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Le jeu en vaut la chandelle

J’avais l’impression que ça faisait à peine deux semaines que je n’avais rien écrit sur ce blog, mais ça va faire un mois. Bien bien bien. Bon j’ai une excuse, je n’ai pas arrêté une seconde. Entre les visites familiales et amicales, les entraînements, les visionnages de matchs en préparation pour nos deux dernières rencontres de la saison, j’ai à peine eu le temps de me tenir à jour sur mes séries, c’est vous dire.

Alors, en l’espace d’un mois, j’ai eu l’occasion de jouer deux matchs, un contre les Pixies de Bruxelles et un dernier contre les Quedalles de Paris.

Et c’était génial. Pas juste « génial », génial à rester gravé en mémoire pour des années et des années.

Comme lors de mon premier mixed scrimmage, peu de temps après avoir passé mes MS, j’ai ressenti cette euphorie semblable à nulle autre, cette émotion qui vous submerge et qui vous donne l’impression que tout est possible.

J’ai douté de moi et pourtant, mes coéquipières m’ont fait confiance. Ça veut dire beaucoup, notamment que même avec de nombreux progrès à faire,  je ne suis pas un boulet qu’on se traîne en match, que l’on peut s’appuyer (littéralement) sur moi et je ne vous raconte pas à quel point je me sens capable de me dépasser.

Crédit photo : Chloé Hernandez

Crédit photo : Chloé Hernandez

C’est bien simple, en l’espace de quelques semaines, j’ai l’impression d’avoir fait plus de progrès que lors de ces trois derniers mois. L’expérience acquise en match est précieuse et irremplaçable. Savoir gérer son stress, se retrouver dans l’action et apprendre à réagir en une seconde, c’est comme ça qu’on apprend à jouer au derby.

J’en profite pour remercier les Rockers et les Petites Morts. Les Rockers d’abord, parce que c’est grâce à elles que j’ai pu apprendre les bases du roller derby et acquérir les compétences qui m’ont porté jusqu’à mes premiers matchs. Sans leur entraînement exigeant, je n’en serai pas là. Oui, c’était dur, parfois décourageant, mais elles m’ont obligée à ne pas me contenter du minimum, à chercher l’excellence et à ne jamais baisser les bras. Je pense à elles à chaque fois que je chausse des patins et que je mets mes protections.

Les Petites Morts, ensuite, parce qu’elles m’ont donné cette opportunité incroyable de jouer après seulement un an et demi sur des patins. Elles m’ont fait confiance et je ne pourrai jamais les remercier assez pour ça. Alors que je me demandais si je réussirais à m’intégrer, alors que je doutais d’être jamais à la hauteur, elles m’ont prouvé que tout ce qu’il me manquait, c’était une équipe derrière moi.
Alors, à toutes les filles qui viennent de commencer le roller derby, à toutes celles qui viennent de passer leurs MS, à celles qui se demandent si elles joueront un jour, je peux dire qu’il faut s’accrocher, qu’il faut venir aux entraînements, être humble, se soutenir les unes les autres, répéter les mêmes gestes encore et encore, regarder des matchs, avoir confiance en soi, ne pas se laisser décourager parce qu’on a l’impression de ne pas progresser ou de ne pas y arriver.

Et surtout, le jeu en vaut la chandelle. Les bleus, les doutes, l’égo blessé, les entraînements qui vous donnent l’impression d’être nulle, tout ça vaut le coup. Parce qu’un jour, vous vous retrouvez à jouer dans une équipe et vous ressentirez une telle fierté d’en faire partie que tout le reste vous paraîtra accessoire et secondaire.

Jamais je n’aurais pensé qu’un sport puisse m’apporter autant. Alors, je remercie aussi mon amie Amanda, qui m’a emmenée en octobre 2011 voir un match de roller derby à Austin, au Texas : Amanda, thank you for telling me I was NOT too old to try out for roller derby. It truly changed my life and I feel more confident and happier than ever. That’s all because of you.

Crédit photo : Chloé Hernandez

Crédit photo : Chloé Hernandez


Premier match

Le samedi 6 avril dernier, je suis allée à Montpellier participer à mon premier match officiel de roller derby avec l’équipe des Petites Morts.

Mais avant que je vous raconte mon expérience, revenons quelques semaines en arrière, le mardi 19 mars. Je suis au bord de la mer depuis plusieurs jours et  je me connecte au wifi de l’hôtel pour la première fois depuis mon arrivée au Panama et je fais un tour sur Facebook. C’est là que je lis un message laconique de ma coach m’annonçant que j’avais été sélectionnée pour jouer contre les HDG le 06 avril. Plan rapproché sur mon visage décomposé et ma bouche bée. QUOI LE FUCK ? Non, ce n’est pas une blague, oui oui, c’est très sérieux.

