le thé noyé dans le sucre et le lait, les saucisses et les beans. Brighton et ses cream teas, ses scones, ses crumpets, les burgers de chez Grubbs, les fish’n’chips, la  banoffee pie, le Pimm’s, les Crabbies, le burger du Yeoman, les oeufs Mange tout, les burritos de La Choza, les cocktails du Gingerpig, le pain du Gingerman, les tapas de Don Carlos.

What life in the UK is about

Brighton et ses foules bruyantes qui ne s’excusent jamais de l’être, ses filles courtement vêtues et ses mecs qui mettent trop d’after-shave.

Brighton et sa mer dans laquelle je ne me suis jamais résolue à me baigner, sa plage de galets, son Pier pour touristes, sa météo imprévisible, son fucking petit wind qui nous oblige toujours à nous couvrir, même quand il fait beau. Ses maisons de hobbit, ses petits bouts de jardin, ses chambres en sous-sol, ses bow-windows. Ses loyers hors de prix…

A sunny day at the beach

Et puis il y a l’école d’équitation dans laquelle j’ai appris à monter et qui m’a permis de faire la connaissance de Richard, mon prof préféré et de Gillian, mon Anglaise préférée, le Brighton Women’s Centre qui m’a énormément donné, les Brighton Rockers bien entendu, qui m’ont aidée à réaliser qu’il n’est jamais trop tard pour se lancer dans une nouvelle aventure, pour peu qu’on s’en donne les moyens. Bon je m’arrête là parce qu’on dirait que j’écris un discours de remerciement aux Oscars.

Mais ce déménagement à Bordeaux, je l’ai voulu, je suis même contente qu’il arrive. J’ai besoin de changer d’air, de bousculer mes habitudes. J’ai envie de rencontrer de nouvelles personnes, de profiter toute l’année de la météo et de la gastronomie du sud de la France. Et j’ai envie de passer à un nouveau chapitre.

Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas prête de l’oublier, Brighton.


Une semaine à Paris

J’avais oublié à quel point j’aimais Paris. Partir de la Porte d’Orléans, aller jusqu’à Denfert-Rochereau, le Jardin du Luxembourg, ces quartiers que je connais si bien, et puis remonter la rue Oberkampf et voir tous ces gens sortir des restaurants, avoir l’impression de revenir 10 ans en arrière, quand j’allais boire des coups avec les amis le vendredi soir. Sortir dans la rue le midi et voir des gens en voiture se traiter de tous les noms, acheter un paquet de cigarettes à une buraliste aigrie, se balader dans les stands du marché de Ménilmontant,  prendre le métro jusqu’à Jaurès pour manger Quai de Valmy, attendre désespérément un taxi qui ne vient pas, éviter les merdes de chien sur le trottoir, se faire offrir un café dans un petit restau auvergnat, acheter du vin pour prendre l’apéro avec les voisins, se balader au gré des envies, suffoquer à la station Hôtel de Ville, se moquer des bourgeois de St-Germain qui se ressemblent tous, prendre le bus quand il n’y a pas trop de monde, respirer l’odeur si distincte du métro parisien, ce mélange d’urine et de sous-sol qui ne ressemble à aucun autre, profiter des groupes de musique tzigane à Châtelet, se dire en prenant la ligne 6 qu’on aimerait bien que tout le métro soit aérien, reconnaître les touristes à dix kilomètres à la ronde parce qu’ils portent leur sac devant eux, avoir envie d’aller au théâtre en voyant les affiches dans le métro, se dire qu’on irait bien se balader au Père Lachaise si on avait le temps, savoir que le Sacré-Coeur est là et bien là et que toutes les vagues de touristes du monde ne peuvent rien contre lui, se revoir à 17 ans, nerveuse dans la grande ville, impatiente d’apprendre à la connaître, se revoir à 23 ans, quand on y a finalement débarqué, pleine d’espoir, et se revoir à 27 ans, quand il a fallu lui dire au revoir, le coeur gros.

Manger du canard, boire du bon vin, se lamenter sur le prix du café, baver devant les menus du moindre restaurant, s’ouvrir l’appétit en passant devant une boulangerie, avoir envie de coucous, de tajine, de raki, de pizza, de faux sushis et de brochettes de viande au fromage, rigoler des gens qui font la gueule dans le métro, pour finir par la faire, la gueule – comme tout le monde – donner une pièce à un SDF qui vous a dit bonjour, ignorer celui qui mendie dans le métro, se sentir coupable, croiser de bruyantes Anglaises de sortie, avoir envie de s’excuser pour les regards de dédain que les Parisiens leur jettent dans le métro, se dire que les gens sont plus quand même plus marrants en Angleterre.

Entendre les gens râler contre les trains de banlieue, contre le périph’, contre tous ces cons qui prennent leur voiture/le RER pour aller bosser, contre Delanoë qui tue Paris, entendre au détour d’une conversation le vrai accent titi parisien, celui qui me fait sourire, se dire qu’aucune autre ville ne me rend aussi nostalgique et aussi heureuse d’en être partie à la fois.