Si vous vous demandez si on peut être super fière et super paniquée en même temps, je vous le confirme, c’est tout à fait possible. Surtout quand je me suis mise à calculer que compte tenu des plans prévus pour la fin de mes vacances et un rendez-vous professionnel à Paris, j’allais louper tous les entraînements de la semaine précédant le match. Ça n’aide pas trop la confiance en soi quand on a l’impression qu’on n’est pas tout à fait à la hauteur.

Qu’à cela ne tienne, sitôt rentrée à Bordeaux, sitôt en route chez le médecin pour faire faire une attestation qui me permette de jouer un match, puis pour un magasin spécialisé  afin de faire faire des t-shirts avec mon nom et mon numéro (In Seine – 24).

Mais je suis décidée à profiter de mes vacances au maximum et à ne pas stresser plus que de raison, après tout, ce n’est pas trop le but.

Dans un train à 07h15 depuis Paris pour Montpellier, je commence à imaginer tout ce qui pourrait mal se passer : je pourrais tomber pendant la présentation des équipes, bloquer ma propre jammeuse pendant un jam, me blesser, faire des conneries qui coûtent des points à l’équipe, bref, je panique un peu plus.

Pendant la réunion pré-match, je réalise soudain qu’au fond, je suis loin d’avoir le niveau de patinage et l’expérience des autres filles de l’équipe et que c’est peut-être une erreur de vouloir me faire jouer.

Mais une fois dans la salle, une fois l’échauffement terminé, mes patins et mes protections enfilés, je n’y pense plus. Je suis heureuse d’y être, malgré mon estomac noué et mon cerveau qui ne semble pas fonctionner normalement. Sébastien a fait le déplacement depuis Bordeaux pour venir me voir. Il a le sourire aux lèvres. Je ressens une immense fierté d’être appelée par mon nom et mon numéro pendant la présentation de l’équipe (et je ne tombe pas, ce qui est un plus).

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Le match commence et l’ambiance sur les bancs est électrique. Si les filles de l’équipe étaient détendues jusque-là, au coup de sifflet du premier jam, tout change. En gros, c’est le bordel et il faut quelques jams pour que tout le monde reprenne ses esprits. J’observe ça depuis le banc de touche avec un mélange de terreur et de soulagement, terrifiée à l’idée de me retrouver dans le pack, soulagée à l’idée de ne pas avoir été appelée à jouer. Mon premier jam arrive enfin et je m’élance sur la piste, le cerveau complètement vide. Je ne me souviens même pas avec qui j’ai joué, simplement de l’euphorie d’avoir survécu à ce jam en empêchant la jammeuse adverse de passer en premier et d’avoir permis à notre jammeuse de marquer 4 points. Je rejoins le banc de touche avec la banane. J’en veux plus !

À la fin de la première mi-temps, les filles de Bordeaux dominent le match et ma peur s’est envolée, je n’ai plus qu’une envie : jouer jouer jouer. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Alors j’observe les jams, j’encourage, j’essaye de me convaincre que c’est normal pour un premier match. Quand la victoire est annoncée, je suis ravie pour l’équipe, mais j’aurais presque envie de rejoindre les spectateurs dans la ligne pour les féliciter, de l’extérieur. Je n’ai pas eu l’impression d’avoir été pour quoi que ce soit dans cette victoire ! Mais c’est mon manque de confiance qui parle à ma place. Après tout, pour une fille qui a validé ses minimum skills il y a un an seulement, qui ne savait pas patiner avant ça, jouer un vrai match, c’est déjà pas dégueu. Oui, j’ai encore des progrès à faire, oui, je manque d’expérience, mais bon sang  j’y étais ! J’ai été sélectionnée ! Je fais partie de l’équipe, que je le veuille ou non, que je me sente à la hauteur ou non, et ça je ne dois pas l’oublier.

Dans deux semaines, nous affrontons l’équipe de Bruxelles à domicile et je compte bien en profiter au maximum.

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography

Crédit photo : Thomas Ruelle Photography


Boring life de tous les jours

Nous avons eu de très belles journées à Bordeaux, j’ai mangé deux fois en terrasse le midi et j’ai savouré chaque minute passée à lire mon bouquin au soleil avec une simple veste de printemps sur le dos. Il va de nouveau faire froid dans les prochains jours, mais je suis prête. J’ai fait le plein de chaleur.

De toute façon, je m’en fous, dans un mois je serai au Panama à me la couler douce avec ma copine Itza. J’ai acheté deux maillots de bain, j’ai fait le tri dans mes affaires d’été pour ne sélectionner que les vêtements les plus légers et rien que ça, ça me fait du bien, je me vois déjà en vacances. Sur la plage, un mojito à la main, en train de manger des mangues. Des mangues putain. Je ne crois pas avoir jamais plus envie de mangues qu’en ce moment.

J’ai lu le Bonheur conjugal, de Tahar Ben Jelloun et j’ai enchaîné avec Désolations, de David Vann. Deux livres qui parlent de couples qui se déchirent, d’histoires d’amour qui se désintègrent, de malentendus et de tromperies insupportables. Le week-end dernier j’ai vu Amour, de Michael Haneke. Il va absolument falloir que je lise un truc léger,  une histoire d’amour qui finisse bien, sans personne qui tombe malade, qui meurt, ou qui se suicide. Parce que là, c’est plus possible.

Côté séries, la saison 5 de Southland vient de reprendre et c’est toujours le meilleur copshow à l’antenne. Les nouveautés de la mi-saison ne font pas très envie. Do no harm n’a aucun intérêt, Zero Hour est tout bonnement ridicule, je me suis endormie au bout de 10 minutes de Cult et j’ai détesté The Following, même si apparemment ça s’améliore un peu par la suite. Si j’ai une nouvelle série à conseiller, c’est Banshee. Bon, c’est pas très fin. C’est même carrément brutal et primaire. Y’a de la violence et du sexe en proportion inquiétante et très graphique, mais c’est extrêmement jouissif, en tout cas de mon point de vue. Et il se pourrait que j’aie un problème.

Il reste des valeurs sûres : Enlightened et Girls. Je n’aurais jamais cru pouvoir aimer Girls un jour, mais cette deuxième saison est bien meilleure que la première, plus maîtrisée. Spartacus se débrouille plutôt pas mal avec l’arrivée de César et le nouveau grand méchant Crésus. Bon, comme c’est Spartacus, Crésus est un dieu du krav maga et César ressemble à Jax de Sons of Anarchy, mais bon… Je ne vais pas me plaindre.

Côté roller derby, ça envoie du steak. J’ai des bleus partout, je ne peux dormir ni sur le côté droit, ni sur le côté gauche en raison d’hématomes douloureux sous les hanches. Mais c’est cool, je m’amuse toujours autant.

Le dimanche matin, quand il fait beau, Seb et moi allons patiner au bord de la Garonne et je crois que rien ne me fait plus plaisir.

Un dimanche matin sur patins

Dimanche matin, c’est patins


There’s no i in…

armstrongJe n’ai pas parlé de roller derby depuis longtemps, pourtant je continue à chausser mes patins et à rentrer dans des filles toutes les semaines. On a eu quelques soucis de salles, la météo ne nous a pas permis de beaucoup nous entraîner en extérieur, mon genou m’a fait des siennes à plusieurs reprises, ce qui m’a obligée à y aller doucement, et une de mes platines s’est cassée, ce qui m’a obligée à revenir à mes vieux patins Anarchy qui pèsent trois tonnes et manquent terriblement de maniabilité, mais je continue mon bonhomme de chemin dans l’aventure roller derby.

J’avoue que j’ai eu des doutes ces dernières semaines. Mes anciennes coéquipières me manquent terriblement, celles avec qui j’ai découvert le roller derby, celles avec qui j’ai passé mes minimum skills. Mine de rien, ça créé des liens, de s’entraîner avec les mêmes personnes toutes les semaines et de surmonter les épreuves de fresh meat ensemble. Sans elles à mes côtés, j’ai parfois du mal à me motiver quand les courbatures sont trop fraîches ou les températures trop basses.

Je savais qu’il ne serait pas évident de se faire une place dans une nouvelle équipe. J’aurais bien aimé être une joueuse de roller derby exceptionnelle, une super bloqueuse avec une vision parfaite du jeu et des tactiques, mais ce n’est pas le cas. Je me souviens de l’arrivée d’une super joueuse dans l’équipe de Brighton, un peu avant mon départ : elle avait  des talents indéniables et bien entendu, les filles de l’équipe l’avaient accueillie à bras ouverts. Rapidement, elle avait intégré le petit cercle des joueuses les plus anciennes, alors que nous autres petites rookies continuons à nous demander si nous n’étions pas invisibles.

Mais voilà, super jammeuse je ne suis certainement pas, super bloqueuse non plus : j’ai de bons et de mauvais moments, de meilleurs entraînements que d’autres, mais d’une façon générale je ne brille pas. Peut-être que ça arrivera un jour, peut-être pas, peu importe, j’ai compris quelque chose de très important récemment : il n’est pas nécessaire d’exceller dans un sport d’équipe pour aimer le pratiquer.

J’aime faire partie d’une équipe. Aller soutenir les autres joueuses pendant les matchs, de gagner et de perdre avec elle. De rire aussi. Oui, il y a des prises de tête, des égos à dorloter, mais au bout du compte rien ne me fait plus plaisir que de féliciter deux autres coéquipières pour un mur particulièrement réussi pendant un exercice, ou d’apprendre à maîtriser une technique avec l’aide de quelqu’un.

Je ne ferai peut-être jamais partie de l’équipe principale, mais tant que je m’amuserai, tant que j’irai à l’entraînement avec le sourire, tant que mes bleus me feront plaisir, je continuerai à faire du roller derby.


Bilan 2012

Bye 2012

L’année 2012 aura été plutôt positive pour moi, espérons que 2013 poursuive dans la même voie.

Année 2012 sous le signe du roller derby : j‘ai commencé mon entraînement le 17 janvier 2012 et le 13 avril, je validais mes minimum skills. Ce fut une expérience mémorable qui m’a appris que je n’étais pas trop vieille pour partir à l’aventure (manquerait plus que ça) et que j’étais plus persévérante que je ne l’imaginais. J’ai fait la connaissance de filles géniales qui me manquent aujourd’hui énormément (surtout quand j’ai envie de me faire un pub et de descendre quelques pintes sans avoir peur d’être regardée de travers). Mais la vie est faite de rencontres et même si elles n’aboutissent pas toujours à des amitiés durables, ces rencontres vous changent, vous marquent et, j’en suis convaincue, permettent de mieux vous connaître.

J’ai appris que malgré des années à avoir regardé le sport de travers, je répondais positivement aux effets de ce dernier. Je me sens mieux dans ma peau, j’ai davantage confiance en moi et je suis particulièrement fière de mes cuisses en béton armé et du niveau de patinage que j’ai atteint aujourd’hui.

En 2012 j’ai regardé l’intégrale d’Urgences, j’ai découvert Avatar: the last airbender, Teen Wolf et Treme : que du bonheur. Même si mon enthousiasme pour les séries diminue un peu avec les années, je ne pourrais pas me passer de mes sitcoms, dramas, comédies, feuilletons au quotidien. Je suis contente d’avoir résisté à la tentation de brancher la télé à notre box Numéricable ou à une quelconque prise d’antenne. Deux minutes de pub sur TF1 Replay et j’ai des envies de meurtre. Mais privez-moi de mes rires enregistrés, de mes génériques préférés et de mes « previously on… », et je risque de sombrer dans la dépression.

En 2012, je ne suis pas beaucoup allée au cinéma et je ne le regrette pas. En revanche, j’aimerais bien assister plus souvent à des concerts ou aller plus au théâtre en 2013. Il  va falloir que je regarde de plus près la programmation bordelaise en la matière.

En 2012, j’ai arrêté de me teindre les cheveux pour laisser mes nombreux cheveux blancs pousser en liberté. Ma dernière couleur remonte à mai et aujourd’hui il me reste encore quelques mois à patienter avoir de la voir entièrement disparaître. Je n’ai pas eu  droit à des réflexions désagréables et les deux coiffeurs à qui j’ai fait couper mes cheveux m’ont carrément encouragé dans cette voie, alors que je m’attendais à les voir essayer de me convaincre de faire « au moins des balayages ». Je suis très contente de cette décision, j’économise à la fois du temps et de l’argent.

Je n’ai pas beaucoup voyagé en 2012. Le fait d’avoir seulement pris douze petits jours de vacances en avril n’a pas beaucoup aidé, mais je compte me rattraper en 2013. Pas de destination exotique au programme, j’ai décidé de rester dans l’hexagone et de limiter au maximum mes déplacements en avion. Ce n’est pas une question écologique (même si ça rentre en compte), c’est surtout que les aéroports me tapent sur le système et que je suis plus heureuse à bouquiner dans un train, même bondé, que dans une salle d’embarquement à faire la queue. Le seul problème c’est que Sébastien risque de ne pas pouvoir prendre des vacances avant un moment, donc il faut que je me trouve des endroits sympas à visiter toute seule. J’ai bien envie d’aller voir une vieille amie en Bretagne, mais pour cela il faudra que j’aie une voiture : j’aime le train, mais pas au point de vouloir faire Bordeaux-Paris puis Paris-Brest. Non monsieur.
J’espère pouvoir aller faire du ski du fond dans les Pyrénées, me la couler douce en Corse,  manger de la truffade à Salers et faire de la voile dans le Finistère. Et aussi, prendre du temps pour accueillir comme il le se doit tous les amis qui voudront bien venir nous rendre visite à Bordeaux.

En 2012 j’ai lu plus de livres qu’en 2011 et j’espère bien, moins qu’en 2013. Mon livre préféré cette année : Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? de Jeanette Winterson.

L’année 2012 fut l’année du changement, pour moi comme pour mon frangin et pas mal de gens autour de moi. Il y a eu des déménagements, des bébés (j’ai un neveu !), mais aussi malheureusement des décès et des séparations… J’espère que 2013 sera l’année de la reconstruction pour eux.

Mes valises sont faites, les cadeaux n’attendent plus qu’à être emballés, demain je me lance dans un périple famille-famille-amis qui va sans aucun doute me donner envie de prendre d’autres vacances dès le 2 janvier, mais je compte en profiter autant que possible, et je ne parle pas uniquement de la NOURRITURE (bordel ça fait du bien d’être de retour en France quand même).


Des semaines bien remplies

On sous-estime le pouvoir réconfortant des habitudes. Ça fait un bien fou de retrouver une routine.

Je m’entraîne avec l’équipe de roller derby de Bordeaux deux fois par semaine (3 heures le mardi soir et 3 h le dimanche après-midi). Outre le fait que j’apprécie de pouvoir bouger mon auguste derrière, je suis contente de faire la connaissance de plein de gens d’un seul coup. Bon, ça me fait beaucoup de prénoms/pseudos à mémoriser, mais c’est bon pour les neurones.

J’ai repéré plusieurs endroits où manger rapidement le midi et où acheter des plats à emporter. Je ne suis plus complètement perdue dans les rayons du Monoprix d’à côté. Comme ma semaine n’a pas été trop chargée niveau boulot, j’en ai profité pour me balader en centre-ville et  je ne me suis pas perdue une seule fois. D’accord, ça ne relève pas de l’exploit, mais je suis quand même contente.

Je me suis inscrite à la bibliothèque municipale, qui malheureusement est en travaux jusqu’en avril 2013 et semble un peu désuète (disons que celle de Brighton est 100 fois plus moderne en comparaison), mais je vais m’obliger à y aller régulièrement pour y emprunter des livres que je veux lire sans forcément les posséder, comme La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, de Joël Dicker.

Nous avons fait une soirée Magic à la maison (ouais, le jeu de cartes, celui auquel on jouait il y a… pfff… 18 ans), avec le collègue de Sébastien et ses amis. On a ouvert des boosters et on a créé des jeux à partir des cartes choisies à tour de rôle. J’ai réussi à faire un jeu noir-vert petites créatures et sorts pour les faire frapper dur qui m’a bien amusée. On s’est couché à 2h30 du mat’, autant vous dire que ce n’était pas arrivé depuis trèèèèèèèès longtemps.

L’opération « cadeaux de Noël » a été lancée et nous avons été particulièrement efficaces samedi dernier. Mais plus je fais de Noëls, moins j’ai envie d’acheter des cadeaux, c’est une catastrophe. Si on pouvait juste se contenter de passer un bon moment tous ensemble autour d’un repas préparé avec amour, franchement, ça me suffirait amplement.

Nous sommes allés à l’Utopia, une ancienne église reconvertie en cinéma indépendant plus bobo tu meurs, mais que je ne peux pas m’empêcher d’aimer… Nous y avons vu « Camille redouble« , un film certes sentimental, mais sincère, très bien joué et dont je suis ressortie avec le sourire. Ça aussi ça fait du bien, de voir des films français au ciné (ET SANS PUB).

Nous avons mangé dans une brasserie rue du Loup, le Cheverus, c’était vraiment pas cher et plutôt bon. Mais il y a trop de restaurants et de brasseries à Bordeaux, j’ai envie de tous les essayer, il me faudrait beaucoup plus d’argent et de temps.

J’ai regardé la première saison de New Girl parce qu’un certain Ju et un certain Jéjé m’ont convaincu de le faire et je n’ai pas regretté. Après des débuts difficiles, cette comédie devient vraiment très drôle, plus qu’Happy Endings je trouve, dans la même catégorie. Les personnages sont déjantés juste comme il faut, les situations ne sont pas encore forcées, les acteurs n’en font pas encore des tonnes (même Zooey Deschanel fait des efforts), bref, c’est une réussite.

On a attaqué The Legend of Korra, la suite de l’excellent dessin-animé Avatar: The Last Airbender et je ne saurais trop vous dire de les regarder à votre tour.

J’ai également fini la saison 3 de Parenthood, mais c’est probablement la série qui m’agace le plus au monde. J’en reparlerai à l’occasion…

Au programme cette semaine : match de roller derby dimanche (je ne joue pas, mais je serai sur place pour encourager les Petites Morts !), suite des démarches administratives, pot en ville avec un collaborateur, qui sait peut-être un déjeuner avec Sébastien en ville s’il arrive à s’éloigner de son bureau une heure pour manger ?


Derby news

Ma vie a été pas mal occupée par le roller derby ces derniers temps. C’est probablement une bonne chose pour ma vie sociale, ça l’est beaucoup moins pour mon foie.

Il y a deux semaines, l’équipe américaine de roller derby est venue à Londres pour affronter l’équipe anglaise, dont fait partie notre coach, The Mighty Mighty Bash. Les tickets ont été mis en vente deux semaines avant l’événement et en l’espace de 2 minutes, il ne restait plus une place. Comme je sais me contrôler en toute circonstance et que je suis le calme et la sérénité incarnés, je n’ai pas du tout tapé du poing sur mon bureau et je n’ai pas lâché une petite larme de déception, surtout que j’avais promis à une copine de roller derby que je lui prendrais une place.

J’avais vraiment hâte de voir patiner les grandes stars américaines comme Suzy Hotrod et Bonnie Thunders, mais également de voir les meilleures joueuses d’Angleterre les affronter, mes chouchous, Kamikaze Kitten, Jack Attack, Shaolynn Scarlett… Et encourager Bash bien entendu. Ce n’est pas tous les jours qu’on a le plaisir de voir ses idoles jouer, je crois que tous les fans de la planète me comprennent sur ce coup.

Heureusement, je n’étais pas la seule à ne pas avoir pu acheter de place, nous avons donc décidé d’organiser, entre déçus des tickets, une soirée chez l’une d’entre nous. J’ai fait des gougères, j’ai ramené une bouteille de vin et j’ai installé mon humble postérieur sur un canapé en attendant qu’on installe un rétroprojecteur pour profiter de la rediffusion sur rduk.tv. J’ai découvert un mélange délicieux, cava+jus de grenade, je conseille chaudement.

Bon je ne vais pas vous raconter tout le match, mais sachez que l’équipe UK s’est très bien battue et a réussi l’exploit d’empêcher les Américaines de marquer plus de 300 points, ce n’était jamais arrivé jusque-là. Elles ont également marqué plus de points que l’équipe du Canada lors de la finale du Championnat du monde l’année dernière. Pas dégueu donc, pour des filles qui font du roller derby depuis deux fois moins longtemps que les Américaines.

Photo de Rebecca Cornford

Le lendemain de ce match exceptionnel, une fille de l’équipe américaine, Donna Teflon, est venue entraîner les Rockers. Nous avons été conviées à une petite séance de questions-réponses avant l’entraînement, et là, évidemment, on lui a demandé comment ça se passait chez elle, à Philadelphia. Ben c’est bien simple, c’est trois entraînements de 2 heures par semaine 9 mois de l’année, 50 tours d’endurance pour commencer chaque séance et du cross-training le reste de la semaine (musculation ou endurance, au choix). AH AH AH TROP FACILE. Leur programme de fresh meat dure 3 mois, de janvier à mars, c’est également 3 entraînements par semaine et des sélections à la fin de chaque étape importante : après les techniques de bases, après le test physique officiel et après les premiers scrimmages. Je me mets à la place des filles qui se font montrer la porte à la troisième sélection et mon petit coeur saigne pour elles. Mais bon, les Américaines font du roller derby depuis près de 10 ans et la compétition est rude, donc ça se comprend.

Ce week-end, c’était le match retour Brighton RockersDublin Roller Girls à Dublin. L’année dernière, le match avait été très serré et les Rockers avaient gagné 185 -115. Avec plusieurs jammeuses blessées dans notre équipe, nous pensions que le match allait être difficile et il l’a été, mais le score ne le reflète pas : les Rockers ont encore gagné, cette fois 351-89. Cela s’explique en partie au fait que nos jammeuses ont réussi à être lead jammeuse 80% du temps environ et qu’un bon nombre de power jams nous ont été accordés. Mais ce fut quand même un beau match, rapide et très physique (l’une des filles de Dublin a été évacuée à la suite d’une rencontre malencontreuse avec l’épaule meurtrière de Sham).

Comme chacun le sait, c’est l’after party qui fait le match et là encore, les Rockers ont tout gagné. On a mis le feu à un bar de Dublin, le Sin-è. Les pauvres hères qui se sont retrouvés au sous-sol par erreur n’ont pas dû comprendre ce qui leur arrivait. L’un d’eux a même dit à Bernie, l’une de mes copines rookies, qu’elles allaient sûrement regretter tout ça le lendemain, ce à quoi Bernie a répondu très justement « Ah non, elles ne vont rien regretter DU TOUT. » C’est ça aussi le roller derby.


Pride 2012

Chaque année, le premier samedi du mois d’août (septembre cette année à cause des JO), les arcs-en-ciel se font un peu plus nombreux à Brighton et tout le monde (ou presque) sort pour admirer la parade de la Pride et faire la fête à Preston Park.

Depuis mon arrivée à Brighton en 2004, je n’ai pas raté une seule Pride, que ce soit en spectatrice ou en bénévole pour le Women’s Centre. Je n’en ai que d’excellents souvenirs (et pas seulement parce qu’il y avait des vendeurs de churros, non non). Il règne vraiment une ambiance géniale ce jour-là, du moins jusqu’à ce que tout le monde soit complètement saoul, ce qui arrive vers 15h00 généralement. Mais de 11h00 à 15h00, Brighton est encore plus gay friendly que le reste de l’année. Les gens viennent en famille applaudir les plus improbables travestis (des figures locales), donner leur soutien aux pompiers, secouristes et policiers homosexuels et d’une façon générale, encourager les lesbiennes, homosexuels, bi et transsexuels dans leur combat pour la tolérance dans une société ignorante et pleine de préjugés.

Cette année, j’ai eu la chance de participer au défilé avec les Brighton Rockers et l’expérience a été à la hauteur de mes attentes.

Le thème était « Hippie Love », nous avons donc ressorti nos pantalons pattes d’éph’ et nos lunettes façon John Lennon. Plus quelques perruques, une séance de « Tie-dye » et le tour était joué. Un couple de l’équipe s’est occupé de construire un skate à partir d’une jeep :

Photo de Rebecca Cornford

Pas mal non ? J’ai pour ma part dégoté un pantalon à fleurs absolument hideux qui a eu beaucoup de succès et que je vais ranger immédiatement pour ne plus jamais le ressortir.

À 11h00, nous avons quitté la grande roue de Madeira Drive pour longer le bord de mer avant de rejoindre la Clock Tower, descendre jusqu’à Old Steine et rejoindre Preston Park. Il fallait des gens à pieds pour rester avec la super jeep et éviter que quelqu’un ne vienne se jeter sous nos roues, je me suis portée volontaire et en voyant l’état de la route (et la descente dans North Street), j’ai été très contente d’être en Converse et pas en skate. Et au cas où vous vous demanderiez pourquoi il faut surveiller les gens et les empêcher de se jeter sous nos roues, laissez-moi vous dire que oui, les gens sont cons et sont capables de traverser juste devant un véhicule qui roule et qui n’est pas censé s’arrêter pour leur céder le passage. Sans oublier les malins qui laissent leurs gamins s’approcher dangereusement des convois. J’ai un tout autre respect pour les gens responsables de la sécurité pendant ce genre d’événement. Il faut vraiment partir du principe que l’être humain est tellement débile qu’il se met volontairement en danger.

La foule nous a réservé un accueil vraiment exceptionnel. Nous étions juste devant les policiers gay de Brighton et derrière un hôtel qui faisait sa pub à grand renforts de mecs torse nus dansant sur de la techno, donc je m’attendais à ce qu’on passe un peu inaperçus, mais il est difficile d’ignorer les Rockers, je devrais pourtant le savoir. J’ai été vraiment touchée par le nombre de gens qui nous ont salués, pris des photos de notre super skate et qui ont crié le nom de l’équipe. C’était vraiment chouette.


Prise de risque

Je crois que je commence à vraiment me rendre compte à quel point le roller derby est un sport dangereux. Ce n’est pas comme j’avais été prévenue : lors du taster day (journée d’initiation), Betsy nous avait bien dit que nous nous blesserions sûrement à un moment ou à un autre au cours de la prochaine année, que si nous faisions un métier nécessitant d’être en relatif bon état, il valait mieux y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans le roller derby. Les filles de l’équipe se sont toutes blessées à un moment ou à un autre depuis les deux ans et demi qu’elles pratiquent ce sport. Côtes cassées, genoux en vrac, coccyx fêlés, poignets et chevilles fracturés : la liste est longue.

Hier, à l’entraînement, une très bonne joueuse de l’équipe A s’est blessée à la cheville pendant le scrimmage. C’est une excellente patineuse, elle est en forme physiquement, musclée, bref, c’était la dernière personne que je m’attendais à voir se blesser.

J’ai moi-même évité la catastrophe d’un petit centimètre : je ne sais pas exactement comment c’est arrivé, mais je me suis retrouvée à foncer vers un mur à grande vitesse (pour dire vrai j’ai bien une petite idée sur la façon dont c’est arrivé). Je me suis protégée en repoussant le mur de ma main gauche et cette dernière, malgré la coque en plastique de mon protège-poignet, est endolorie aujourd’hui. Un arbitre pas loin m’a confié qu’il a bien cru que j’allais m’y mettre. Ouais, moi aussi.

Qu’est-ce que ça signifie, concrètement, de faire un sport où les blessures sont quand même assez courantes ? Avoir peur de se retrouver soi-même dans un plâtre pour une période indéterminée. Imaginer être incapable de faire ses activités habituelles. Devoir aller chez un kiné. Se ramollir de partout.

J’avoue, j’y pense de plus en plus. Je sais que c’est un peu étrange pour quelqu’un dont l’autre activité sportive consiste à monter des animaux imprévisibles d’où il est très aisé de tomber, mais voilà, avec du recul, je me dis que tout ça est un peu fou. Je me dis que si je me blesse, je ne pourrais m’en vouloir qu’à moi-même, que je ferais mieux de mettre à un sport moins dangereux, comme le cha-cha-cha. C’est très bien le cha-cha-cha.

Ou le tricot. Finalement c’est bien le tricot.

Mais je me dis qu’il y a aussi beaucoup de blessures au foot, au rugby, au ski, au squash et que je ne conseillerai à personne d’arrêter de pratiquer un de ces sports si c’est sa passion. Pourquoi m’en voudrais-je de faire du roller derby ? Pourquoi penser que les gens ne comprendraient pas que je puisse vouloir continuer malgré les risques ? Je fais ce que je veux de mon corps, y compris le lancer sur des skates au milieu d’une piste remplie de filles qui veulent lui rentrer dedans. Pour la première fois depuis des années, j’ai l’impression d’en être en pleine possession, justement, de ce corps, et je suis enfin fière de ce qu’il est capable de faire. Je ne le vois plus comme un ennemi à combattre mais un allié.

Non, le roller derby n’est pas un sport sans risque, mais je crois que je préfère encore risquer de me blesser plutôt que d’abandonner.

Je sais aussi qu’on en reparlera si je me fais vraiment mal un jour…


Premier match d’entraînement

J’ai participé hier après-midi à mon premier match d’entraînement, appelé « scrimmage ». Des débutantes des équipes de Portsmouth et d’Eastbourne ont fait le déplacement jusqu’à Brighton pour jouer avec nous.

Autant dire que l’adjectif « nerveuse » n’est pas assez fort pour décrire l’état dans lequel j’étais dimanche matin en me levant. « À deux doigts de l’apoplexie » serait plus juste. J’avais beau me dire que ces 8 mois d’entraînement intense m’avaient préparé pour ce jour, que je m’étais mise au roller derby très exactement pour pouvoir jouer des matchs comme celui-là, que j’allais apprendre énormément, le fait est que mon cerveau était en mode « Tu vas te péter une jambe et ce sera bien fait pour ta gueule ». Arrivée à notre warehouse chérie, j’étais prête à lacer mes patins pour repartir à Brighton illico presto. Impossible de manger quoique ce soit à midi, j’étais tétanisée par la peur. Non je n’exagère pas.

L’échauffement ne m’a pas vraiment donné confiance en moi : on a fait pas mal d’exercices que je ne maîtrise pas du tout, comme les transitions sur une jambe ou les demi-tours en sautant (et en patinant). J’avais vraiment l’impression d’être archinulle.

La répartition des premières équipes s’est faite au hasard : d’un côté les carnivores, de l’autre les herbivores. Nous nous sommes retrouvées moins nombreuses du côté des carnivores que du côté des herbivores, Brighton oblige.

Sham (Shambolic) est notre line-up manager, ce qui signifie qu’elle nous donne notre rôle à chaque jam. Georgia est notre bench manager, c’est elle qui crie des tactiques et qui donne des consignes à notre lead jammeuse. Nous sommes en noir, les autres en blanc.

Je suis tellement nerveuse avant de m’élancer sur la piste que je pourrais pleurer. Je répète même des excuses dans ma tête « J’ai peur de me blesser », « Pitié laissez-moi partir, j’ai 30£ sur moi, prenez tout », « Finalement le roller derby c’est encore plus fun quand on est spectateur, je vais aller m’assoir sur une chaise là-bas », mais rien ne sort. Les coups de sifflet du premier jam retentissent, je suis assise sur le banc en attendant le second jam, qui arrive beaucoup trop vite. Le reste est très flou : je sais que je hurle « Inside! » quand la jammeuse de l’autre équipe tente de passer sur la courbe intérieure. Les trois bloqueuses et moi faisons un assez bon boulot et elle ne passe pas. Notre jammeuse, excellente, marque de nombreux points.

Je me rappelle alors qu’il faut que je respire.

S’en suivent de nombreux jams où nos murs, redoutables, réussissent à retenir la jammeuse adverse suffisamment longtemps pour permettre à la nôtre de gagner le statut de lead jammeuse et de marquer des points. L’autre équipe fait de nombreuses fautes et nous nous retrouvons souvent dans une situation de power jam : seule sur la piste, notre jammeuse est libre de marquer un grand nombre de points (25 est une bonne moyenne). Je me suis moi-même retrouvée dans cette position quand est venu mon tour. Je n’en suis toujours pas revenue d’ailleurs. Même si je déteste la pression qui accompagne la position de jammeuse, il se trouve que j’ai été lead jammeuse à chaque fois que j’avais des étoiles sur le casque et que j’ai marqué des points. De quoi remettre mes capacités en question.

Pour de nombreuses filles de l’autre équipe, ce scrimmage est le tout premier. Le score est sans appel : nous les battons 210 à 60. Il faut quand même que je lise le score sur le tableau pour y croire, parce que « two hundred ten to sixty », bizarrement, ne fait s’imprimer aucun chiffre dans mon cerveau.

Les équipes sont ensuite mélangées pour rééquilibrer un peu tout ça. Par chance, je suis toujours dans l’équipe noire (la meilleure couleur qui soit, c’est bien connu). La première mi-temps n’est pas facile pour nous : on ne se connaît pas très bien et il y a de bien meilleures jammeuses dans l’autre équipe, rapides et impossibles à faire tomber. À la fin de la première mi-temps, nous sommes menées de 30 points. Sham nous dit de ne pas penser au score et de nous concentrer sur la défense. Nous commençons à jouer davantage en équipe, à mieux communiquer : le résultat est spectaculaire. Nous ne les laissons quasiment plus marquer.

Avant de lire le score final, je pense qu’on a perdu, mais je me répète « si on a gagné, je vais péter un câble » ou, en anglais à ce moment-là dans mon cerveau parce que j’ai passé l’après-midi à penser et à parler en anglais, « if we’ve won again, I’m gonna lose my shit ». Et pourtant. 76 à 68. Nous gagnons 76 à 68. 8 petits points de rien du tout.

Je n’ai jamais connu une euphorie pareille. Si un jour je n’ai pas le moral, si un jour je pense à arrêter le derby, je repenserai à ce moment-là, ce moment où on réalise qu’on a gagné parce qu’on s’est donnée à 100% et qu’on a joué en équipe, les unes avec les autres. C’est un moment inoubliable et c’est mon moment à moi. Merde, je l’ai mérité.